Julie Doucet Thomas Bégin
17 février18 mars 2006
Vernissage vendredi 17 février à 17h00
Julie Doucet zur Erinnerung an Melek – en souvenir de Melek
Thomas Bégin we’re looking for you
Julie Doucetzur Erinnerung an Melek – en souvenir de Melek
La Galerie B-312 est heureuse de présenter dans sa petite salle un ensemble de planches gravées de Julie Doucet.
Parmi les uvres exposées, on reconnaîtra celles qui servirent à la publication de Melek, un livre que Julie Doucet a voulu à la frontière du récit et de limage. Lors dun séjour à Berlin, au détour dune promenade dans le Tiergarten, lartiste tomba sur un amoncellement de photographies. La neige avait commencé à les couvrir, prenant ainsi un peu davance sur loubli qui allait définitivement les faire disparaître, si ce nétait leur rencontre avec cette passante aussi inattendue quattentionnée, qui sest mise à les ramasser. Parmi ces photographies, le visage dune femme revenait plus que les autres. Lartiste découvrit son nom à lendos dune carte postale : Melek. Quelques mois après son retour de Berlin, Julie Doucet sest mise à graver ce visage et ceux des personnes qui, dans le lot des images, laissaient deviner leur lien avec Melek.” Je le sais, elle le savait, ils sont tous morts “. ” Melek était [
] Melek était “. Ces deux phrases extraites du livre disent tout. Et pourtant elles nénoncent rien. Le drame des pronoms personnels qui sy joue ferait sans doute le bonheur de quelques sémiologues avertis préoccupés de savoir à quelles conditions un récit sengendre. Le tragique de la situation ne manquerait pas non plus dalimenter léternel débat philosophique dêtre pour la mort.Mais ces dessins gravés forcent un peu la physionomie des visages représentés sans toutefois aller jusquà la caricature. Du coup, les visages afficheront toujours une pointe de raillerie face aux discours qui tendraient à les confiner au sérieux dune linguistique du pronom personnel ou au tragique dune sémantique de la finitude.Il serait toutefois erroné de lier ce travail au passé de bédéiste de Julie Doucet. Il ny renvoie pas, mais ne le nie pas non plus. Il appartient tout simplement à une veine créatrice que Julie Doucet explore désormais, et dont J comme je publié au Seuil en 2003 donne un avant-goût. Ce livre a été écrit avec des mots découpés dans des magazines dont lartiste avait conservé des pages qui lavaient retenue. En collant patiemment les mots des autres pour quils signifient sa propre histoire, Julie Doucet a déplacé le sens dans lequel on a lhabitude de comprendre lacte décrire.Melek bouleverse le sens dans lequel on a lhabitude de comprendre ce qui fait récit.
Jean-Émile Verdier
Thomas BéginWe’re looking for you
La Galerie B-312 est heureuse daccueillir We’re looking for you, une installation de Thomas Bégin, qui transforme la grande salle de la galerie en une étrange camera obscura. Les fenêtres de la grande salle sont obstruées par un mur constitué de huit stroboscopes denviron un mètre de diamètre chacun. Du coup, le spectateur se trouve au cur même dune chambre noire qui aurait huit obturateurs. Dun autre côté, une fois les moteurs des stroboscopes en marche, le fond de la galerie se transforme en un large écran sur lequel des dizaines de points lumineux sagitent, tournent, et semblent rebondir contre dhypothétiques bords.
Serions-nous au cinéma ? On pourrait le croire tellement leffet hypnotisant du dispositif méduse le regard. Le corps sapaise, se concentre sur lagitation de ces points clairs, et se laisse aspirer par un étonnant film danimation. À ceci près cependant : ici, les images sautogénèrent au fil dune projection toute virtuelle, et ont pour seule trame narrative le sifflement de lair tourmenté par la rotation des disques et nos pensées vagabondes.
Dune manière ou dune autre, We’re looking for yousemble fait pour nous isoler du monde réel. Il rappelle en cela les travaux précédents de Thomas Bégin préoccupé de guider les spectateurs de ses installations architecturales à travers des passages qui les éloignent de la réalité mondaine, les conduisent en un lieu paisible où ils sont coupés de lextérieur jusquà ce quil faille revenir. Par contre, dans cette installation le dehors et le dedans ne sont plus aussi distincts. Sans doute est-ce dû à ce moyen que Thomas Bégin a trouvé pour délocaliser limage en démultipliant les lieux où elle peut se former : sur un écran imaginaire au fond de la galerie, dans lespace noir de la pièce bombardé par des rayons de lumière, dans lil même à la surface de la rétine, ou encore dans nos pensées quand elles sont coupées du monde.
Jean-Émile Verdier et Émilie Renaud-Roy
N’oubliez pas les concerts des Jeudis tout ouïe à la Galerie B-312
jeudi 23 février à 20h : Malcolm Goldstein et Reiner Wiens
jeudi 16 mars à 20h : Alexis O’Hara
et venez fêter la nuit blanche avec nous dans la nuit du 25 au 26 février
Julie Doucet Thomas Bégin
17 février18 mars 2006
Vernissage vendredi 17 février à 17h00
Julie Doucet zur Erinnerung an Melek – en souvenir de Melek
Thomas Bégin we’re looking for you
Julie Doucetzur Erinnerung an Melek – en souvenir de Melek
La Galerie B-312 est heureuse de présenter dans sa petite salle un ensemble de planches gravées de Julie Doucet.
Parmi les uvres exposées, on reconnaîtra celles qui servirent à la publication de Melek, un livre que Julie Doucet a voulu à la frontière du récit et de limage. Lors dun séjour à Berlin, au détour dune promenade dans le Tiergarten, lartiste tomba sur un amoncellement de photographies. La neige avait commencé à les couvrir, prenant ainsi un peu davance sur loubli qui allait définitivement les faire disparaître, si ce nétait leur rencontre avec cette passante aussi inattendue quattentionnée, qui sest mise à les ramasser. Parmi ces photographies, le visage dune femme revenait plus que les autres. Lartiste découvrit son nom à lendos dune carte postale : Melek. Quelques mois après son retour de Berlin, Julie Doucet sest mise à graver ce visage et ceux des personnes qui, dans le lot des images, laissaient deviner leur lien avec Melek.” Je le sais, elle le savait, ils sont tous morts “. ” Melek était [ ] Melek était “. Ces deux phrases extraites du livre disent tout. Et pourtant elles nénoncent rien. Le drame des pronoms personnels qui sy joue ferait sans doute le bonheur de quelques sémiologues avertis préoccupés de savoir à quelles conditions un récit sengendre. Le tragique de la situation ne manquerait pas non plus dalimenter léternel débat philosophique dêtre pour la mort.Mais ces dessins gravés forcent un peu la physionomie des visages représentés sans toutefois aller jusquà la caricature. Du coup, les visages afficheront toujours une pointe de raillerie face aux discours qui tendraient à les confiner au sérieux dune linguistique du pronom personnel ou au tragique dune sémantique de la finitude.Il serait toutefois erroné de lier ce travail au passé de bédéiste de Julie Doucet. Il ny renvoie pas, mais ne le nie pas non plus. Il appartient tout simplement à une veine créatrice que Julie Doucet explore désormais, et dont J comme je publié au Seuil en 2003 donne un avant-goût. Ce livre a été écrit avec des mots découpés dans des magazines dont lartiste avait conservé des pages qui lavaient retenue. En collant patiemment les mots des autres pour quils signifient sa propre histoire, Julie Doucet a déplacé le sens dans lequel on a lhabitude de comprendre lacte décrire.Melek bouleverse le sens dans lequel on a lhabitude de comprendre ce qui fait récit.
Jean-Émile Verdier
Thomas BéginWe’re looking for you
La Galerie B-312 est heureuse daccueillir We’re looking for you, une installation de Thomas Bégin, qui transforme la grande salle de la galerie en une étrange camera obscura. Les fenêtres de la grande salle sont obstruées par un mur constitué de huit stroboscopes denviron un mètre de diamètre chacun. Du coup, le spectateur se trouve au cur même dune chambre noire qui aurait huit obturateurs. Dun autre côté, une fois les moteurs des stroboscopes en marche, le fond de la galerie se transforme en un large écran sur lequel des dizaines de points lumineux sagitent, tournent, et semblent rebondir contre dhypothétiques bords.
Serions-nous au cinéma ? On pourrait le croire tellement leffet hypnotisant du dispositif méduse le regard. Le corps sapaise, se concentre sur lagitation de ces points clairs, et se laisse aspirer par un étonnant film danimation. À ceci près cependant : ici, les images sautogénèrent au fil dune projection toute virtuelle, et ont pour seule trame narrative le sifflement de lair tourmenté par la rotation des disques et nos pensées vagabondes.
Dune manière ou dune autre, We’re looking for yousemble fait pour nous isoler du monde réel. Il rappelle en cela les travaux précédents de Thomas Bégin préoccupé de guider les spectateurs de ses installations architecturales à travers des passages qui les éloignent de la réalité mondaine, les conduisent en un lieu paisible où ils sont coupés de lextérieur jusquà ce quil faille revenir. Par contre, dans cette installation le dehors et le dedans ne sont plus aussi distincts. Sans doute est-ce dû à ce moyen que Thomas Bégin a trouvé pour délocaliser limage en démultipliant les lieux où elle peut se former : sur un écran imaginaire au fond de la galerie, dans lespace noir de la pièce bombardé par des rayons de lumière, dans lil même à la surface de la rétine, ou encore dans nos pensées quand elles sont coupées du monde.
Jean-Émile Verdier et Émilie Renaud-Roy
N’oubliez pas les concerts des Jeudis tout ouïe à la Galerie B-312
jeudi 23 février à 20h : Malcolm Goldstein et Reiner Wiens
jeudi 16 mars à 20h : Alexis O’Hara
et venez fêter la nuit blanche avec nous dans la nuit du 25 au 26 février
Montréal (Québec) H3B 1A2