Clément de Gaulejac Philippe Girard
12 janvier11 février 2006
Vernissagece jeudi 12 janvier à 17h00
Clément de GaulejacLe bruit du planeur
Performances avec Lucas Joly le 12 janvier à 19h et le 28 janvier à 16h
Philippe GirardD’un appétit sans fin
Clément de GaulejacLe bruit du planeur
Performances avec lucas Joly le jeudi 12 janvier à 19h et le samedi 28 janvier à 16h
La Galerie B-312 présente dans sa grande salle Le bruit du planeur de Clément de Gaulejac, une exposition qui réunit quelques-unes de ses uvres récentes. Lune dentre elles, Le Challenger, est un masque qui reprend trait pour trait le museau de la navette Challenger, qui explosa le 28 janvier 1986, 73 secondes après le décollage. Ce masque sera la figure centrale dune performance présentée les 12 janvier et 28 janvier 2006, et où lartiste fera travailler les reliquats insoupçonnés dune catastrophe.Les uvres de Gaulejac sont souvent le fruit dune sensibilité envers un champ de signification que Roland Barthes reconnaissait dès 1956 comme le champ des mythes contemporains. » Le mythe est une parole » avait-il affirmé dans Mythologies. Cette parole, il la décrivait comme le véhicule dune signification informulée inhérente au contexte historique, qui se love en nous à notre insu, et conduit, toujours à notre insu, nos jugements et nos actes.Un mythe en particulier hante de Gaulejac, et pour cause puisquil sagit du statut de lartiste. Lartiste est-il comme lamateur de vol à voile ? Plane-t-il discrètement sans bruit dans la société en exploitant à son avantage les vents ascendants ? Est-il au contraire, à linstar de louvrier qui aplanit le métal à grands coups de marteau, celui qui agit bruyamment ? Agit-il avec tant de bruit, comme la machine à planer les planches, pour faire disparaître le moindre relief et atteindre ainsi laspect le plus convenable ? Est-il, comme le suggère dans lexposition la pièce La sécurité, celui dont luvre porte un discours de prudence ? Son attitude sapparente-t-elle à ces entreprises
dont » la direction décline toute responsabilité « , comme le veut la formule consacrée, que de Gaulejac récupère pour en faire le titre de lune des uvres de lexposition ?Lartiste travaille souvent ainsi, en annexant à une parole collectivement acceptée une proposition plastique qui crée une distorsion de sens qui peut prêter à sourire, mais révèle aussi le prix idéologique à payer pour partager le même langage.
Philippe GirardD’un appétit sans fin
La Galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa petite salle Dun appétit sans fin, un diptyque de Philippe Girard.
Luvre est composée dune double projection, La marche et La torsade. La première, monumentale, occupe tout un mur. La seconde, de plus petite dimension, est présentée comme une note ajoutée, comme un supplément discret à la saisissante fresque qui accueille le spectateur dès son entrée dans la salle.La technique employée par lartiste pour réaliser ces deux projections est celle du film danimation. Les résultats ne sont pourtant pas réductibles à cette catégorie, car dans les deux cas, nous avons affaire à un dessin, et plus précisément au dessin dun double mouvement, où le bougé na pas seulement pour fonction danimer limmobile.Tout a commencé par le dessin dun humain qui rappelle les pantins en bois dont se servent les dessinateurs pour donner des poses réalistes à leurs personnages. Lartiste a ensuite animé le dessin. La figure semble alors passer par des mutations indéfinissables jusquà ce que nous la voyions simmobiliser dans une pose inouïe. Le corps y est gauchi par une surprenante contorsion. Le tronc bascule vers larrière, et se courbe jusquà ce que la tête puisse simbriquer dans la fourche de lentrejambe. Alors, un être monstrueusement nouveau apparaît.Dans La torsade, cet être se met à se décomposer et se recomposer en passant par dinfinies arabesques. Dans La marche, il est démultiplié en une infinité de figures identiques les unes aux autres, qui forment un bataillon dincroyables contorsionnistes en train davancer au pas, sans cesse et sans fin. Ils avancent en regardant derrière eux, quand dans les faits ils reculent, le regard fixé vers ce quils croient être la direction vers laquelle ils sacheminent.Philippe Girard multiplie de telles collusions de contraires dans lexposition, le monumental côtoie le minuscule, laplat flirte avec la profondeur, larrière peut aussi bien être lu comme un devant, la mobilité se conjugue avec du surplace, lavancée avec le recul, et ainsi de suite. Philippe Girard ne procède pas ainsi par plaisir ni par caprice, et il ne faut surtout pas y voir là un style. Remarquons plutôt combien la collusion des contraires déchaîne le sens.Car enfin, il ny a guère que le déchaînement du sens qui puisse mettre fin aux articulations du même au même.
Jean-Émile Verdier
N’oubliez pas les concerts des Jeudis tout ouïe à la Galerie B-312
le jeudi 26 janvier 2006 à 20h avec John Sellekaers
Clément de Gaulejac Philippe Girard
12 janvier11 février 2006
Vernissagece jeudi 12 janvier à 17h00
Clément de GaulejacLe bruit du planeur
Performances avec Lucas Joly le 12 janvier à 19h et le 28 janvier à 16h
Philippe GirardD’un appétit sans fin
Clément de GaulejacLe bruit du planeur
Performances avec lucas Joly le jeudi 12 janvier à 19h et le samedi 28 janvier à 16h
La Galerie B-312 présente dans sa grande salle Le bruit du planeur de Clément de Gaulejac, une exposition qui réunit quelques-unes de ses uvres récentes. Lune dentre elles, Le Challenger, est un masque qui reprend trait pour trait le museau de la navette Challenger, qui explosa le 28 janvier 1986, 73 secondes après le décollage. Ce masque sera la figure centrale dune performance présentée les 12 janvier et 28 janvier 2006, et où lartiste fera travailler les reliquats insoupçonnés dune catastrophe.Les uvres de Gaulejac sont souvent le fruit dune sensibilité envers un champ de signification que Roland Barthes reconnaissait dès 1956 comme le champ des mythes contemporains. » Le mythe est une parole » avait-il affirmé dans Mythologies. Cette parole, il la décrivait comme le véhicule dune signification informulée inhérente au contexte historique, qui se love en nous à notre insu, et conduit, toujours à notre insu, nos jugements et nos actes.Un mythe en particulier hante de Gaulejac, et pour cause puisquil sagit du statut de lartiste. Lartiste est-il comme lamateur de vol à voile ? Plane-t-il discrètement sans bruit dans la société en exploitant à son avantage les vents ascendants ? Est-il au contraire, à linstar de louvrier qui aplanit le métal à grands coups de marteau, celui qui agit bruyamment ? Agit-il avec tant de bruit, comme la machine à planer les planches, pour faire disparaître le moindre relief et atteindre ainsi laspect le plus convenable ? Est-il, comme le suggère dans lexposition la pièce La sécurité, celui dont luvre porte un discours de prudence ? Son attitude sapparente-t-elle à ces entreprises
dont » la direction décline toute responsabilité « , comme le veut la formule consacrée, que de Gaulejac récupère pour en faire le titre de lune des uvres de lexposition ?Lartiste travaille souvent ainsi, en annexant à une parole collectivement acceptée une proposition plastique qui crée une distorsion de sens qui peut prêter à sourire, mais révèle aussi le prix idéologique à payer pour partager le même langage.
Philippe GirardD’un appétit sans fin
La Galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa petite salle Dun appétit sans fin, un diptyque de Philippe Girard.
Luvre est composée dune double projection, La marche et La torsade. La première, monumentale, occupe tout un mur. La seconde, de plus petite dimension, est présentée comme une note ajoutée, comme un supplément discret à la saisissante fresque qui accueille le spectateur dès son entrée dans la salle.La technique employée par lartiste pour réaliser ces deux projections est celle du film danimation. Les résultats ne sont pourtant pas réductibles à cette catégorie, car dans les deux cas, nous avons affaire à un dessin, et plus précisément au dessin dun double mouvement, où le bougé na pas seulement pour fonction danimer limmobile.Tout a commencé par le dessin dun humain qui rappelle les pantins en bois dont se servent les dessinateurs pour donner des poses réalistes à leurs personnages. Lartiste a ensuite animé le dessin. La figure semble alors passer par des mutations indéfinissables jusquà ce que nous la voyions simmobiliser dans une pose inouïe. Le corps y est gauchi par une surprenante contorsion. Le tronc bascule vers larrière, et se courbe jusquà ce que la tête puisse simbriquer dans la fourche de lentrejambe. Alors, un être monstrueusement nouveau apparaît.Dans La torsade, cet être se met à se décomposer et se recomposer en passant par dinfinies arabesques. Dans La marche, il est démultiplié en une infinité de figures identiques les unes aux autres, qui forment un bataillon dincroyables contorsionnistes en train davancer au pas, sans cesse et sans fin. Ils avancent en regardant derrière eux, quand dans les faits ils reculent, le regard fixé vers ce quils croient être la direction vers laquelle ils sacheminent.Philippe Girard multiplie de telles collusions de contraires dans lexposition, le monumental côtoie le minuscule, laplat flirte avec la profondeur, larrière peut aussi bien être lu comme un devant, la mobilité se conjugue avec du surplace, lavancée avec le recul, et ainsi de suite. Philippe Girard ne procède pas ainsi par plaisir ni par caprice, et il ne faut surtout pas y voir là un style. Remarquons plutôt combien la collusion des contraires déchaîne le sens.Car enfin, il ny a guère que le déchaînement du sens qui puisse mettre fin aux articulations du même au même.
Jean-Émile Verdier
N’oubliez pas les concerts des Jeudis tout ouïe à la Galerie B-312
le jeudi 26 janvier 2006 à 20h avec John Sellekaers
Montréal (Québec) H3B 1A2