©Tate, London 2013

Tino Sehgal, exposition jusqu’au 28 avril au Musée d’art contemporain de Montréal

Salle 4
Commissaire(s) : Lesley Johnstone

Description
Le Musée d’art contemporain de Montréal présente deux œuvres de Tino Sehgal, l’une plus chorégraphique, et l’autre, fondée sur le discours et l’échange.
Sa création la plus emblématique, Kiss, de 2002, engage un couple à réinterpréter des baisers célèbres dans l’histoire de l’art : dans une séquence minutieusement chorégraphiée en boucle de huit minutes, les deux danseurs passent sans transition d’une pose à l’autre, puis les
rôles s’inversent.

This situation, de 2007, acquise récemment par le MACM en version bilingue français-anglais, s’apparente à un salon contemporain. Puisant dans les citations sélectionnées par Sehgal à partir de cinq siècles de pensée, les interprètes discutent entre eux et avec les visiteurs de divers enjeux : l’esthétique de l’existence ; les implications du passage d’une société de pénurie à une société d’abondance. Les interprètes ont été très soigneusement choisis dans les milieux locaux intellectuels et de la danse par le producteur de Sehgal, qui a travaillé avec eux durant plusieurs semaines à la préparation de l’exposition.

Tino Sehgal, qui est né en Grande-Bretagne en 1976 et vit à Berlin, crée ce qu’il appelle des « situations construites » faites de séquences chorégraphiées et d’instructions orales exécutées par des «joueurs» et «interprètes» à l’intérieur de musées ou de galeries. Différant explicitement de performances, ces actions sont présentées en continuité durant les heures d’ouverture d’un musée, sur une période d’au moins six semaines. Le caractère conceptuel de cette pratique émane d’une réflexion sur ce qui constitue une œuvre d’art et d’une cristallisation de l’expérience de l’art qui, pour Sehgal, débouche sur un engagement direct, ici et maintenant, entre visiteurs et interprètes dans des situations soigneusement chorégraphiées. Le visiteur est perçu comme partie prenante de l’œuvre et peut, s’il ou elle choisit d’y participer, en transformer le déroulement du tout au tout.

L’immatérialité de l’œuvre de Sehgal découle de son antipathie vis-à-vis de l’objet et de sa conviction d’une prolifération excessive de biens dans la société occidentale. L’artiste localise spécifiquement son travail au sein d’un contexte muséal qu’il considère comme un microcosme de notre réalité économique. Lui qui a étudié la danse et l’économie politique place cette dernière au cœur de sa pratique. «Ma grande question, dont je pense qu’elle est celle de ma génération, c’est que la manière dont nous produisons aujourd’hui, la forme sociétale de l’organisation économique, ne vont pas se perpétuer, et que nous serons contraints d’affronter le problème de notre capacité à nous ajuster à ce fait. »

En considération du rejet absolu, par Sehgal, des objets manufacturés, le processus d’acquisition d’une de ses œuvres consiste en une transaction purement orale engageant l’artiste ou l’un de ses représentants, la direction, la conservation et le registrariat du musée, et un juriste. Les conditions d’acquisition et d’installation de l’œuvre sont énoncées, et ainsi mémorisées par tous les assistants ; le prix est négocié et, quand les deux parties parviennent à un accord, on se serre la main. Aucun document écrit n’accompagne cette démarche. Les conditions de présentation spécifient la rémunération de tous les interprètes en plus d’une stricte interdiction de captation vidéo ou photographique, d’impression de communiqués de presse, d’un catalogue, de cartels ou de panneaux didactiques.

Les œuvres les plus récentes de Sehgal sont This variation, qui a été présentée à la Documenta (13) de Cassel, en Allemagne, l’été dernier, et These associations, dans laquelle 70 interprètes emplissent l’immense Turbine Hall de la Tate Modern de Londres. D’importantes expositions individuelles de Sehgal ont eu lieu au Musée Guggenheim de New York, à l’Institute of Contemporary Arts de Londres et au Walker Art Center de Minneapolis, et il a représenté l’Allemagne à la Biennale de Venise, en 2005.

À noter :
Les deux oeuvres sont présentées en continu pendant les heures d’ouverture du Musée.

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