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Guillaume Simoneau et Caroline Mauxion

Vernissage le vendredi 28 octobre à 17h à VU

MURDER
Guillaume Simoneau

C’est le nom sinistre qu’on donne en anglais à une nuée d’oiseaux noirs : murder, meurtre. Les corneilles et les corbeaux sont ainsi souvent associé·e·s à de mauvais présages ou à la mort. Victimes de leur apparence, ce sont en réalité des êtres sociaux, entre individus et parfois aussi avec les humains. Guillaume Simoneau en a lui-même fait l’expérience dans sa jeunesse, comme en témoignent des photographies prises par sa mère Jeanne-d’Arc Fournier qui le montrent accompagné d’une fratrie de corneilles dont sa famille avait pris soin. Ce regard doux et aimant évoque pour peu les joies de l’innocence quand l’artiste les juxtapose à des scènes d’une attaque violente d’un oiseau de proie envers une corneille. Murder prend ici un sens littéral et brise toute vision romantique de temps passés.

Ce n’est que trente ans après cet épisode de son enfance, en 1982, que l’artiste se rend compte que cette année concorde avec la parution de Ravens, livre iconique du photographe japonais Masahisa Fukase (1934-2012). Cette pensée le mène à aller au Japon faire de nouvelles images qui lui permettent du même coup de créer une rencontre entre les corneilles amies de son enfance et les corbeaux mélancoliques de Fukase, pour leur rendre hommage autant que pour leur faire une certaine violence. Il s’y dégage une tentation de mort, conçue non pas comme une recherche de finalité, mais comme un tournant ou une transformation. Il n’y aura donc aucune conclusion claire, que des recommencements incessants, révélant ainsi plutôt la tragique complexité de ce qui fait la vie.

 

À charge de désir
Caroline Mauxion

Nous sommes au plus près de la chair, de ses plis et crevasses, de ses sensations. Le corps se révèle par fragments et des mouvements se dessinent : des peaux se touchent et s’agencent, une main se pose et cherche, un regard glisse. Se profilent aussi des os et des masses, avec des tiges et des cordons qui tiennent les morceaux en place. Là où se devine un nœud ou un point de rupture, là où l’ensemble pourrait se rompre, des structures viennent pallier, assurer un soutien. Cette quiétude apparente tient à des gestes prudents, qui veulent protéger quelque chose de soi ou d’un autre, tout en appelant parfois aussi à une tension, à un souffle, à un instant décisif qui pourrait tout faire céder.

C’est par des compositions photographiques élaborées et des sculptures aux formes organiques que Caroline Mauxion évoque ces sensations physiques qui nous lient à nos corps. Faisant appel plus précisément à sa mémoire de longs traitements orthopédiques, l’artiste instille la douleur ressentie dans son œuvre, mais la transpose aussi dans des sensations qui en sont proches : le soin, la sensualité, le désir. La précarité avec laquelle les images et les formes tiennent ensemble amène à considérer à la fois la fragilité de nos existences et la force de nos ressentis. Par leur disposition dans l’espace, les œuvres incitent au mouvement de notre propre corps parmi ces fragments corporels et à le concevoir comme partie prenante dans ce fin jeu d’équilibre.