Commissaire : John Zeppetelli
DHC/ART a le plaisir de présenter une exposition consacrée aux films et aux vidéos de Thomas Demand. Commentateur philosophique de l’authenticité du « réel » et des failles de la mémoire, Demand est un photographe allemand de grande réputation qui a d’abord été sculpteur. Aujourd’hui, cependant, ce sont ses images photographiques et en mouvement qui font sa renommée.
Dans son travail, Demand combine la photographie, l’architecture et la sculpture. Il procède habituellement à partir d’une image puisée dans les médias, qu’il fabrique de nouveau à la main, pour en faire une sculpture en papier et en carton, tridimensionnelle et grandeur nature, qui finira par devenir une photographie. Les images qui en résultent sont à la fois très reconnaissables et étrangement distantes. Les prétentions à la vérité, depuis longtemps débattues, de la photographie et la qualité indexicale de l’image photographique jouent un rôle crucial dans ce contexte.
Toujours dépourvus de présence humaine, les photos et les films fascinants de Demand nous attirent dans une réalité qui n’est pas ce qu’elle semble. L’artiste réalise des images à partir de l’image d’une image et qui sont donc triplement en retrait de la réalité. Ces photographies grand format sont le résultat final d’un mouvement tortueux qui commence par une image médiatique (issue du photojournalisme ou de la vidéo de surveillance) illustrant une scène connue impliquant une intrigue politique ou autre méfait, laquelle prendra la forme d’une sculpture en passant par un processus minutieux puis redeviendra une photographie, mais pas tout à fait celle du départ. Il est intéressant de noter que les ensembles tridimensionnels ou sculptures sont détruits une fois que la photographie a été prise.
Les films de Demand suivent la même logique conceptuelle. Pour la plupart, ils consistent en une série d’animations image par image, composée de milliers de photographies individuelles, avec des modifications apportées à chacune d’elles. La pièce de résistance de l’exposition de DHC/ART est l’étonnant Pacific Sun (2012). Extrait d’une séquence captée par une des caméras de surveillance d’un bateau de croisière et diffusée sur YouTube, ce projet est certainement le plus ambitieux de Demand jusqu’à maintenant. Pour recréer la scène de panique dans le restaurant du bateau, il a remis en scène la séquence originale dramatique où l’on voyait chaises, tables et gens aller et venir d’un côté à l’autre de la salle. Dans son film, Demand recrée méticuleusement tous les mouvements de ce presque désastre, mais il omet les gens. Par centaines, des objets de densité, de forme et de poids variés fendent l’air dans des mouvements très soigneusement chorégraphiés pour rendre l’effet étonnamment crédible d’un bateau qui tangue sous les assauts de vagues immenses.
L’exposition présente également Rain (2008), un film merveilleux qui reproduit, avec grâce et précision, le tambourinage de la pluie sur une surface dure. Filmées à travers plusieurs couches de verre, les gouttes d’eau s’écrasent contre un sol en béton dans une monochromie grise d’une exquise et trompeuse simplicité. Finement rendues par des emballages de bonbon qui apparaissent chacun exactement dans trois photogrammes, les centaines de petits éclaboussements d’eau qui dansent à l’écran constituent un autre tour de force chorégraphique. Il en va de même pour Escalator (2001) qui reconstitue une scène déserte prise par une caméra de surveillance montrant un escalator vide à Londres, près du pont de Charing Cross, où un gang a volé et tué un usager. Les images de Demand sont souvent empreintes d’un souvenir lointain de violence ou de calamité. La scène ressemble à la vie, mais elle est également onirique et distante, et on oublie presque que les escalators sont en mouvement : l’un monte, l’autre descend, et ils ne sont pourtant faits que de papier.
Thomas Demand : Animations est présentée en collaboration avec le Des Moines Art Center. Un catalogue bilingue avec des essais de Michael Fried, de Bruce Sterling et de Jeff Fleming, directeur du Des Moines Art Center, accompagne l’exposition.
DHC/ART a le plaisir de présenter une exposition consacrée aux films et aux vidéos de Thomas Demand. Commentateur philosophique de l’authenticité du « réel » et des failles de la mémoire, Demand est un photographe allemand de grande réputation qui a d’abord été sculpteur. Aujourd’hui, cependant, ce sont ses images photographiques et en mouvement qui font sa renommée.
Dans son travail, Demand combine la photographie, l’architecture et la sculpture. Il procède habituellement à partir d’une image puisée dans les médias, qu’il fabrique de nouveau à la main, pour en faire une sculpture en papier et en carton, tridimensionnelle et grandeur nature, qui finira par devenir une photographie. Les images qui en résultent sont à la fois très reconnaissables et étrangement distantes. Les prétentions à la vérité, depuis longtemps débattues, de la photographie et la qualité indexicale de l’image photographique jouent un rôle crucial dans ce contexte.
Toujours dépourvus de présence humaine, les photos et les films fascinants de Demand nous attirent dans une réalité qui n’est pas ce qu’elle semble. L’artiste réalise des images à partir de l’image d’une image et qui sont donc triplement en retrait de la réalité. Ces photographies grand format sont le résultat final d’un mouvement tortueux qui commence par une image médiatique (issue du photojournalisme ou de la vidéo de surveillance) illustrant une scène connue impliquant une intrigue politique ou autre méfait, laquelle prendra la forme d’une sculpture en passant par un processus minutieux puis redeviendra une photographie, mais pas tout à fait celle du départ. Il est intéressant de noter que les ensembles tridimensionnels ou sculptures sont détruits une fois que la photographie a été prise.
Les films de Demand suivent la même logique conceptuelle. Pour la plupart, ils consistent en une série d’animations image par image, composée de milliers de photographies individuelles, avec des modifications apportées à chacune d’elles. La pièce de résistance de l’exposition de DHC/ART est l’étonnant Pacific Sun (2012). Extrait d’une séquence captée par une des caméras de surveillance d’un bateau de croisière et diffusée sur YouTube, ce projet est certainement le plus ambitieux de Demand jusqu’à maintenant. Pour recréer la scène de panique dans le restaurant du bateau, il a remis en scène la séquence originale dramatique où l’on voyait chaises, tables et gens aller et venir d’un côté à l’autre de la salle. Dans son film, Demand recrée méticuleusement tous les mouvements de ce presque désastre, mais il omet les gens. Par centaines, des objets de densité, de forme et de poids variés fendent l’air dans des mouvements très soigneusement chorégraphiés pour rendre l’effet étonnamment crédible d’un bateau qui tangue sous les assauts de vagues immenses.
L’exposition présente également Rain (2008), un film merveilleux qui reproduit, avec grâce et précision, le tambourinage de la pluie sur une surface dure. Filmées à travers plusieurs couches de verre, les gouttes d’eau s’écrasent contre un sol en béton dans une monochromie grise d’une exquise et trompeuse simplicité. Finement rendues par des emballages de bonbon qui apparaissent chacun exactement dans trois photogrammes, les centaines de petits éclaboussements d’eau qui dansent à l’écran constituent un autre tour de force chorégraphique. Il en va de même pour Escalator (2001) qui reconstitue une scène déserte prise par une caméra de surveillance montrant un escalator vide à Londres, près du pont de Charing Cross, où un gang a volé et tué un usager. Les images de Demand sont souvent empreintes d’un souvenir lointain de violence ou de calamité. La scène ressemble à la vie, mais elle est également onirique et distante, et on oublie presque que les escalators sont en mouvement : l’un monte, l’autre descend, et ils ne sont pourtant faits que de papier.
Thomas Demand : Animations est présentée en collaboration avec le Des Moines Art Center. Un catalogue bilingue avec des essais de Michael Fried, de Bruce Sterling et de Jeff Fleming, directeur du Des Moines Art Center, accompagne l’exposition.