Milutin Gubash, Born Rich Getting Poorer, 2008

Milutin Gubash et Sylvain Bouthillette, vernissages le vendredi 31 Octobre à 17 h chez Optica

Du 31 octobre au  6 décembre 2008

Galerie principale
Milutin Gubash

Épisode 1, scène 1 (suite)

INT. PORTE D’ENTRÉE – JOUR

MILUTIN
(affichant un air déconcerté, irrité)
Maman ?!?

Milutin joue avec la serrure. Il lève la tête pour regarder sa mère puis la baisse pour regarder la serrure. Il refait ce mouvement de tête rapidement et plusieurs fois. Maintenant, il se sent vraiment honteux et coupable. Sa mère vit seule, à 8 000 kilomètres. Ayant presque quarante ans, il est incapable de lui offrir un peu de confort à son âge avancé. Elle se lève encore à tous les jours et se rend travailler dans un centre commercial. Parfois, il lui emprunte de l’argent. Quand ils avaient son âge à lui, elle et le père de Milutin sont partis pour un pays complètement étranger, lassant les leurs et ce qu’ils connaissaient derrière eux. Ils ont appris une nouvelle langue, se sont démenés pour élever leur famille, tout en espérant se forger une vie meilleure pour eux-mêmes. Leurs deux enfants ont fini par devenir artistes. Le déplacement en avait-il valu la peine ? L’a-t-elle prévenu de sa visite aujourd’hui ? A-t-il tout simplement oublié ? Est-il à ce point un trou du cul ? Finalement, ayant réussi à coordonner correctement la serrure et la poignée de porte, il commence à ouvrir lentement la porte alors même que sa MÈRE la pousse pour entrer.

MILUTIN (suite)
(bafouillant)
Ohé, mais qu’est-ce que tu fais là ?

MÈRE (impatiemment)
Impossible que je reste une minute de plus dans ma maison avec les affaires de cet homme là-dedans !

Conçue à la manière d’un « sitcom », cette nouvelle installation reprend les thèmes chers à l’artiste : la famille, la vie et la mort.

Une partie seulement des émissions est visible en galerie. Ne partez donc pas sans emprunter l’intégrale des épisodes sur vidéo qui est disponible à la réception !

Né à Novi Sad (en ex-Yougoslavie), Milutin Gubash vit maintenant à Montréal. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Des expositions personnelles lui ont été récemment consacrées au Musée d’art contemporain de Montréal (2007), à l’Art Gallery of Calgary (2008), à YYZ à Toronto (2007), à 3015 à Paris (2007) et à RLBQ à Marseille (2008). Il détient une maîtrise en beaux-arts (photographie) de l’Université Concordia à Montréal, un baccalauréat en beaux-arts (photographie) et une licence en philosophie de l’Université de Calgary.

Sa pratique incorpore photographie, vidéo et performance, et fait régulièrement appel à la participation de ses proches. Anecdotes autobiographiques, insinuations, rêvasseries quotidiennes et appropriation culturelle constituent la matière factuelle et réelle à partir de laquelle il illustre les vicissitudes de sa vie d’artiste. Utilisant des moyens simples et souvent des gestes comiques, il exploite le potentiel transformatif des incertitudes qui fondent nos rôles domestiques et sociaux conventionnels, nous demandant de suivre l’artiste pour reconsidérer nos identités et nos environnements.

Oeuvres en galerie | works in the gallery :
BORN RICH, GETTING POORER – 5 episodes
Episode 1 : “JENKEM?”, 2008, DVD, 20 min
Episode 2 : “TO KINGSTON ON!”, 2008, DVD, 20 min
Episode 3 : “DEAD CAR…”, 2008, DVD, 20 min

Salle multidisciplinaire
Sylvain Bouthillette

Commissaire : Jean-Michel Ross

Dans cette installation, Sylvain Bouthillette amalgame l’esthétique et les principes du punk rock (hardcore nord-américain) à la philosophie bouddhiste, réinterprétant leurs répertoires symboliques et iconographiques respectifs. Son travail vacille entre ce qu’il nomme « la révolution interne » associée à la spiritualité et « la révolution externe » qu’il relie au mode d’expression et à l’univers punk. Une grille composée de divers dessins et slogans de même format ainsi qu’un autoportrait dérisoire où il se représente comme un Bouddha aux oreilles décollées, forme une installation très ordonnée, symétrique et systématique qui s’apparente et rappelle l’esthétique des columbariums.

Pour l’artiste, ces petits personnages aux visages squelettiques, typiques de certaines icônes contemporaines, évoquent non seulement l’« impermanence » de l’être humain de la tradition bouddhiste à laquelle il réfère avec les Sceaux du Dharma, mais aussi à la transformation de notre société et à la persistance de l’art. Cette référence à l’« impermanence », qui décrit un processus d’altération, fait songer aux vanitas du seizième et dix-septième siècles dans la peinture flamande qui évoquaient la certitude de la mort en toute chose et à laquelle nous sommes toujours sensibles. Il ne va pas sans dire que les images de crânes sont également omniprésentes sur la scène punk rock. Les slogans qui ponctuent les dessins tels que « TABARNAQUE DE CRISSE D’OSTIE DE FUCK DE CÂLICE » font état crûment du courroux de l’artiste tandis que ceux comme « LAISSER TOMBER LA TÊTE DANS LE CŒUR LE CŒUR DANS LE VENTRE ET REMONTEZ LE VENTRE DANS LE CŒUR » font plutôt état de sa pratique spirituelle. Mis en parallèle, ces écrits révèlent l’importance de l’altruisme dans le travail de l’artiste, qu’ils soient associés à une révolution interne ou externe.

Né en 1963, Sylvain Bouthillette vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia où il enseigne. Depuis 1987, il élabore une production graphique, photographique, sculpturale et picturale. Il est représenté par la Galerie Trois Points à Montréal et la Galerie Clint Roenisch à Toronto. Il a exposé régulièrement au Québec, au Canada et à l’étranger. En 2008, il participe à l’exposition Québec Gold à Reims en France. Entre 1988 et 1999, il a été bassiste pour des groupes tels que Rhythm Activism, Bliss et Roughage avec lesquels il a fait plusieurs tournées nord-américaines.

 

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel