Rober Racine reçoit le prix Paul-Émile-Borduas 2007

C’est à l’artiste visuel Rober Racine qu’est décerné cette année le prix Paul-Émile-Borduas, la plus prestigieuse récompense accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts visuels, des métiers d’art, de l’architecture et du design. Inclassable et protéiforme, l’œuvre de Rober Racine, qui s’élabore au confluent de différentes disciplines artistiques, est en soi une performance, une fascinante tentative de représenter le réel en transformant les mots en images et en sons.

Rober Racine vit et travaille à Montréal où il est né en 1956. Il est à la fois musicien, romancier, performeur et dessinateur. Chez lui, l’étrangeté et la poésie sont partout présentes et toute son œuvre est placée sous le signe de la démesure.

En 1978, à 22 ans, Rober Racine fait un récital marathon en jouant au piano 840 fois de suite les Vexations d’Érik Satie. Il déclame en 1980 le Salammbô de Flaubert tout d’une traite. Racine passe presque dix ans de sa vie à découper les pages du Petit Robert car les mots hantent cet artiste qui, depuis 1979, rêve « d’un espace public permanent où tous les mots de la langue française et leurs définitions imprimés sur des petits panneaux seraient plantés au sol, répartis en quartiers de mots ». Une préfiguration de ce Parc de la langue française a été montrée en 1992 à la Documenta de Kassel en Allemagne avec la lettre K. En 1988, ce sont 2130 Pages-Miroirs qui sont achevées.

Le premier roman de Rober Racine, Le mal de Vienne, paraît en 1992 et est suivi cinq ans plus tard de Là-bas, tout près. Son troisième roman, L’ombre de la Terre, est publié en 2002, et témoigne de la passion de l’artiste pour l’espace. En font foi également des oeuvres présentées en exposition en 1999 et ayant pour thème l’espace et l’astronomie, et portant des titres tels Effleurer le sommeil des comètes, Selena et Spica, des noms d’étoiles.

En tant qu’artiste, Racine a participé à plusieurs expositions dans le monde, tant individuelles que collectives, notamment à la Biennale de Venise en 1990 et à celle de Sydney, en Australie, la même année. Les œuvres de Rober Racine font partie des plus prestigieuses collections québécoises et canadiennes. Depuis 2002, l’artiste a produit des centaines de dessins de vautours, cycle qui culmine en 2006 quand il réalise et expose un tableau de grand format intitulé La fin des vautours.

Rober Racine a été chroniqueur culturel à la radio de Radio-Canada. Il a collaboré avec des chorégraphes réputés, récité un feuilleton radiophonique pour six ou sept personnages ainsi qu’une pièce de théâtre, écrit plus de soixante-dix articles de critique d’art, collaboré avec d’autres créateurs tels que Marie Chouinard, Raymond Gervais, Irène Whittome et Robert Marcel Lepage.

Lauréat du prix Louis-Comtois, remis par l’Association des galeries d’art contemporain de Montréal et la Ville de Montréal en 1998, et du prix Ozias-Leduc de la Fondation Émile-Nelligan en 1999, il a reçu le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec en 2003 pour son roman L’ombre de la Terre .

Le prix Paul-Émile-Borduas qui est attribué aujourd’hui à Rober Racine souligne la singularité de l’aventure artistique de ce créateur pour qui les défis, aussi exigeants puissent-ils paraître, ne sont jamais irréalisables.

Photo de groupe des lauréats

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