Lisa Lipton , Chapter IX: The End, The Impossible Blue Rose, 2016

The Impossible Blue Rose de Lisa Lipton, vernissage le jeudi 19 janvier à 18h à Diagonale

S’abandonner ou renoncer n’est pas un acte de lâcheté ; très souvent, c’est un acte de courage suprême.
-Lisa Lipton
 
Lisa Lipton (Halifax) réunit ici les neuf chapitres de son projet multidisciplinaire et film expérimental THE IMPOSSIBLE BLUE ROSE. Ayant exigé presque quatre années de travail, le projet de l’artiste est l’apogée de moments vidéographiques et théâtraux, mais également de danse, de poésie et de sculpture, surgi durant son voyage onirique et insoumis en Amérique du Nord.
 
Le récit de Lipton suit sa propre voie. Fait de spontanéité et d’intuition, mais ponctuée de personnages, d’objets et de symboles récurrents, celui-ci prend naissance avec Room 95, un film documentant son voyage à travers l’Amérique du Nord, en route vers Los Angeles. Elle y fait la connaissance de joueurs de tambours, échange des contes et trouve un rythme commun en cette rencontre d’espaces personnels/privés avec la scène publique. Depuis, elle rassemble des histoires issues du continent entier – des soirées de danse à Vancouver, la recherche de sa propre tombe à Death Valley et finit par la quête du paradis à Oahu. Pour chaque épisode, le récit de Lisa Lipton se développe à la façon d’un rhizome, accumulant les signifiants comme autant de souvenirs qu’elle dote de sens, réapparaissant tel un écho réorienté en de multiples formes. Ainsi, le palmier tropical – symbole superlatif du paradis et du désir – est d’abord introduit dans le tissu d’un party short californien porté dans Room 95, puis retrouvé, entre autres, sous forme d’accessoire étincelant dans HARANA (chapitre 4). Des renvois nostalgiques à la culture pop des années 1980 et 1990 sont parsemés tout au long, tels que Joey Potter de Dawson’s Creek, Axel Rose, ou l’appropriation de John Cusack dans le film iconique Say Anything.
 
THE IMPOSSIBLE BLUE ROSE est autant une quête métaphysique de soi qu’un « docufiction » interdisciplinaire. Malgré les références chargées, les récits tortueux, les changements de genres et l’ambiguïté générale, il s’en dégage un fort sentiment d’abandon – passé persistant, avenir anticipé, complexes et conventions, flirts avec l’école et l’angoisse adolescente – qui, lui, établit un lien. C’est dans cet échange, que ce soit entre artiste et public, acteurs, musiciens, voire entre les formes variées et polymorphes de la pratique en soi, que le voyage de Lipton se déroule vraiment.

 
-Ryan Doherty

artdiagonale.org/en-cours.html

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