Une lettre ouverte du porte-parole du Bloc québécois en culture, Maka Kotto

Devoir de vigilance.

Le triste chapitre des années conservatrices dans lequel nous vivons, dans lequel les mots « idéal » et « solidarité » ont de moins en moins de sens, est particulièrement inquiétant pour le milieu culturel québécois. Alors que les Libéraux essayaient de nous enfoncer un concept d’identité canadienne qui ne correspondait nullement à la réalité québécoise, le gouvernement Harper remet la culture à ce qu’il considère être sa place, c’est-à-dire au bas des priorités de l’État canadien.

On se souviendra de ce collectif québécois qui lançait un appel à l’aide en juin 2006 afin qu’Ottawa augmente le financement du cinéma québécois et qui a reçu un non retentissant en plein milieu des Vacances de la construction de la part de la ministre du Patrimoine. On se souviendra des coupes importantes au ministère du Patrimoine en septembre 2006 alors que le Programme d’aide aux musées était amputé et que le financement des tournées était littéralement éradiqué.

La ministre du Patrimoine a trahi plus récemment sa parole alors que son parti s’était engagé lors des dernières élections à présenter une nouvelle politique muséale. Le 27 novembre 2006, le Comité du Patrimoine de la Chambre des communes demandait au gouvernement de lui soumettre la dite politique avant l’énoncé de son prochain budget et demandait au gouvernement de lui donner une réponse globale. On aura compris que les conservateurs ont passé outre ce rapport du comité et n’ont pas présenté la dite politique muséale avant le budget. Cependant, ils ont donné réponse au comité.

« Le gouvernement collabore avec l’Association des musées canadiens et ses membres afin d’élaborer une vision renouvelée pour le secteur des musées qui répondra mieux aux enjeux et réalités d’aujourd’hui. Elle doit tenir compte du rôle adéquat du gouvernement du Canada par rapport aux rôles joués par les autres ordres de gouvernement et le secteur privé. Les Canadiens et Canadiennes veulent que l’argent qu’ils ont durement gagné soit investi de manière responsable. »

Je ne sais pas pour vous mais, si j’étais du secteur muséal, j’aurais tendance à être très nerveux à la lecture d’une telle réponse. Dans les faits, le gouvernement dit : « On ne sait plus trop quoi faire avec vous. Mais on n’a pas l’intention de gaspiller trop d’argent là-dedans. »

Du cinéma au théâtre en passant par les musées, ce qu’il est facile de constater en jetant un regard sur l’approche de ce gouvernement face à la culture, c’est que les Conservateurs ne s’y intéressent pas.

Le milieu culturel joue un rôle vital au Québec; il est le moteur du rayonnement interne et externe de notre identité, le cœur de notre unicité. La sauvegarde et le développement de la culture québécoise m’apparaissent encore aujourd’hui comme le meilleur argument en faveur de la souveraineté. Les Libéraux ont essayé en vain de nous faire croire qu’elle était un aspect régional d’une plus grande culture « canadian ». Les Conservateurs y vont d’une façon plus pernicieuse en nous donnant à croire que le sujet n’est pas important… Ils se trompent. J’ose croire qu’ils se trompent…

Face à cette triste négation, il faut se lever, vigilants, pour nous affirmer et rappeler que nous existons et que nous ne nous laisserons pas faire.

Maka Kotto
Député de Saint-Lambert
Porte-parole du Bloc Québécois en matière de Patrimoine

Chambre des communes
Édifice de la Justice, Bureau 700
Ottawa, Ontario, K1A 0A6
613-998-5961

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