Jean-Philippe Roy et Blaise Carrier-Chouinard. Vernissage le vendredi 13 janvier à 20 h

Grande galerie :
Jean-Philippe Roy
Le paysage opaque

Jean-Philippe Roy s’intéresse à la sculpture, qui pour lui, révèle la tension entre le présent de notre expérience et le passé (culturel, personnel) qu’elle évoque virtuellement. Dans sa pratique, l’artiste privilégie aussi bien le fond que la forme, la réflexion que l’esthétique.

» Nous tenons comme une évidence que le paysage c’est la Nature. Il est cette vue sur le lointain – cette campagne, ce bord de mer, l’étendue de cette forêt – un espace livré par l’intermédiaire du regard où se rassemble la Nature en un tout unitaire. Le paysage ne fait pourtant que l’exposé de ses moyens, préférant l’artifice de sa composition à cet état de fait immédiat qu’est la Nature. Mais qu’est-ce, au juste, que la Nature? La question jalonne notre histoire. À tout le moins, c’est une entité multiple, totalité indivisible mais insaisissable dans son intégrité pour en être nous-mêmes les éléments constitutifs.

L’exposition Le paysage opaque, par l’entremise de l’objet sculptural, interroge la forme traditionnelle du paysage. En utilisant sa rhétorique, cette installation donne à voir sa propre structure représentationnelle et, par là, marque une distance entre la Nature et sa description par le paysage. Il s’agit donc d’opacifier le cadre paysagiste qui nous garantissait artificiellement son accession pour l’ouvrir à la réalité qui la sous-tend et lui sert de support : ouvrir l’horizon virtuel de ce paysage à l’horizon réel des objets qui le constituent afin de faire de l’expérience perceptive le corps singulier qui lui donne chair, qui rythme sa temporalité et accomplit l’étendue de sa spatialité. Rompre le cadre qui restreignait la pensée à voir selon une perspective déjà ordonnée et l’ouvrir à toutes les perspectives. Ainsi, c’est par notre expérience immédiate que se constitue ce paysage, sous la forme d’un parcours, où en reconnaissant certaines de ses figures s’accomplit, au fil de la rêverie, l’étendue de son lieu. Dans sa profondeur nous est révélée la densité de notre propre corporalité, centre de nos perceptions, moteur du dévoilement de la Nature.»

Jean-Philippe Roy

C’est la première exposition solo de Jean-Philippe Roy dans notre centre. En 2003, nous le recevions dans le cadre d’un collectif consacré aux trois récipiendaires du prix Tomber dans l’œil 2002.

Jean-Philippe Roy vit à St-Marcellin, au Bas-St-Laurent. Il enseigne les arts plastiques au CEGEP de Matane. Son travail artistique a été présenté dans plusieurs expositions collectives , notamment à Bois (Maison Hamel-Bruneau, 2004) et à la Manif d’art II (Québec, 2002). Ses œuvres ont aussi fait l’objet d’expositions individuelles à la Galerie R3 (Université du Québec à Trois-Rivières, 2005), au 36 (Québec, 2004). Il a obtenu le prix Vidéré en 2005, la bourse René Richard en 2002 et 2004, une bourse d’étude du FQRSC de 2002 à 2004, et récemment une bourse de création du CALQ. Ses œuvres seront présentées prochainement à Rimouski, Alma, Québec et Strasbourg.


Petite galerie :
Blaise Carrier-Chouinard

L’Œil de Poisson reçoit dans sa petite galerie Blaise Carrier-Chouinard, récipiendaire du prix Tomber dans l’œil en 2005. C’est la huitième année que le centre remet ce prix à un finissants du baccalauréat en arts plastiques de l’Université Laval.

Aussi prolifique que surprenant, il est de ces personnes qui, sans avoir de discipline fixe, se permettent de virevolter d’un sujet à l’autre dans des univers éclatés dont les mises en scène sont chargées d’humour et d’ironie. Particulièrement touché par «l’homme mystificateur», celui qui aime l’illusion et qui la provoque, il a consacré ses dernières productions sur ce thème.

» Les leurres que produit l’humanité sont parmi les plus grands aveux de son impuissance – de l’architecture religieuse aux nouvelles de six heures en passant par David Copperfield et la performance. Jusqu’à notre mort, même les plus existentialistes d’entre nous désirons croire au Père Noël. La nécessité de croire en est une extrêmement puissante, elle nous pousse à tromper et à forcer notre propre naïveté. Cette ingénuité, nous y consentons tous; lorsque nous écoutons le hockey, que nous demandons une prescription où que nous attendons un téléphone important, ressemble étrangement à l’espoir et c’est pourquoi elle demeure inhérente à l’homme.

En se basant sur ce principe, je lie le désir de faire de l’art à celui de tromper. Je crois qu’un artiste s’acharne à tromper la mort, la société, la communauté culturelle, la vie et finalement lui-même. C’est avec affection qu’il aborde la mystification maladroite de l’art en mettant en scène son statut d’auteur.

L’auteur cherche à leurrer en même temps qu’il met en évidence un désir de leurrer. Ce désir n’est cependant pas le sien, il est, lui aussi, un artifice mettant en abîme les véritables aspirations de l’artiste. En quelque sorte, je provoque mon propre échec en croyant que c’est dans cette dichotomie que se trouve le pouvoir de la création : dans une tentative et dans son échec irrémédiable.»

Blaise Carrier-Chouinard

Première solo de l’artiste, cette exposition sans titre est une installation basée sur le principe du faux-décor. Des éléments trouvés et construits sont mis en scène et jouent le rôle de façade, derrière laquelle se trouve l’auteur et dont les intentions risquent d’être ambiguës.

Blaise Carrier Chouinard vit et travaille à Québec. Il détient un Baccalauréat en Arts visuels, concentration Multimédias de l’Université Laval (2005). Il a participé à L’exposition des boursiers, présentée à la Galerie des Arts Visuels de l’Université Laval (2005), ainsi qu’à l’exposition collective Les Grandes Marées, à la galerie Rouje. (Québec 2004). Il a réalisé Yard Guard diffusé lors de la présentation de Cathodiques Pratiquants (sélection des meilleurs vidéos produits dans le cadre du cours de Vidéo exploration) au Lieu (Québec) et lors du Festival International de Vidéo d’Art de Casablanca (Maroc 2004).

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