Graeme Patterson, Player Piano Waltz, 2013

Seuls ensemble, exposition du 18 mai au 26 août au Musée d’art contemporain de Montréal

Quatre artistes canadiens appartenant à la même génération sont rassemblés dans ce nouveau Tableau autour d’un énoncé simple et complexe : Seuls ensemble. La solitude étant comprise comme souveraine au fondement de l’être, comment s’exprime-t-elle dans une époque de connectivité sans précédent?

Dans cette nouvelle exposition de la collection, Sarah Anne Johnson revisite un festival de musique et crée une archive photographique de ces bacchanales contemporaines, des rituels collectifs lors desquels les contraintes sociétales sont remplacées par une liberté intoxiquée. Les scènes de la série Field Trip combinent euphorie et esthétique psychédélique. Le caractère éphémère de l’expérience individuelle vécue révèle la futilité d’une certaine utopie recherchée par la communauté de festivaliers.

Graeme Patterson met en scène une réflexion sur les aléas de l’amitié masculine ainsi que sur le passage vers l’âge adulte comme transition de l’état collectif de l’enfance à l’état solitaire marquant la condition de la maturité. Player Piano Waltz est une installation sculpturale et vidéographique qui consiste en la maquette d’un bar logé dans un hôtel des années 1920 et perché sur un piano mécanique. L’édifice s’active lorsqu’un visiteur insère une pièce de monnaie dans le piano. Des films d’animation sont projetés dans les pièces du bâtiment au son d’une musique mélancolique composée par l’artiste. Les interactions des protagonistes s’essoufflent jusqu’à ce qu’ils se retrouvent seuls ensemble dans un bar sans nom.

Jon Rafman pose un regard lucide et acide sur les technologies numériques et les nouveaux médias. Les visiteurs sont invités à visionner le film Erysichthon isolés dans une cabine de verre, s’exposant aux regards des autres passants. L’expérience de l’œuvre nous démontre l’emprise de la technologie sur la conscience contemporaine et porte un regard à la fois nostalgique et ironique sur les conventions sociales ainsi que sur nos communautés virtuelles aux réalités déconcertantes.

La série de photographies Towards Universal Pattern Recognition réalisée par Jeremy Shaw cristallise, sous le prisme d’images à la matérialité prédominante, le concept de ravissement. Ce dernier use de photographies d’archives illustrant des communautés d’individus faisant, notamment lors d’événements religieux, des expériences transcendantales et mystiques. Il encapsule des images documentaires à l’intérieur de formes prismatiques et cible, tel un point de fuite, la zone où se loge le noyau de l’expérience transcendantale. L’effet kaléidoscopique et la distorsion de l’image illustrent explicitement cet état de ravissement qui ouvre sur des réalités parallèles et multiples.

Comment notre usage des nouvelles technologies, notre participation aux grands rassemblements politiques et religieux, notre fréquentation des lieux publics et des événements festifs redéfinissent-ils notre individualité, nos espaces d’intimité et d’intériorité? Chacun à leur manière, Sarah Anne Johnson, Jeremy Shaw, Jon Rafman et Graeme Patterson réfléchissent aux paradoxes de notre société et du concept de communauté.

Tableau(x) d’une exposition est un cycle d’expositions évolutif développé à partir des œuvres de la collection, dont l’objectif est de créer des dialogues inédits entre les œuvres historiques et les nouvelles acquisitions, entre les nombreux médiums et les artistes de diverses générations.

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