Édith Brunette: Faut-il se couper la langue? Vernissage le vendredi 11 janvier à 17h30 à Skol

Dans le documentaire Faut-il se couper l’oreille? (Jacques Giraldeau, 1970), il y avait des artistes, un architecte, un designer, une femme qui ne parlait pas, beaucoup de cigarettes. Des références marxistes, des discours radicaux. Autour de Faut-il se couper l’oreille?, il y avait l’effervescence politique des années 68 : les élans nationalistes, le débat linguistique, la désobéissance érigée en principe. Les artistes s’invitaient partout, parlaient fort, s’organisaient, occupaient et se préoccupaient.
 
À Skol, en 2013, il y aura des artistes, des femmes qui parlent, des hommes aussi, du thé sans doute. Des références à un printemps érable dont les feuilles ne sont pas toutes encore tombées… Des discours radicaux? Autour de Faut-il se couper la langue?, il y aura la ouate d’un milieu de l’art institutionnalisé : le sentiment des luttes accomplies, la promesse des carrières possibles, et le formatage garant de toutes les bourses. Il y aura des artistes que leurs mots trahissent, mais, surtout, qui poseront cette question : comment nos discours définissent-ils notre rapport au politique – la manière dont nous nous engageons… ou demeurons en retrait. 
 
En galerie il y aura un parcours : débutant avec les documents de recherches menées par Edith Brunette lors d’une résidence au centre d’artistes La Chambre Blanche, continuant avec le documentaire de Giraldeau et finissant par des discussions avec les artistes Sophie Castonguay, Michelle Lacombe, Clément de Gaulejac, Hugo Nadeau, Mathieu Jacques, Steve Giasson et Andrée-Anne Dupuis-Bourret ­– à surprendre sur le vif en galerie ou à voir en vidéo. Au terme de recherches collectives, le 8 février, ces mêmes artistes participeront à une discussion publique dans l’espace de la galerie – histoire de voir si, oui ou non, ils se sont laissé couper la langue…

Extrait du texte accompagnateur de Érik Bordeleau Aggraver le politique? :

Mais que gagne-t-on au juste à se déclarer « politique »? Pourquoi se mettre ainsi en gage, pourquoi « s’engager »? Hommes et femmes sans contenu, artistes ou blooms plus ou moins qualifiés, projectiles chargés de capital culturel et sujets-débris de l’économie globale, pour conjurer notre éternelle angoisse de la consistance, devons-nous donc nous marquer mutuellement au fer rouge du réel politique?

version intégrale: texte_bordeleau

 
bio
Le travail d’Edith Brunette allie pratique artistique et recherche théorique. L’une comme l’autre s’intéressent aux formes des discours dominants, à leur manière de représenter le monde − celui de l’art, notamment −, d’en exclure certains éléments et d’en simplifier d’autres. Récemment, la Galerie de l’UQAM (Montréal) et le centre Praxis (Sainte-Thérèse) ont accueilli ses réalisations ; les revues d’art ETC, Inter et Cassandre/Horschamp ont publié ses textes ; mais c’est au cours d’une résidence au centre de documentation de La Chambre Blanche que fut mis en branle le présent projet.
 
L’artiste aimerait remercier Jacques Giraldeau, Anick St-Louis, Érik Bordeleau, Sophie Castonguay, Michelle Lacombe, Clément de Gaulejac, Hugo Nadeau, Mathieu Jacques, Steve Giasson, Andrée-Anne Dupuis-Bourret et l’équipe de Skol.

 

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