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Gary LaPointe Jr. et Clay Mahn
La Galerie B-312 a le plaisir de clore sa saison avec Condensateur d’air des artistes Gary LaPointe Jr. et Clay Mahn. Tous deux travaillent à Chicago et exposent pour la première fois au Canada. À la source de cette proposition artistique, une envie de présenter ensemble leur travail et d’explorer, au-delà de leurs affinités esthétiques communes, des ancrages plus conceptuels où les notions matérielles intrinsèques à la construction et à la transformation du cadre en tant que forme et fondement sont explorées et remises en question.
Le travail pictural de Clay Mahn, dans son minimalisme apparent, se concentre sur les éléments constitutifs du tableau. Le travail subtil de la surface a préséance dans son approche. Elle est travaillée longuement. Les couches sont superposées, grattées, poncées et réenduites de sorte que l’on ne saisit pas facilement ce qui est devant ou derrière, ce qui est plan ou image. Sa manière de travailler questionne l’objet même qu’est le tableau, sa structure. Le fini mat et très lisse de la surface de ces peintures renvoie au caractère brut de la matière sans qu’elles soient dénuées de sensualité. Par ses compositions utilisant des motifs épars et répétés ou des lignes de force placées en marge afin de créer des recadrages, l’artiste cherche à subvertir la stabilité des bords du rectangle du tableau tout en jouant avec nos perceptions.
Les sculptures et les dessins de Gary LaPointe Jr. transforment et redéfinissent les structures et les limites de leurs propres constructions matérielles, voire la perturbation ou l’absence de celles-ci. Il collectionne et modifie des objets trouvés dont les références vont des systèmes construits et naturels au langage et au corps. À l’aide d’une variété de stratégies conceptuelles et d’interventions, il remet en question la fonctionnalité de ces objets afin d’explorer les systèmes, les relations et les rituels qu’ils renferment. Les perspectives critiques du queering lui permettent de repenser les concepts de construction de l’identité à travers un langage visuel qui semble a priori éloigné de ces théories. En déplaçant la valeur d’usage de matériaux comme le mastic de réparation du béton, l’aluminium récupéré d’une caisse à outils d’un camion et d’autres objets utilitaires issus du monde de la construction et de la logistique, où les formes traditionnelles de masculinité prédominent encore, il parvient à créer des œuvres raffinées, à l’évocation poétique, où les matériaux bruts sont détournés dans des assemblages marqués par la délicatesse.
Si les deux artistes ont résolument des façons différentes d’étayer conceptuellement leurs propositions, il est intéressant de voir se jouxter leurs œuvres et ainsi constater comment elles s’enrichissent dans leurs rapprochements.
—ISABELLE GUIMOND