Image : Karine Fréchette

Karine Fréchette et Michel Laforest, expositions jusqu’au 9 novembre à B-312

Karine Fréchette

L’exposition Dissimulations, présentée dans la grande salle de la Galerie B-312, rassemble des œuvres récentes de l’artiste peintre montréalaise Karine Fréchette. S’inscrivant dans la lignée de l’abstraction formelle et empruntant à différents courants de la peinture, notamment l’op art, les tableaux réunis incorporent divers stratagèmes – accumulation d’informations, création de formes contradictoires, déformation du support – qui brouillent la lecture des œuvres.—Le titre Dissimulations fait d’ailleurs écho à la démarche de l’artiste, celle-ci impliquant une part de travail à l’aveugle. Employant un système de caches, l’artiste inscrit d’abord des éléments à l’avant-plan avant de plonger graduellement dans l’arrière-plan du tableau. Les formes représentées suggèrent des affinités avec plusieurs disciplines connexes, dont la sculpture, l’architecture, la modélisation par ordinateur et la typographie

La matérialité du tableau donne quelques indices de l’assemblage. La variété de procédés et le travail de la couleur inscrivent une profondeur au tableau, mais celle-ci est neutralisée par la composition. L’œil tente de construire un espace à partir des éléments représentés alors que la construction même du tableau contredit cet effort de perception spatiale.—Suivant une approche exploratoire, Karine Fréchette modifie certains paramètres de ses tableaux – choix du motif, principe de composition, déploiement du support – et crée des écarts perceptuels. Ce faisant, notre regard scrute, analyse et oscille, entre une chose et une autre. Ce mouvement de va-et-vient permet d’aborder et de lire chaque œuvre avec une attention soutenue et renouvelée.

Karine Fréchette vit et travaille à Montréal. Elle a obtenu un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal en 2009. Elle entame une maîtrise à l’Université Concordia cet automne. Elle a notamment exposé dans le cadre de Complot 7, présenté à la galerie Art Mûr (2009). Elle a également présenté son travail à la Société des arts technologiques (2011) et à la Maison de la Culture de Gatineau (2013).


Michel Laforest

Dans l’installation vidéo Les prospecteurs, présentée dans la petite salle de la Galerie B-312, Michel Laforest s’intéresse au phénomène de la perception. Que voyons-nous lorsque nous regardons quelque chose ? L’observation lente et minutieuse d’un objet, d’un lieu, d’une image, d’un sujet en assure-t-il l’objectivation ? En tant que phénomène sensoriel, la vision implique une certaine subjectivité : cadrage, mémoire, connaissance, sensibilité, etc. Cherchant à atteindre une forme d’objectivité, l’humain a élaboré une gamme étendue d’instruments de mesure et d’appareils optiques. Au-delà du filtre de l’outil, que reste-il de la vision ? Peut-on parvenir au degré zéro de sa représentation ? —Trois vidéos mettent en scène ce questionnement : deux sont montrées sur des dispositifs pouvant rappeler un outil d’arpentage ;  la troisième est projetée sur un mur où des renfoncements ont été effectués. Pour concrétiser cette tension entre perception et représentation dans les séquences vidéo, l’artiste s’est inspiré des techniques de perspective linéaire conçues par le géomètre français Girard Desargues au XVIIe siècle. Installés dans le parc du Mont-Royal, les prospecteurs tiennent des ensembles de cordes tendues; ancrées au sol et rassemblées à leur pointe, elles forment des prismes qui, en principe, devraient les aider à comprendre la configuration de l’espace présenté.—En postproduction, l’artiste a effectué un découpage à la base de chacun des prismes linéaires pour y insérer une deuxième boucle vidéo, suggérant un effet d’abîme ou de miroitement. Une observation soutenue révèle que ces interventions tirent leur origine des vidéos originales, elles engagent le spectateur à prendre connaissance de la complexité visuelle et de la richesse des motifs présentes dans ces images. En situant un modèle géométrique dans une scène organique, Michel Laforest rappelle que si l’outil permet de réduire l’ambiguïté, cette clarification se fait souvent en sacrifiant l’anecdotique, le détail.

Originaire de La Tuque, Michel Laforest vit et travaille à Montréal. Son travail d’installation vidéo et de vidéo-performance a été diffusé dans le cadre de nombreuses expositions collectives et lors de festivals au Canada, au Brésil et en Europe. Parmi ses expositions individuelles, mentionnons entre autres celles présentées à la Bande Vidéo (2010), à la Galerie Verticale (2007), à la Chambre blanche (en collaboration avec Manon De Pauw, 2008) et à Dare-Dare (2004). Outre sa pratique artistique, il enseigne les arts visuels au Cégep Marie-Victorin.

La Galerie B-312 remercie ses membres et donateurs, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts de Montréal, le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement économique de Ville-Marie.
Michel Laforest remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec et le centre Prim, ainsi que David Blain, Dominic Bouchard, Patrice Clouthier, Roger Ferland, Milan Gervais-Blouin, François Jean, Stéphanie Lachance, Vincent Leduc, Claude Paré, Clodie Parent, Pierre-Anaïs Parent-St-Gelais, Élizabeth Regolf, Mathieu Samaille et Julie Tremble.
Textes de Mathieu Ménard.

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