Raphaëlle de Groot
Le moment de la déprise
Fruits du déploiement d’une action, les oeuvres de Raphaëlle de Groot laissent chaque fois derrière elles des objets de toutes sortes que l’artiste conserve soigneusement. Lors de ses déplacements vers d’autres performances, d’autres manoeuvres ou d’autres résidences, elle les range dans une valise, qui lui tiendra lieu d’atelier une fois arrivée à destination.—À l’occasion de l’exposition Le moment de la déprise, que la Galerie est heureuse d’accueillir dans sa grande salle, Raphaëlle de Groot s’impliquera dans un geste de découpes plurielles de ces objets.
Jour après jour, l’artiste consacrera son temps à les couper, disséquer, effriter, désagréger, pulvériser. D’un autre côté, ces gestes ne sont pas posés pour eux-mêmes. Ils défont et décomposent, mais l’action est créatrice d’une autre action, celle de la déprise, dont il s’agit de prendre la mesure.
Les performances et les installations passées de Raphaëlle de Groot ont généré un matériel visuel substantiel. Ces images, qui peuvent être considérées elles aussi comme des restes d’expériences, l’artiste a voulu les réinvestir, avec Johanne Jarry (écriture) et Paul Martin (graphisme), en créant L’espace commun, un travail collectif d’édition qui se poursuivra tout au long de l’exposition.—L’ensemble de ces actions seront posées en dehors des heures d’ouverture de la galerie. Dès lors, l’exposition arborera la forme d’une installation de manoeuvres en cours. Et, témoins d’un travail suspendu le temps d’un hypothétique retour de l’artiste, il faudra bien, au spectateur, prendre acte que de Groot lui réserve ainsi une place à part entière dans cette investigation de la déprise ; d’une déprise en partage pourrait-on conclure.
—Jean-Émile Verdier
Yoshiaki Kaihatsu
Japanada: A Cross-Cultural Curatorial Exchange—Part II
Commissaire—Kevin deForest
En collaboration avec Art Gallery of Southwestern Manitoba
Vernissage—le vendredi 14 novembre à 17 h—en présence de l’artiste et du commissaire
L’exposition de Yoshiaki Kaihatsu s’inscrit dans Japanada, une série d’expositions ayant pour but de développer un dialogue entre artistes et commissaires du Canada et du Japon. Concrètement, chacune des expositions présente le travail d’un artiste choisi par un commissaire du pays d’accueil.
Présent sur la scène internationale depuis le début des années 1990, Yoshiaki Kaihatsu appartient à cette nouvelle génération d’artistes japonais qui souhaitaient ardemment exposer à l’extérieur de leur propre frontière.
Chose certaine, sa volonté de se produire à l’international est en train de créer une synergie inspirante entre les cultures. Kaihatsu ne se veut pas un ambassadeur du Japon. Il est plutôt ce passeur par l’intermédiaire duquel iconographie japonaise et stratégies artistiques occidentales se rencontrent, se mêlent, s’entrecroisent. Déjà présentée à New York et Berlin, son oeuvre témoigne moins de son origine culturelle que d’une interfécondité des préoccupations artistiques japonaises et occidentales.
L’installation présentée dans la petite salle de la Galerie B-312 s’inscrit dans la continuité d’un travail antérieur où l’artiste utilise des rebuts et des déchets comme matériau pour créer des installations éphémères au sein desquelles il cite des motifs caractéristiques de la culture japonaise. Tout récemment, il présentait à la Art Gallery of Hamilton Happô-En in Hamilton and Falls, l’évocation d’une maison de thé échafaudée à partir de ces formes en styromousse dont on se serre dans les emballages du matériel électronique pour le protéger dans leur transport.
À Montréal, Kaihatsu nous propose une installation réalisée à partir de ces mêmes formes en styromousse. Des images de robots y apparaîtront avec, en guise de visage, un moniteur télé. Ces robots de polystyrène réfèrent, sur un mode quelque peu ironique, à une image longtemps récurrente dans la culture populaire japonaise : celle d’un avenir plein d’espoir et de promesse. Mais parce que l’artiste les construit avec ces formes en polystyrène expansée sans lendemain, qui sont à la fois fragiles et qui n’ont pas d’autre destin que celui de finir au dépotoir, ces robots pointent du même coup tout ce qu’il y a d’obsolète dans une telle image. À l’instar des modules qui la compose, qui ont la forme en négatif des appareils de consommation qu’ils protègent dans le transport, cette oeuvre de Yoshiaki Kaihatsu, est manifestement un anti-monument.
—Kevin de Forest
Raphaëlle de Groot
Le moment de la déprise
Fruits du déploiement d’une action, les oeuvres de Raphaëlle de Groot laissent chaque fois derrière elles des objets de toutes sortes que l’artiste conserve soigneusement. Lors de ses déplacements vers d’autres performances, d’autres manoeuvres ou d’autres résidences, elle les range dans une valise, qui lui tiendra lieu d’atelier une fois arrivée à destination.—À l’occasion de l’exposition Le moment de la déprise, que la Galerie est heureuse d’accueillir dans sa grande salle, Raphaëlle de Groot s’impliquera dans un geste de découpes plurielles de ces objets.
Jour après jour, l’artiste consacrera son temps à les couper, disséquer, effriter, désagréger, pulvériser. D’un autre côté, ces gestes ne sont pas posés pour eux-mêmes. Ils défont et décomposent, mais l’action est créatrice d’une autre action, celle de la déprise, dont il s’agit de prendre la mesure.
Les performances et les installations passées de Raphaëlle de Groot ont généré un matériel visuel substantiel. Ces images, qui peuvent être considérées elles aussi comme des restes d’expériences, l’artiste a voulu les réinvestir, avec Johanne Jarry (écriture) et Paul Martin (graphisme), en créant L’espace commun, un travail collectif d’édition qui se poursuivra tout au long de l’exposition.—L’ensemble de ces actions seront posées en dehors des heures d’ouverture de la galerie. Dès lors, l’exposition arborera la forme d’une installation de manoeuvres en cours. Et, témoins d’un travail suspendu le temps d’un hypothétique retour de l’artiste, il faudra bien, au spectateur, prendre acte que de Groot lui réserve ainsi une place à part entière dans cette investigation de la déprise ; d’une déprise en partage pourrait-on conclure.
—Jean-Émile Verdier
Yoshiaki Kaihatsu
Japanada: A Cross-Cultural Curatorial Exchange—Part II
Commissaire—Kevin deForest
En collaboration avec Art Gallery of Southwestern Manitoba
Vernissage—le vendredi 14 novembre à 17 h—en présence de l’artiste et du commissaire
L’exposition de Yoshiaki Kaihatsu s’inscrit dans Japanada, une série d’expositions ayant pour but de développer un dialogue entre artistes et commissaires du Canada et du Japon. Concrètement, chacune des expositions présente le travail d’un artiste choisi par un commissaire du pays d’accueil.
Présent sur la scène internationale depuis le début des années 1990, Yoshiaki Kaihatsu appartient à cette nouvelle génération d’artistes japonais qui souhaitaient ardemment exposer à l’extérieur de leur propre frontière.
Chose certaine, sa volonté de se produire à l’international est en train de créer une synergie inspirante entre les cultures. Kaihatsu ne se veut pas un ambassadeur du Japon. Il est plutôt ce passeur par l’intermédiaire duquel iconographie japonaise et stratégies artistiques occidentales se rencontrent, se mêlent, s’entrecroisent. Déjà présentée à New York et Berlin, son oeuvre témoigne moins de son origine culturelle que d’une interfécondité des préoccupations artistiques japonaises et occidentales.
L’installation présentée dans la petite salle de la Galerie B-312 s’inscrit dans la continuité d’un travail antérieur où l’artiste utilise des rebuts et des déchets comme matériau pour créer des installations éphémères au sein desquelles il cite des motifs caractéristiques de la culture japonaise. Tout récemment, il présentait à la Art Gallery of Hamilton Happô-En in Hamilton and Falls, l’évocation d’une maison de thé échafaudée à partir de ces formes en styromousse dont on se serre dans les emballages du matériel électronique pour le protéger dans leur transport.
À Montréal, Kaihatsu nous propose une installation réalisée à partir de ces mêmes formes en styromousse. Des images de robots y apparaîtront avec, en guise de visage, un moniteur télé. Ces robots de polystyrène réfèrent, sur un mode quelque peu ironique, à une image longtemps récurrente dans la culture populaire japonaise : celle d’un avenir plein d’espoir et de promesse. Mais parce que l’artiste les construit avec ces formes en polystyrène expansée sans lendemain, qui sont à la fois fragiles et qui n’ont pas d’autre destin que celui de finir au dépotoir, ces robots pointent du même coup tout ce qu’il y a d’obsolète dans une telle image. À l’instar des modules qui la compose, qui ont la forme en négatif des appareils de consommation qu’ils protègent dans le transport, cette oeuvre de Yoshiaki Kaihatsu, est manifestement un anti-monument.
—Kevin de Forest
Montréal (Québec) H3B 1A2