HeHe et Steve deBruyn, vernissage le samedi 10 mai à 15h à la Galerie B-312

HEHE
NUAGE VERT

Le collectif français HeHe regroupe les artistes britannique et allemand Helen Evans et Heiko Hansen. Sous cet acronyme narquois, se répondent deux complices engagés. Leurs œuvres-interventions s’ancrent dans la communauté, sociale, humaine et politique, et se donnent comme des prises en charge de l’espace communal et environnemental.—Tel le rêve d’un penseur fou, ils conçoivent des machines hybrides surprenantes, voire démesurées : cabines et radeaux sur rail, cellules photovoltaïques transformables, station de fractionnement des sols à même un centre d’art.—Leurs projets sont souvent le fait de procédés hautement sophistiqués. De la conception, à la réalisation, à la présentation, chercheurs, développeurs, scientifiques et spécialistes sont mis à contribution et prennent part au processus développé.—Avec Nuage Vert, les artistes nous proposent, sous sa version vidéographique et imprimée, une intervention magistrale qu’ils ont réalisé en Finlande et en France : Éclairer les nuages de fumée rejetée dans l’atmosphère – tantôt par un incinérateur, tantôt par une usine de transformation de l’énergie – d’un faisceau laser de couleur verte. Doté de senseurs, la dimension du faisceau pouvait se transformer en fonction de variables prédéterminées. À Helsinki, la population fut invitée à altérer la représentation du nuage en diminuant leur consommation d’énergie. D’une simplicité remarquable, cette visualisation permettait du coup de mesurer virtuellement, voire physiquement, l’impact autrement plus fuyant et insaisissable du geste posé. À Saint-Ouen et à Ivry, l’éclairage des panaches de fumée rejetée par les incinérateurs fut frappée d’interdit par les autorités. Les unes craignaient d’aviver les peurs de la population quant aux émanations, les autres invoquaient des délais trop serrés, des analyses d’impact à compléter, des autorisations additionnelles pour avaliser le dossier. Controverse ? Provocation ? Sensibilisation ? Engagement ?—La force de Nuage Vert tient au paradoxe qu’il recèle : sous l’extrême beauté de cette forme mouvante lumineuse, se dessinent sous nos yeux l’empreinte fugitive de notre occupation du territoire et de ses effets sur l’environnement.
hehe.org.free.fr

Coprésenté par la Galerie B-312 et la BIAN (Biennale internationale d’art numérique) en collaboration avec Hexagram | CIAM. Projet soutenu dans le cadre de l’opération FRIMAS 2014 lancée par l’Institut français et le Consulat général de France à Québec.


STEVE DEBRUYN

DÉCONTRACTANT GÉNÉRAL
Rappelant le patenteux ingénieux ou le casse-cou assumé, l’artiste ontarien Steve deBruyn parcourt le pays d’est en ouest, de biais et en zig-zag en ramassant, à chacun de ses arrêts, les rebus de chantiers et les matériaux trouvés pour donner forme à l’œuvre qu’il concevra dans chacun des lieux d’accueil, centres d’artistes ou galeries d’art. À même ce Road Trip sans destination fixe, l’artiste propose des œuvres qui ravivent la culture populaire, dans ce qu’elle a de coloré, de rafistolé, de vivant et de mouvant.  Cet art du faire avec presque rien, avec moins que rien. Avec Décontractant général, l’artiste nous propose des rampes de skate en chantiers à parcourir.—Pour réaliser ses espaces sculpturaux d’envergure, Steve deBruyn emploie des techniques et des matériaux habituellement associés au domaine de la construction et de la rénovation et les renverse : des composantes habituellement invisibles, comme les substances isolantes et les cloisons, apparaissent alors au premier plan. Dans cette optique de récupération, l’artiste utilise non seulement des matériaux glanés dans des écocentres et des objets laissés à l’abandon, mais il récupère également des éléments de sa propre demeure pour leur donner des formes nouvelles. Ce même principe de récupération et de détournement semble guider ses choix esthétiques : à cet effet, l’artiste travaille souvent avec de la peinture de « couleurs manquées », vendue à rabais ou donnée dans les quincailleries. Il applique celle-ci en motifs géométriques simples où les agencements colorés parfois dissonants peuvent rappeler des tendances design d’une autre époque ou s’apparenter à un immense chantier de rénovation kitsch.—Si les tentatives et les politiques de récupération sont prisées des uns et bannies des autres, l’exposition Décontractant général, tout comme celle de Nuage vert qu’elle côtoie, relance de manière pertinente la question de la gestion des rebus que nous produisons et générons et des possibles actions que nous pouvons introduire ou induire, chemin faisant.
stevedebruyn.com

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