Jennifer Campbell et zipertatou, vernissage le jeudi 14 octobre à 17h à La Galerie B-312

Jennifer Campbell
Point No Point

La Galerie B-312 est heureuse de présenter Point No Point  de Jennifer Campbell, dont l’œuvre tresse ensemble performance, photographie et vidéographie. Sa pratique artistique l’engage dans des actions qu’elle documente au moyen de la photographie ou de la vidéographie, et ses expositions rassemblent généralement des œuvres qui évoquent à chaque fois différemment un même sujet. Dans Point No Point, elle aborde le sujet du paysage.—L’exposition réunit trois vidéographies et deux photographies où elle se représente en train d’agir. Les actions qui y sont représentées tendent à mettre en représentation certaines des figures métonymiques du paysage. Parmi ces figures, Jennifer Campbell en reconnaîtra plus particulièrement cinq, mises en scène dans les œuvres qui composent Point No Point : l’arc-en-ciel dans Rainbow (2010), la puissance évocatrice de la forme des nuages dans Sky Ambulism (2010), l’inquiétante activité en dormance des volcans dans Eruption (2010), l’étrangeté de la coprésence du soleil et de la pluie dans Precipitate (2010) et l’idée du lointain dans Point No Point (2010).—Les cinq œuvres montrent l’artiste en train d’agir dans un site naturel. Son intervention bouleverse et, du coup, transforme radicalement le site qui sert de fond à l’action. Il en résulte des images insolites empreintes d’un humour certain, bien fait pour déconstruire ou, à tout le moins, instaurer une distance critique envers l’idée même de paysage. Les images quelque peu burlesques que l’artiste obtient ainsi tendent à mettre en évidence la primauté de la dimension pastorale du site de l’action. En substituant comme elle le fait le cocasse au bucolique, Jennifer Campbell trouble du même coup le conformisme culturel par le filtre duquel nous tendons à nous rapporter au monde.
—Jean-Émile Verdier

Originaire de Vancouver, Jennifer Campbell habite aujourd’hui à Seattle (Washington). Bachelière de l’université de Victoria (C.-B.) en1998, elle complétait en 2004 une maîtrise en photographie à l’université Concordia. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions individuelles à Dazibao (Montréal), West Space (Melbourne), AXENÉO7 (Gatineau) et à 4Culture (Seattle). Elle a participé à plusieurs expositions collectives présentées  à Vancouver, Montréal, Seattle, San Francisco, Philadelphie et New-York. Ses œuvres vidéo ont été diffusées lors de festivals en Roumanie, en Italie et en Bulgarie. Avec Point No Point, l’artiste remportait en 2010 l’un des deux prix du CDAN, Centro De Arte y Naturaleza, Huesca, Espagne.

zipertatou
top manatavo
Simultanément à cette exposition, on peut voir un autre volet du projet de zipertatou, Jazzissimo Joiseau, à la Galerie Joyce Yahouda, espace 506 du même édifice.

La Galerie B-312 est heureuse d’accueillir dans sa petite salle TOP MANATAVO, l’évocation d’un des univers inventés par zipertatou. Ces univers qu’il imagine avec leur espace, leur temps, leurs personnages et le récit dont ils sont les protagonistes, zipertatou souhaite manifestement nous les faire partager. Il crée pour cela des images capables d’en donner des représentations.—Dans l’univers auquel réfèrent les œuvres réunies dans TOP MANATAVO, les boîtes de papiers-mouchoirs volent. Une sorte d’aile gonflée sort de l’ouverture depuis laquelle on tire habituellement les mouchoirs. C’est du moins ainsi que zipertatou les représente une à une dans douze impressions numériques de petit format. L’imprimé des boîtes reprend certaines des peintures de Monique Régimbald-Zeiber. Les images sont réparties de part et d’autre d’une impression numérique grand format représentant une montre avec, tout autour du cadran, une ronde d’étranges angelots. Chacun de ces angelots est formé par un agencement deux à deux de ces boîtes ailées représentées dans les petits formats. Il y a en a douze, sans doute midi et minuit, une heure et treize heures, deux heures et quatorze heures, et ainsi de suite, réunies de la sorte. Au cadran de la montre, les petits rectangles de couleur qui indiquent les heures et les minutes sont traités à la manière d’un nuancier.—L’innovation technique dans le domaine de la fabrication d’image de synthèse est telle, aujourd’hui, qu’il est devenu tout à fait concevable de pouvoir offrir des représentations d’univers purement mentaux. De telles images offrent au spectateur le point de vue fou depuis lequel il devient possible d’apprécier des images hyperréalistes qui, paradoxalement, réfèrent à des réalités qui n’ont aucune existence effective. L’utilisation de telles images est aujourd’hui généralisée, et leurs usages varient entre le pur divertissement et le simple illusionnisme en passant par une pratique de l’illustration du plus grand intérêt. zipertatou exporte le procédé dans le domaine de l’art. Qu’advient-il dès lors du divertissement, de l’illusionnisme ou de l’illustration, quand on sait que, par définition, le monde de l’art ni ne divertit ni n’illusionne ni n’illustre ? À n’en pas douter, et à l’instar de Nicolas Poussin qui disait de la peinture qu’elle devait plaire et instruire, zipertatou sait mettre ici le divertissement, l’illusionnisme et l’illustration au service d’une franche réflexion sur la fonction référentielle des images de synthèse.
—Jean-Émile Verdier

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