The House of Dust et Unité d’habitation, vernissage le jeudi 15 juin à 17h à la Fonderie Darling

The House of Dust d’Alison Knowles

A Constructed World, Tyler Coburn & Byron Peters, Stéphane Degoutin & Gwenola Wagon, Nicole Fournier, Jeff Guess, Martin Howse, Jonathon Keats, Allan Kaprow, Norman C. Kaplan, Alison Knowles, Lou-Maria Le Brusq, Aurélie Pétrel, Joshua Schwebel et Daniela Silvestrin.

En 1967, Alison Knowles, artiste du mouvement Fluxus, réalise The House of Dust, l’un des premiers poèmes générés par un ordinateur. Chaque quatrain commence par « Une maison en…» suivi par des permutations aléatoires de matériaux, de sites ou de situation, de sources lumineuse et de types d’habitants. En 1969, Knowles traduit l’un des quatrains sous la forme d’une architecture installée à Chelsea puis à CalArts où converge une communauté foisonnante d’artistes et d’étudiants qui y proposent des installations, performances, concerts, cours de poésie, projections de films.

L’exposition présentée à la Fonderie Darling retrace l’histoire de The House of Dust et invite des artistes contemporains à s’emparer de ce poème-partition et à proposer des interprétations nouvelles. Aurélie Pétrel examine les relations entre The House of Dust et le travail de Peter Eisenman à partir de documents du CCA. D’autres œuvres interrogent les phénomènes de traductions entre différents types de langages, de médiums et de subjectivités, une dimension centrale de The House of Dust. Ainsi, A Constructed World interprète l’un des quatrains du poème en réalisant une « maison de papier » destinée à communiquer avec des sculptures d’anguilles et à servir de structure d’accueil à des ateliers, conférences et performances au démarrage de l’exposition.

Cette installation dialogue avec les propositions d’autres artistes invités dont les œuvres interrogent la communication entre les humains et non-humains, animaux, plantes ou machines : Stéphane Dégoutin et Gwenola Wagon, Jeff Guess, Martin Howse, Jonathon Keats, et les participants de Art by Translation Tyler Coburn, Lou-Maria Le Brusq, Joshua Schwebel et Daniela Silvestrin. Knowles propose également une nouvelle version de Gifts Objects For The House of Dust.

Commissariat : Maud Jacquin, Sébastien Pluot, avec Jeff Guess et les participants au programme Art By Translation.

ABT est un programme de recherche et d’expositions porté par L’ESBA TALM-Angers, l’ENSA Paris-Cergy et le CNEAI, Paris.

DEUX «EVENTS SCORES» D’ALISON KNOWLES SERONT PERFORMÉS LE 15 JUIN :

    19H Newspaper Music, 1962
    20H30 Make a Salad, 1962

 
 

Antoine Caron / Unité d’habitation

Artiste émergent, Antoine Caron porte son attention sur la société qui l’entoure et ses représentations collectives en créant des situations de dialogues entre ses œuvres, les visiteurs et leur environnement. Transfigurant la banalité des objets en déconstruisant le regard habituel, Antoine Caron questionne l’essence utilitaire de ces objets, pour en faire des éléments qui s’autodéterminent en dehors de leur utilisation première afin d’analyser des phénomènes sociaux et politiques. Il prête ainsi une attention particulière aux possibilités d’émancipation de ces œuvres et à la pluralité de sens pouvant se créer dans l’œil du visiteur au cours du temps.

Dans le cadre de l’œuvre présentée, Antoine Caron réinterprète le concept d’unité d’habitation en construisant une structure métallique dont chaque module-aquarium est habité par différentes sortes d’algues et par des objets récupérés dans les sous-sols de la Fonderie Darling. Théorisé par Le Corbusier et Nadir Afonso, l’unité d’habitation  est un principe moderne d’architecture qui envisage des complexes d’habitations extrêmement fonctionnels aux allures esthétiques brutales et épurées. L’architecte construit de 1947 à 1952, la première unité d’habitation à Marseille qui prendra le nom de Cité Radieuse, ou encore de Maison du fada. En implantant un composant exogène -culture d’algues- à des composants préexistants -des objets récupérés-, Antoine Caron reprend le modèle de l’unité d’habitation et joue le rôle d’un planificateur urbain, d’un politicien ou encore d’un entrepreneur. Il développe alors une réflexion sur le phénomène de gentrification et le futur des condominiumset porte ainsi un regard critique sur l’utopie de Le Corbusier et l’échec de sa grande Cité Radieuse.

Ces objets du passé laissés à l’abandon prennent ainsi une nouvelle vie. Ils sortent de leur signification première pour revenir aux yeux des visiteurs comme des œuvres écrivant leur propre histoire au cours du temps. En utilisant des algues, éléments biologiques fragiles mais ayant une grande capacité de prolifération, Antoine Caron s’intéresse aussi au potentiel d’échec de son œuvre. Il place alors l’entropie au cœur de sa réalisation en jouant sur la possibilité aléatoire d’extension des algues et sur le devenir multiple de son oeuvre. Ces éléments organiques deviennent des vecteurs de désordre et de désorganisation qui donnent à chaque aquarium une évolution propre, comme autant de métaphores de nos sociétés contemporaines. On y trouve alors une tension certaine entre l’ordre humain et le désordre naturel, le quadrillage des condominiums de verre et  le développement de l’écosystème interne, l’immobilisme des objets et la croissance imprévisibles des algues.

Unité d’habitation est ainsi une œuvre poétique et organique, qui nous plonge au cœur du passé de la Fonderie Darling tout en proposant une vision sur des enjeux politiques et sociaux très actuels. L’œuvre présente tout au long de l’été devient un tissu métallique fait d’interstices à remplir, un cadre troué de lignes de fuites, qui émergera et se transformera au cours de sa période d’exposition. Tout comme Alison Knowles il y a plusieurs décennies, Antoine Caron matérialise pour la Place Publique son propre quatrain, et donne à voir une œuvre ouverte toujours en évolution :

 

Une maison de verre,

       Utilisant la lumière naturelle

              Habitée par des algues et des objets anciens

                    Sur la Place Publique, au cœur de Griffintown

 

Antoine Caron finalise actuellement son baccalauréat en Beaux Arts mention arts plastiques à l’Université Concordia (Montréal).

Après avoir participé tout au long du semestre à un programme de recherche autour de la Place Publique supervisé par Michael Robinson et Caroline Andrieux, Antoine Caron a été sélectionné pour présenter Unité d’habitation dans le cadre de l’exposition The House of Dust d’Alison Knowles, présente dans les salles intérieures de la Fonderie Darling.

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