Mes travaux récents (Re-Enacting Tragedies While My Parents Look On, 2003; Near and Far, 2005; LOTS, 2007; Born Rich, Getting Poorer, 2009) ont tous été créés à partir de sujets qui me sont très proches: ma mère, mon père, mon amoureuse et ma fille, quelques amis intimes ainsi que d’autres artistes complices. Apparaissant à mes côtés dans mon travail, ces derniers me permettent d’exprimer des réflexions sur l’amour, l’échec, l’espoir, la mort, le cinéma, la télévision, le passé, le futur et l’art.
Ma pratique se compose d’anecdotes, de dialogues, d’événements ou de traits de caractères puisés dans la vie réelle, qui sont ensuite mis en scène devant la caméra, puis devant le public, formant des suites expérimentales sur le portrait et la biographie. Je m’intéresse de plus en plus à explorer le processus et l’esthétique de la narration de façon à créer et à suivre le fil évolutif de ma propre histoire et de celle de ceux qui m’entourent.
Dans la vidéo HOTEL TITO, ma mère (ébranlée par un grave problème de santé) confie sa version des événements étranges et menaçants les ayant convaincus, mon père et elle, d’abandonner la Yougoslavie socialiste des années 1960. Elle explique ce qui les a amenés à s’envoler pour le Canada : les rudes conditions de vie, une économie irrationnelle ainsi qu’un état militaire abusif et violent, le tout se manifestant dans leur sphère intime alors qu’ils étaient en pleine lune de miel. En guise de célébration pour cette nuit spéciale, ils ont eu à composer avec un empoisonnement alimentaire, l’absence de tuyauterie à l’intérieur de l’hôtel (pas de toilette intérieure), un âne attaché à la bécosse et, pour conclure, ils ont eu droit à un interrogatoire mené par un groupe de soldats éméchés!
Alors qu’elle raconte son histoire dans la vidéo, je rassemble un groupe de personnes – quelques visages connus de la scène artistique montréalaise dont Sylvain Campeau, Doug Scholes, Jean Lalonde,…) et d’autres amis qui figurent dans mes œuvres antérieures – afin de m’aider à visualiser cet événement qui a eu un impact énorme sur ce que je suis et sur ce pourquoi je suis ici maintenant, éloigné de mon propre patrimoine et de ma propre culture. HOTEL TITO se présente comme une version maison de l’image que je me fais d’une série télé du bloc de l’Est durant les années 1960, ce qu’elle aurait pu avoir l’air sur les plans visuels et sonores. L’œuvre a été doublée en français grâce à la participation d’un autre groupe de personnes, provenant cette fois-ci de la scène artistique de la ville de Québec. Ces derniers animent, mais aussi interprètent cette pièce amateur présentée dans la vidéo.
L’exposition est également accompagnée d’un projet intitulé THESE PAINTINGS, un assortiment de ce que j’appelle de « fausses » abstractions picturales se présentant toutes comme des portraits de Tito (à la fois architecte visionnaire du socialisme et, de 1945 à 1982, impitoyable dictateur de la Yougoslavie). On dit souvent que le Modernisme est né de la catastrophe, de celle de la guerre plus particulièrement. Alors que l’abstraction était illégale en Union Soviétique, elle ne l’était pas dans la Yougoslavie d’après-guerre des années 1950-1960. Elle n’était tout simplement pas une forme artistique reconnue par l’État (le style dominant étant alors le réalisme socialiste). En coulisse, il n’en demeure pas moins que des moyens ont été pris pour décourager cette forme d’art, de façon à déranger la vie des artistes qui tentaient de repousser ces frontières esthétiques. On rapporte des cas où l’intimidation policière ainsi que des allégations de déséquilibre ou de déficience mentaux ont été formulées par des autorités diverses afin de perturber et de dénoncer ces praticiens. Dans ce contexte où l’abstraction picturale était perçue comme une réelle affirmation politique, je souhaite proposer un questionnement quant à sa signification en Yougoslavie
Né à Novi Sad (Serbie) et vivant à Montréal (Québec) depuis 2005, Milutin Gubash a présenté des expositions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Récemment, il a présenté son travail en solo à Montréal, au Musée d’art contemporain (Lots, 2007) et à Optica (Born Rich, Getting Poorer, 2009), à Paris, à la Galerie 3015, et à Marseille, à la RLBQ (Which Way to the Bastille?, 2008). Faisant appel à la photographie, à la vidéo et à la performance, le travail de Gubash met souvent en scène sa famille et ses amis qui jouent leurs propres rôles à l’intérieur de réalisations maison : comédies de mœurs, téléromans, portraits de famille et pièces de théâtre improvisées. Avec des moyens simples et une gestuelle souvent comique, les rôles s’emmêlent et se renversent, passant du simple domestique à différents statuts sociaux et professionnels. C’est ainsi que nous sommes invités à suivre l’artiste qui brasse les idées reçues portant sur nos identités et sur nos environnements.
http://www.milutingubash.com
Pour en savoir plus, visitez: http://www.sagamie.com
Mes travaux récents (Re-Enacting Tragedies While My Parents Look On, 2003; Near and Far, 2005; LOTS, 2007; Born Rich, Getting Poorer, 2009) ont tous été créés à partir de sujets qui me sont très proches: ma mère, mon père, mon amoureuse et ma fille, quelques amis intimes ainsi que d’autres artistes complices. Apparaissant à mes côtés dans mon travail, ces derniers me permettent d’exprimer des réflexions sur l’amour, l’échec, l’espoir, la mort, le cinéma, la télévision, le passé, le futur et l’art.
Ma pratique se compose d’anecdotes, de dialogues, d’événements ou de traits de caractères puisés dans la vie réelle, qui sont ensuite mis en scène devant la caméra, puis devant le public, formant des suites expérimentales sur le portrait et la biographie. Je m’intéresse de plus en plus à explorer le processus et l’esthétique de la narration de façon à créer et à suivre le fil évolutif de ma propre histoire et de celle de ceux qui m’entourent.
Dans la vidéo HOTEL TITO, ma mère (ébranlée par un grave problème de santé) confie sa version des événements étranges et menaçants les ayant convaincus, mon père et elle, d’abandonner la Yougoslavie socialiste des années 1960. Elle explique ce qui les a amenés à s’envoler pour le Canada : les rudes conditions de vie, une économie irrationnelle ainsi qu’un état militaire abusif et violent, le tout se manifestant dans leur sphère intime alors qu’ils étaient en pleine lune de miel. En guise de célébration pour cette nuit spéciale, ils ont eu à composer avec un empoisonnement alimentaire, l’absence de tuyauterie à l’intérieur de l’hôtel (pas de toilette intérieure), un âne attaché à la bécosse et, pour conclure, ils ont eu droit à un interrogatoire mené par un groupe de soldats éméchés!
Alors qu’elle raconte son histoire dans la vidéo, je rassemble un groupe de personnes – quelques visages connus de la scène artistique montréalaise dont Sylvain Campeau, Doug Scholes, Jean Lalonde,…) et d’autres amis qui figurent dans mes œuvres antérieures – afin de m’aider à visualiser cet événement qui a eu un impact énorme sur ce que je suis et sur ce pourquoi je suis ici maintenant, éloigné de mon propre patrimoine et de ma propre culture. HOTEL TITO se présente comme une version maison de l’image que je me fais d’une série télé du bloc de l’Est durant les années 1960, ce qu’elle aurait pu avoir l’air sur les plans visuels et sonores. L’œuvre a été doublée en français grâce à la participation d’un autre groupe de personnes, provenant cette fois-ci de la scène artistique de la ville de Québec. Ces derniers animent, mais aussi interprètent cette pièce amateur présentée dans la vidéo.
L’exposition est également accompagnée d’un projet intitulé THESE PAINTINGS, un assortiment de ce que j’appelle de « fausses » abstractions picturales se présentant toutes comme des portraits de Tito (à la fois architecte visionnaire du socialisme et, de 1945 à 1982, impitoyable dictateur de la Yougoslavie). On dit souvent que le Modernisme est né de la catastrophe, de celle de la guerre plus particulièrement. Alors que l’abstraction était illégale en Union Soviétique, elle ne l’était pas dans la Yougoslavie d’après-guerre des années 1950-1960. Elle n’était tout simplement pas une forme artistique reconnue par l’État (le style dominant étant alors le réalisme socialiste). En coulisse, il n’en demeure pas moins que des moyens ont été pris pour décourager cette forme d’art, de façon à déranger la vie des artistes qui tentaient de repousser ces frontières esthétiques. On rapporte des cas où l’intimidation policière ainsi que des allégations de déséquilibre ou de déficience mentaux ont été formulées par des autorités diverses afin de perturber et de dénoncer ces praticiens. Dans ce contexte où l’abstraction picturale était perçue comme une réelle affirmation politique, je souhaite proposer un questionnement quant à sa signification en Yougoslavie
Né à Novi Sad (Serbie) et vivant à Montréal (Québec) depuis 2005, Milutin Gubash a présenté des expositions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Récemment, il a présenté son travail en solo à Montréal, au Musée d’art contemporain (Lots, 2007) et à Optica (Born Rich, Getting Poorer, 2009), à Paris, à la Galerie 3015, et à Marseille, à la RLBQ (Which Way to the Bastille?, 2008). Faisant appel à la photographie, à la vidéo et à la performance, le travail de Gubash met souvent en scène sa famille et ses amis qui jouent leurs propres rôles à l’intérieur de réalisations maison : comédies de mœurs, téléromans, portraits de famille et pièces de théâtre improvisées. Avec des moyens simples et une gestuelle souvent comique, les rôles s’emmêlent et se renversent, passant du simple domestique à différents statuts sociaux et professionnels. C’est ainsi que nous sommes invités à suivre l’artiste qui brasse les idées reçues portant sur nos identités et sur nos environnements.
http://www.milutingubash.com
Pour en savoir plus, visitez: http://www.sagamie.com
Alma, QC, G8B 5W1