Exposition collective d’Adam Basanta, Valérie Blass, Mathieu Cardin, Chloé Desjardin, Guillaume La Brie, Jacinthe Loranger et Gabriel Morest, sous le commissariat d’Emmanuel Galland.
Avec Message Past Future à l’appui de trois colonnes porteuses, Adam Basanta envahit par intermittence les deux espaces de la galerie sous la forme d’une empreinte sonore.—Une fois n’est pas coutume, Guillaume La Brie ne découpe pas les murs. Deux photographies sont exposées : d’un côté une mise à niveau grâce à un regroupement où la collégialité est requise, et, de l’autre côté, un corps ensoclé.—Tout comme La Brie, Mathieu Cardin avait initialement bousculé sens dessus dessous la galerie lors de son solo Il n’en est rien (2016). Avec la sélection d’un extrait, l’artiste se contredit dans un semi chaos d’objets et de formes hétérogènes dé/rangées dans des bibliothèques en kit d’où pointent des cristaux bling- bling.—Gabriel Morest a extrait de sa longue passerelle Au pied des monuments d’émeutes grecs (2016) un morceau de son abécédaire de l’histoire de la sculpture. Le socle le plus hybride de l’ensemble supporte deux têtes qui nous font face. Au cours de l’Histoire, combien de têtes coupées ont mérité l’érection de leurs statues ?—Avec Chloé Desjardins, c’est Quelque chose (2012) qui est convié. L’artiste rejoue les modes de présentation muséologique et ses pièces témoignent d’une vision idéalisée du travail en atelier : le moulage et les questions de la reproduction, les outils traditionnels de la sculpture, les reliefs et les à-plats jusqu’aux matériaux d’emballage. 100% blanc.— Par opposition, c’est une gamme chromatique très vaste qu’offre Jacinthe Loranger. Si l’on résumait ses deux pièces par un cendrier et par une pointe de pizza, ce serait injuste pour cette artiste qui renouvelle avec certains de ses pairs l’estampe contemporaine dans des étendues spatiales inespérées.—Enfin, Valérie Blass avec un personnage mi- humain mi-animal – hommage à Chewbacca ? – convoque la statuaire la plus classique : solennelle, majestueuse, bien amarée à son bâton érectile.
SÉRIE. La Partie I de STATUER. Les figures du socle était présentée récemment au centre d’artistes Action Art Actuel (Saint-Jean-sur-Richelieu). Avec de nouveaux artistes et strictement des œuvres préexistantes, la Partie II prend place à la Galerie B-312. Ce n’est donc pas un projet en circulation mais plutôt un questionnement en plusieurs étapes à propos des pouvoirs du piédestal en sculpture (base, buste, statuaire, colonne et autres volumétries 3D) au cours de ce siècle naissant. L’art public, la monumentalité et la commémoration rattachés au socle sont toujours à l’ordre du jour en art actuel ; la question du verticalisme n’en est pas exclue.—SOCLE COMMUN. Les sept artistes invités à partager leur travail ici-même abordent la figure du socle dans leur démarche ; mais pas simplement. Au fil de la recherche menant à cette exposition et des nombreuses œuvres rencontrées sur le chemin, il est apparu que ces praticiens ont figuré en solo à la Galerie B-312 dans les dernières années : la première étant Valérie Blass en 2005 et la plus récemment diffusée étant Jacinthe Loranger début 2017.—REVISITER. Ainsi, l’angle de cette exposition offre une formulation de type redux et mashup avec un environnement aménagé à partir d’œuvres majoritairement déjà vues dans ce même espace. Recomposition, évocation, repiquage, écho, extraction, sections de solo, copie, réédition : ce corpus apporte également une réflexion sur la nécessité ou pas de la pérennité des œuvres, de leur conservation en l’état ou d’une réinterprétation continue, et, en creux, de la transformation des ateliers des artistes en lieux d‘entreposage.—Ici, le geste du commissaire est celui d’une actualisation d’un passé récent et d’un jeu de quilles entre celui de l’archiviste-historien pur et dur et celui du traducteur par associations plus ou moins libres dans un cadre non muséifié : le centre d’artistes. Incidemment, certains visiteurs assidus de l’édifice Belgo pourront faire l’exercice de la remembrance de telle(s) ou telle(s) pièce(s).—HISTOIRES. La Galerie B-312 a été fondée en 1991, cela marque donc un quart de siècle. Sous forme de commande, cette exposition aurait pu célébrer « l’institution B-312 » mais elle n’en est pas l’objet. Elle opère ainsi par défaut.—2017 marque également le centenaire de la pièce polémique Fontaine de Marcel Duchamp dévoilée en 1917. Mais que fait œuvre d’art dans cet assemblage ? le détournement d’un objet-urinoir connoté ? la signature R. Mutt 1917 directement sur la porcelaine ? Fontaine, son titre ? son placement sur un socle ? Le support de monstration est capital en effet, car ici comme ailleurs, le socle érige, rehausse, met en valeur/en lumière. Indissociables, l’œuvre et le socle sont consubstantiels.— RÉPONSES à la pensée unique du piédestal, les « œuvres-socles » valorisent l’intégration, la fusion, l’hybridation dans une esthétique plurielle qui s’est émancipée de la sculpture classique et de son support depuis plus d’un siècle. Contesté, écarté ou écartelé voire réduit ou débauché par les artistes de la modernité et par leurs héritiers, l’emploi du socle a connu moultes turbulences, mais une présence continue. Divers courants en art, mais aussi l’art de l’installation ont fait déchoir la sculpture de son perchoir. Sans que le socle, dé-figuré, ne succombe.
– EmmanuEl Galland
Exposition collective d’Adam Basanta, Valérie Blass, Mathieu Cardin, Chloé Desjardin, Guillaume La Brie, Jacinthe Loranger et Gabriel Morest, sous le commissariat d’Emmanuel Galland.
Avec Message Past Future à l’appui de trois colonnes porteuses, Adam Basanta envahit par intermittence les deux espaces de la galerie sous la forme d’une empreinte sonore.—Une fois n’est pas coutume, Guillaume La Brie ne découpe pas les murs. Deux photographies sont exposées : d’un côté une mise à niveau grâce à un regroupement où la collégialité est requise, et, de l’autre côté, un corps ensoclé.—Tout comme La Brie, Mathieu Cardin avait initialement bousculé sens dessus dessous la galerie lors de son solo Il n’en est rien (2016). Avec la sélection d’un extrait, l’artiste se contredit dans un semi chaos d’objets et de formes hétérogènes dé/rangées dans des bibliothèques en kit d’où pointent des cristaux bling- bling.—Gabriel Morest a extrait de sa longue passerelle Au pied des monuments d’émeutes grecs (2016) un morceau de son abécédaire de l’histoire de la sculpture. Le socle le plus hybride de l’ensemble supporte deux têtes qui nous font face. Au cours de l’Histoire, combien de têtes coupées ont mérité l’érection de leurs statues ?—Avec Chloé Desjardins, c’est Quelque chose (2012) qui est convié. L’artiste rejoue les modes de présentation muséologique et ses pièces témoignent d’une vision idéalisée du travail en atelier : le moulage et les questions de la reproduction, les outils traditionnels de la sculpture, les reliefs et les à-plats jusqu’aux matériaux d’emballage. 100% blanc.— Par opposition, c’est une gamme chromatique très vaste qu’offre Jacinthe Loranger. Si l’on résumait ses deux pièces par un cendrier et par une pointe de pizza, ce serait injuste pour cette artiste qui renouvelle avec certains de ses pairs l’estampe contemporaine dans des étendues spatiales inespérées.—Enfin, Valérie Blass avec un personnage mi- humain mi-animal – hommage à Chewbacca ? – convoque la statuaire la plus classique : solennelle, majestueuse, bien amarée à son bâton érectile.
SÉRIE. La Partie I de STATUER. Les figures du socle était présentée récemment au centre d’artistes Action Art Actuel (Saint-Jean-sur-Richelieu). Avec de nouveaux artistes et strictement des œuvres préexistantes, la Partie II prend place à la Galerie B-312. Ce n’est donc pas un projet en circulation mais plutôt un questionnement en plusieurs étapes à propos des pouvoirs du piédestal en sculpture (base, buste, statuaire, colonne et autres volumétries 3D) au cours de ce siècle naissant. L’art public, la monumentalité et la commémoration rattachés au socle sont toujours à l’ordre du jour en art actuel ; la question du verticalisme n’en est pas exclue.—SOCLE COMMUN. Les sept artistes invités à partager leur travail ici-même abordent la figure du socle dans leur démarche ; mais pas simplement. Au fil de la recherche menant à cette exposition et des nombreuses œuvres rencontrées sur le chemin, il est apparu que ces praticiens ont figuré en solo à la Galerie B-312 dans les dernières années : la première étant Valérie Blass en 2005 et la plus récemment diffusée étant Jacinthe Loranger début 2017.—REVISITER. Ainsi, l’angle de cette exposition offre une formulation de type redux et mashup avec un environnement aménagé à partir d’œuvres majoritairement déjà vues dans ce même espace. Recomposition, évocation, repiquage, écho, extraction, sections de solo, copie, réédition : ce corpus apporte également une réflexion sur la nécessité ou pas de la pérennité des œuvres, de leur conservation en l’état ou d’une réinterprétation continue, et, en creux, de la transformation des ateliers des artistes en lieux d‘entreposage.—Ici, le geste du commissaire est celui d’une actualisation d’un passé récent et d’un jeu de quilles entre celui de l’archiviste-historien pur et dur et celui du traducteur par associations plus ou moins libres dans un cadre non muséifié : le centre d’artistes. Incidemment, certains visiteurs assidus de l’édifice Belgo pourront faire l’exercice de la remembrance de telle(s) ou telle(s) pièce(s).—HISTOIRES. La Galerie B-312 a été fondée en 1991, cela marque donc un quart de siècle. Sous forme de commande, cette exposition aurait pu célébrer « l’institution B-312 » mais elle n’en est pas l’objet. Elle opère ainsi par défaut.—2017 marque également le centenaire de la pièce polémique Fontaine de Marcel Duchamp dévoilée en 1917. Mais que fait œuvre d’art dans cet assemblage ? le détournement d’un objet-urinoir connoté ? la signature R. Mutt 1917 directement sur la porcelaine ? Fontaine, son titre ? son placement sur un socle ? Le support de monstration est capital en effet, car ici comme ailleurs, le socle érige, rehausse, met en valeur/en lumière. Indissociables, l’œuvre et le socle sont consubstantiels.— RÉPONSES à la pensée unique du piédestal, les « œuvres-socles » valorisent l’intégration, la fusion, l’hybridation dans une esthétique plurielle qui s’est émancipée de la sculpture classique et de son support depuis plus d’un siècle. Contesté, écarté ou écartelé voire réduit ou débauché par les artistes de la modernité et par leurs héritiers, l’emploi du socle a connu moultes turbulences, mais une présence continue. Divers courants en art, mais aussi l’art de l’installation ont fait déchoir la sculpture de son perchoir. Sans que le socle, dé-figuré, ne succombe.
– EmmanuEl Galland
Montréal (Québec) H3B 1A2