© Annie Descôteaux

Annie Descôteaux et Gabriel Morest, vernissage le jeudi 25 février à 17h30 à la Galerie B-312

La Galerie B-312 est heureuse d’accueillir dans sa petite salle l’exposition Vista d’Annie Descôteaux. Les œuvres de cette artiste montréalaise originaire de Québec sont à son image : vives, dotées d’un humour subtil et d’une intelligence aiguisée. Annie Descôteaux utilise la technique du découpage. Si ses premiers travaux étaient narratifs, elle s’est tournée, au fur à mesure, vers une recherche plus formelle, laissant s’exprimer son attrait pour les lignes pures, mais sans délaisser pour autant la figure. Plantes, œufs au plat, cigarettes, sont autant d’objets du quotidien présents dans ses images. Leurs contours simples associés aux aplats de couleur les conduisent à cette frontière entre le figuratif et l’abstrait. Malgré la simplicité apparente de sa technique, qui semble relever du bricolage, ses réalisations sont le fruit d’un agencement des formes et d’une harmonisation des couleurs élaborés.

S’ils partent de sujets et de savoir-faire issus du quotidien, du populaire, du modeste, ces collages en papier canson coloré sont en même temps une véritable encyclopédie d’histoire de l’art pour l’œil averti. Ils regorgent de références modernes et contemporaines. Justin Bieber, un coussin Ikea, les rayons du Dollarama, peuvent être les éléments déclencheurs, prétextes à ses compositions délicates, tout comme les motifs de Daniel Buren, la palette d’Henri Matisse ou encore les structures de Piet Mondrian. Son exposition à la Galerie B-312 présente quatre œuvres sur papier aux teintes particulièrement saturées et une installation dans l’espace. Car Annie Descôteaux a rapidement ressenti le besoin de transposer les langages visuels qu’elle explore en volume, ce qui ajoute une dimension architecturale à son travail où rationalité et poésie s’entremêlent.
Ophélie Chalabi

 

La Galerie B-312 a le plaisir de présenter dans sa grande salle les œuvres de Gabriel Morest.  Ce sculpteur montréalais, qui s’adonne aussi à la peinture, à la gravure et à la performance, entretient un rapport particulier avec la matière, qu’il expérimente, assemble, moule, tord ou façonne. Tantôt en métal lisse et brillant, tantôt en plâtre grossier et rugueux, tantôt en fourrure, les surfaces de ses œuvres, dans leur diversité, donnent au spectateur une envie irrépressible de les toucher. Pour cette exposition, l’artiste propose une installation réunissant des sculptures où différents matériaux s’accumulent en des formes anthropomorphiques et exubérantes. Bien qu’alignées, ces œuvres se dressent, dégoulinent, voient leurs extrémités se développer dans l’espace. Tout cela donne une impression de mouvement. Ce dynamisme est renforcé par les irrégularités de hauteur du socle commun sur lequel elles prennent place, non sans prendre quelques libertés. Ce dernier, en reliant les œuvres entre elles, apporte une cohérence et donne corps à l’installation. On pourrait voir une surenchère dans le fait qu’il soutienne des pièces où il est déjà difficile de distinguer ce qui relève du support et de l’objet.

Puisant ses figures dans l’histoire de l’art et celle des civilisations, et grâce à la maîtrise de différentes techniques, bustes antiques, masques tribaux et effigies contemporaines se rencontrent en un dialogue tant inattendu que fécond. Leur verticalité confère à ces sculptures un aspect monumental, totémique. Les monuments, qui font partie de notre paysage et qui, souvent, constituent spontanément le point de départ de rassemblements et de manifestations, sont ici détournés. S’ils sont en règle générale une manière de glorifier, de garder en mémoire des personnages ou des événements importants de toutes sortes, ils peuvent aussi commémorer des instants douloureux comme des batailles. Aussi, malgré son aspect de joyeuse procession, on ne saurait nier le caractère inquiétant, voire la violence sous-jacente qui transparait dans cette galerie de portraits.
Ophélie Chalabi

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