Texte de la lettre d’ARCA au sujet des coupures effectuées par le gouvernement de la Colombie Britannique dans les programmes d’aide aux arts et à la culture

L’Honorable Kevin Krueger
Ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts
Gouvernement de Colombie-Britannique

Objet : Le financement des arts et de la culture en Colombie-Britannique

Le 17 septembre 2009

Monsieur le Ministre,

La semaine dernière, votre gouvernement a annoncé des coupures sans précédent au soutien des arts dans votre province, jusqu’à 92 %  selon plusieurs critiques. Notre organisme est profondément indigné par ces coupures, qui menacent la vitalité, sinon l’existence même, de plusieurs organisations britanno-colombiennes.

La Conférence des collectifs et des centres d’artistes autogérés est une fédération d’associations régionales de centres d’artistes, présents dans 53 villes canadiennes. Notre Conférence compte neuf associations membres, qui ensemble représentent quelque 175 centres d’artistes au pays. Un de ces membres est la Pacific Association of Artist-Run Centres, qui représente environ 20 centres d’artistes en arts visuels et médiatiques sur le territoire de la Colombie-Britannique.

La Colombie-Britannique est un des hauts lieux des arts au Canada. Au fil des années, ses artistes et ses organismes artistiques ont contribué de façon marquante à l’enviable réputation artistique que notre pays a développé internationalement. Dans le domaine des arts visuels, les artistes et organismes artistiques de Vancouver attirent considérablement d’attention partout à l’étranger. La perte d’un soutien adéquat provoquera un rapide étiolement de cette réputation, fruit d’efforts soutenus au cours de plusieurs années.

Les centres d’artistes autogérés de Colombie-Britannique ont été parmi les précurseurs de ce mouvement canadien très fort, qui a fourni des lieux et un contexte pour que les artistes puissent produire leurs œuvres, les exposer et en discuter. Dans le réseau des centres d’artistes autogérés de Colombie-Britannique, ces coupures sont une catastrophe. Quelques organisations, actives depuis des décennies, pourraient être contraintes à fermer définitivement leurs portes. Ce serait une perte terrible pour notre réseau et pour la culture canadienne dans son ensemble.

Ces coupures sont encore plus inacceptables lorsque l’on considère que l’investissement dans les arts procure, selon de nombreuses études, un très haut rendement. Il ne s’agit pas là d’argent dépensé en activités frivoles, il s’agit d’argent investi dans le tissu même d’une société. Il s’agit d’un investissement qui soutient le plein emploi, l’éducation et le mieux-être de la population. Les arts illuminent la société, ils attirent le tourisme et mettent en valeur les communautés. Ils aident les gens à traverser les périodes difficiles comme à célébrer les jours meilleurs. Dans le contexte de la crise économique actuelle, des administrations aussi différentes que celles du Canada, du Québec, de l’Ontario et de Terre-Neuve ont choisi d’augmenter le soutien aux arts pour stimuler leurs économies. Permettez-nous de vous rappeler que le soutien aux arts en Colombie-Britannique, par personne, est présentement parmi les plus bas au Canada.

Le choix de réduire drastiquement le budget de la culture et des arts, pour mieux soutenir « des besoins plus importants », est un choix fallacieux. Les artistes et les travailleurs culturels sont des citoyens — et des électeurs — comme tous les autres, et leur revenu est parmi les plus bas de tous les travailleurs, souvent sous le seuil de la pauvreté. De plus, les arts contribuent à la roue de l’économie. Les artistes et les organismes artistiques ne travaillent pas en vase clos : ils louent des espaces, ils engagent des travailleurs spécialisés et non-spécialisés, ils donnent de l’emploi aux publicitaires et aux imprimeurs, ils ont besoin d’auteurs et de critiques, et ainsi de suite. En soutenant les organismes artistiques, vous favorisez grandement une économie plus diversifiée, et vous procurez du travail à quelques-uns des groupes les plus démunis de la société.

La Colombie-Britannique investit des milliards dans les prochains Jeux olympiques. Une part significative de ce budget est consacrée à la culture, et nous vous en félicitons chaleureusement. Malgré le caractère exceptionnel de cet événement, il ne faut pas perdre de vue que les arts et la culture n’existent pas que durant deux semaines, à tous les quatre ans. La culture et les arts doivent être soutenus sur une base régulière, comme une patiente construction de l’identité collective. Est-ce que la Colombie-Britannique veut montrer au monde entier, en parallèle aux Jeux olympiques, un milieu artistique provincial dépouillé de ses ressources essentielles, et un tissu social fragilisé parce que ses artistes n’ont pas les moyens de produire leurs œuvres et que les travailleurs culturels sont chômeurs depuis que leurs organisations sont défuntes?

Nous sommes convaincus que ce n’est pas le type de société que vous désirez pour les citoyens de Colombie-Britannique. Voilà pourquoi, monsieur le Ministre, la Conférence des collectifs et des centres d’artistes autogérés vous demande de reconsidérer votre décision et de rétablir les budgets nécessaires au plein épanouissement des arts en Colombie-Britannique.

Le directeur,

Daniel Roy

La Conférence des collectifs et des centres d’artistes autogérés est formée de sept associations régionales et de deux associations spécifiques :

Pacific Association of Artist-Run Centres (PAARC)
Alberta Association of Artist-Run Centres (AAARC)
Plains Artist-Run Centres Association (PARCA)
VERRUE (Manitoba)
Artist-Run Centres and Collectives of Ontario (ARCCO)
Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec (RCAAQ)
Association of Artist-Run Centres from the Atlantic (AARCA)
The Aboriginal Region / La région autochtone
Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF)

 

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