galerie principale :
Ramona Ramlochand
White Desert
” La mémoire est à l’un ce que l’histoire est à l’autre : une impossibilité. Les légendes naissent du besoin de déchiffrer l’indéchiffrable. Les souvenirs doivent s’accomoder du délire, de leur propre dérive. Un moment arrêté brûlerait comme un photogramme coincé devant la fournaise du projecteur. ”
– Citation tirée d’une des lettres écrites au narrateur de Sans soleil par, semble-t-il, Chris Marker, le réalisateur du film.
Ce projet s’apparente à un délire de moments saisis puis rassemblés dans ma propre histoire (faute d’un terme plus juste), dont l’impulsion naquit dans le Désert blanc, une région du Sahara occidental. Pendant que j’y étais, j’avais l’impression d’être entrée dans le décor d’un film épique, sentiment qui m’accompagne toujours lorsque je suis dans un environnement étranger. Dans pareil environnement, mes pensées ont également tendance à vagabonder vers du familier, du connu, en quête sans doute d’une sorte de normalité dans le chaos du nouveau et l’inconnu.
Ainsi, dans les impressions numériques à jet d’encre de White Desert, le lampadaire devant ma maison (au Canada) devient la lumière qui plane, tel un vaisseau spatial extra-terrestre, sur une inoffensive butte de végétation dans un paysage aride, alors que le jeep blanc symbolise un ” lieu sûr ” pour le voyage et le tourisme, voire même un ” chez soi ” (mot porteur, pour moi, de plus de poids et de légèreté insoutenables que je ne suis prête à l’admettre). Dans Triumph: reversing forward, le panneau de bord de la Triumph TR6 est remplacé par un flâneur automatisé. La troisième installation, Maquette for Filmic Moments, reprend les autres uvres mais à une plus petite échelle, produisant en quelque sorte une épopée plus intime.
Ce corpus d’uvres cyclique estompe les frontières du lieu et, ce faisant, crée une nouvelle réalité visuelle/géographique. Les pièces fragmentées deviennent les échos d’un lieu qui n’appartient désormais plus à ” l’ensemble ” mais en fait partie tout à la fois. En retour, ces fragments deviennent des instantanés de l’intériorité d’un sujet qui n’appartient plus à un lieu précis, un sujet ” sans frontières”, ” interpénétré “, balayé par les vents de la diaspora.
R Ramlochand
*Présentée dans le cadre de la 9e édition du Mois de la Photo à Montréal, sous le
commissariat général de Martha Langford “Ramona Ramlochand : White Desert” d’Alice Ming Wai Jim paraîtra dans Image & Imagination aux presses de l’Université McGill-Queen sous la direction de Martha Langford et du Mois de la Photo à Montréal.
salle multidisciplinaire :
Cynthia Girard
Le temps des oiseaux
“J’aime le plancher des vaches”.
– Gustave Courbet
Déjeuner
Dîner
Souper
L’oiseau sur le billot, la boule de laine, le trou.
Je rêve de paysages forestiers
et d’un grand oeil poilu
un oeil soleil qui voit tout
il est poilu comme un sexe femelle
il rayonne sur le paysage décapité
il darde ses rayons
grands cils bruns lubrifiés.
Déjeuner
Dîner
Souper
Il y a un appareil
l’oiseau se repose sur la branche
le paysage est immobile
la balle de laine se déroule
le trou demeure équivoque.
L’appareil nous attend
lubrifié
prêt à couper.
L’homme de billot soupe
il soupe tôt
sandwiches résineux sur fond bleu.
Le fond bleu codéine
mastique les nuages drogués
les nuages paranoïaques
qui n’existent pas.
-C Girard
galerie principale :
Ramona Ramlochand
White Desert
” La mémoire est à l’un ce que l’histoire est à l’autre : une impossibilité. Les légendes naissent du besoin de déchiffrer l’indéchiffrable. Les souvenirs doivent s’accomoder du délire, de leur propre dérive. Un moment arrêté brûlerait comme un photogramme coincé devant la fournaise du projecteur. ”
– Citation tirée d’une des lettres écrites au narrateur de Sans soleil par, semble-t-il, Chris Marker, le réalisateur du film.
Ce projet s’apparente à un délire de moments saisis puis rassemblés dans ma propre histoire (faute d’un terme plus juste), dont l’impulsion naquit dans le Désert blanc, une région du Sahara occidental. Pendant que j’y étais, j’avais l’impression d’être entrée dans le décor d’un film épique, sentiment qui m’accompagne toujours lorsque je suis dans un environnement étranger. Dans pareil environnement, mes pensées ont également tendance à vagabonder vers du familier, du connu, en quête sans doute d’une sorte de normalité dans le chaos du nouveau et l’inconnu.
Ainsi, dans les impressions numériques à jet d’encre de White Desert, le lampadaire devant ma maison (au Canada) devient la lumière qui plane, tel un vaisseau spatial extra-terrestre, sur une inoffensive butte de végétation dans un paysage aride, alors que le jeep blanc symbolise un ” lieu sûr ” pour le voyage et le tourisme, voire même un ” chez soi ” (mot porteur, pour moi, de plus de poids et de légèreté insoutenables que je ne suis prête à l’admettre). Dans Triumph: reversing forward, le panneau de bord de la Triumph TR6 est remplacé par un flâneur automatisé. La troisième installation, Maquette for Filmic Moments, reprend les autres uvres mais à une plus petite échelle, produisant en quelque sorte une épopée plus intime.
Ce corpus d’uvres cyclique estompe les frontières du lieu et, ce faisant, crée une nouvelle réalité visuelle/géographique. Les pièces fragmentées deviennent les échos d’un lieu qui n’appartient désormais plus à ” l’ensemble ” mais en fait partie tout à la fois. En retour, ces fragments deviennent des instantanés de l’intériorité d’un sujet qui n’appartient plus à un lieu précis, un sujet ” sans frontières”, ” interpénétré “, balayé par les vents de la diaspora.
R Ramlochand
*Présentée dans le cadre de la 9e édition du Mois de la Photo à Montréal, sous le
commissariat général de Martha Langford “Ramona Ramlochand : White Desert” d’Alice Ming Wai Jim paraîtra dans Image & Imagination aux presses de l’Université McGill-Queen sous la direction de Martha Langford et du Mois de la Photo à Montréal.
salle multidisciplinaire :
Cynthia Girard
Le temps des oiseaux
“J’aime le plancher des vaches”.
– Gustave Courbet
Déjeuner
Dîner
Souper
L’oiseau sur le billot, la boule de laine, le trou.
Je rêve de paysages forestiers
et d’un grand oeil poilu
un oeil soleil qui voit tout
il est poilu comme un sexe femelle
il rayonne sur le paysage décapité
il darde ses rayons
grands cils bruns lubrifiés.
Déjeuner
Dîner
Souper
Il y a un appareil
l’oiseau se repose sur la branche
le paysage est immobile
la balle de laine se déroule
le trou demeure équivoque.
L’appareil nous attend
lubrifié
prêt à couper.
L’homme de billot soupe
il soupe tôt
sandwiches résineux sur fond bleu.
Le fond bleu codéine
mastique les nuages drogués
les nuages paranoïaques
qui n’existent pas.
-C Girard
Montréal (Québec) H2T 3B2