Commissaire: John Zeppetelli
La Fondation DHC/ART a le plaisir de présenter la première exposition canadienne d’importance à être consacrée à l’artiste brooklynois Cory Arcangel. D’abord formé en guitare classique et en technologie musicale au Conservatoire de musique d’Oberlin, en Ohio, Cory Arcangel est maintenant reconnu comme l’ardent défenseur d’un art informatique aux accents pop.
Arcangel se sert du potentiel anarchique d’Internet et de sa culture utopique de source libre pour réaliser des œuvres qui mettent à mal la notion d’auteur ainsi que le statut et la valeur de l’objet d’art. Explorant à la fois les promesses et les illusions que présentent les logiciels, gadgets électroniques, jeux et autres dispositifs – en faisant ressortir combien vite ils deviennent désuets –, l’art d’Arcangel est à la fois une ode à l’obsolescence programmée de la technologie et une célébration, empreinte d’esprit, de son bruit, de ses répétitions insensées et de ses inévitables échecs.
Arcangel s’amuse sérieusement aux dépens des ordinateurs : il est connu pour avoir mis hors d’état des jeux Nintendo; pour avoir piraté, modifié ou manipulé des logiciels; pour s’être approprié et avoir réédité des supports imprimés ou des vidéos YouTube afin d’en faire sortir des sens nouveaux et insoupçonnés, de provoquer un humour sardonique, d’évoquer des traditions en histoire de l’art ou, tout simplement, par pur plaisir. Tout cela semble orchestré d’un point de vue profane et sincère, mais aussi de la position conceptuellement avertie du spécialiste.
La musique joue encore un rôle central dans la pratique de Cory Arcangel. Occupant une place de choix à DHC/ART, l’envoûtante construction à écran double de Sweet 16 (2006) emprunte à l’avant-garde son concept de déphasage pour créer une nouvelle composition à partir de deux vidéoclips, brefs mais presque identiques, de Guns N’ Roses, tandis qu’une œuvre atonale de Schoenberg est délicieusement – et presque parfaitement – rendue sur vidéo par des chats marchant sur divers claviers dans Drei Klaviertucke op. 11 (2009).
La musique résonne également dans AUDMCRS Underground Dance Music Collection of Recorded Sound (2011-2012). Dans cette œuvre majeure d’Arcangel, une collection de plus de 800 vinyles de musique trance, achetée à un DJ à la retraite, est soumise à la rigueur d’un système de bibliothéconomie. Cette collection de disques de 12 pouces, des objets essentiellement obsolètes en termes aussi bien de forme que de contenu, acquiert ainsi un statut d’archives autonomes, indépendantes et interactives. La musique trance partage ici son espace avec le rock : The Bruce Springsteen Born to Run Glockenspiel Addendum, partition et édition CD datant toutes deux de 2006, fait se chevaucher une composition au glockenspiel et cet album mythique qui a marqué son époque.
Parmi de nombreuses autres œuvres, dont des jeux vidéo trafiqués, une nouvelle sculpture, un site Web et une performance, ainsi que des tirages réalisés précisément pour cette exposition, la présentation à DHC/ART comprend l’installation vidéo Colors (2009). Grâce à un logiciel spécialement conçu, le film policier Colors, de 1987, est diffusé une ligne horizontale de pixels à la fois, alors que la bande sonore demeure intacte. Il en résulte la transformation d’un long métrage sur les relations raciales en une abstraction sobre composée de bandes de couleur verticales vibrant et bougeant constamment. Pour l’émouvante œuvre Data Diaries (2003), Arcangel a instruit QuickTime de lire les données de la mémoire vive de son propre ordinateur comme s’il s’agissait d’un fichier de film, faisant ainsi ressortir la vie intérieure informatique de l’appareil dans une suite de superbes motifs de couleurs et de pixels. Pendant un mois, il a réalisé une vidéo par jour pour donner une forme visuelle à 30 entrées de journal documentant toutes les activités solitaires de son ordinateur : courriels, téléchargements, navigation, etc.
Enfin, nous sommes heureux de présenter une sélection tirée de la série Photoshop Gradient Demonstrations. Composées de grandes photographies à développement chromogène impeccablement réalisées, ces images découlent d’un simple clic sur l’outil de retouche gradient de Photoshop qui a transformé, de manière inouïe, des documents de départ en objets de luxe qui rappellent la peinture abstraite. Obligeamment, les titres de ces œuvres uniques sont en fait des indications précises sur la manière dont on peut potentiellement les recréer chez soi : Photoshop CS: 84 by 66 inches, 300 DPI, RGB, square pixels, default gradient “Blue, Red, Yellow” (turn reverse on), mousedown y=25150 x=0, mouseup y=0 x=19750 (2011).
On peut trouver des liens à tous les projets de Cory Arcangel sur son site exhaustif « Official Portfolio Website and Portal », à www.coryarcangel.com
Causerie avec Cory Arcangel le 21 juin, 2013 à 12h
Cory Arcangel et D’Eon exécuteront des compositions originales pour clavier le 26 Septembre, 2013
Commissaire: John Zeppetelli
La Fondation DHC/ART a le plaisir de présenter la première exposition canadienne d’importance à être consacrée à l’artiste brooklynois Cory Arcangel. D’abord formé en guitare classique et en technologie musicale au Conservatoire de musique d’Oberlin, en Ohio, Cory Arcangel est maintenant reconnu comme l’ardent défenseur d’un art informatique aux accents pop.
Arcangel se sert du potentiel anarchique d’Internet et de sa culture utopique de source libre pour réaliser des œuvres qui mettent à mal la notion d’auteur ainsi que le statut et la valeur de l’objet d’art. Explorant à la fois les promesses et les illusions que présentent les logiciels, gadgets électroniques, jeux et autres dispositifs – en faisant ressortir combien vite ils deviennent désuets –, l’art d’Arcangel est à la fois une ode à l’obsolescence programmée de la technologie et une célébration, empreinte d’esprit, de son bruit, de ses répétitions insensées et de ses inévitables échecs.
Arcangel s’amuse sérieusement aux dépens des ordinateurs : il est connu pour avoir mis hors d’état des jeux Nintendo; pour avoir piraté, modifié ou manipulé des logiciels; pour s’être approprié et avoir réédité des supports imprimés ou des vidéos YouTube afin d’en faire sortir des sens nouveaux et insoupçonnés, de provoquer un humour sardonique, d’évoquer des traditions en histoire de l’art ou, tout simplement, par pur plaisir. Tout cela semble orchestré d’un point de vue profane et sincère, mais aussi de la position conceptuellement avertie du spécialiste.
La musique joue encore un rôle central dans la pratique de Cory Arcangel. Occupant une place de choix à DHC/ART, l’envoûtante construction à écran double de Sweet 16 (2006) emprunte à l’avant-garde son concept de déphasage pour créer une nouvelle composition à partir de deux vidéoclips, brefs mais presque identiques, de Guns N’ Roses, tandis qu’une œuvre atonale de Schoenberg est délicieusement – et presque parfaitement – rendue sur vidéo par des chats marchant sur divers claviers dans Drei Klaviertucke op. 11 (2009).
La musique résonne également dans AUDMCRS Underground Dance Music Collection of Recorded Sound (2011-2012). Dans cette œuvre majeure d’Arcangel, une collection de plus de 800 vinyles de musique trance, achetée à un DJ à la retraite, est soumise à la rigueur d’un système de bibliothéconomie. Cette collection de disques de 12 pouces, des objets essentiellement obsolètes en termes aussi bien de forme que de contenu, acquiert ainsi un statut d’archives autonomes, indépendantes et interactives. La musique trance partage ici son espace avec le rock : The Bruce Springsteen Born to Run Glockenspiel Addendum, partition et édition CD datant toutes deux de 2006, fait se chevaucher une composition au glockenspiel et cet album mythique qui a marqué son époque.
Parmi de nombreuses autres œuvres, dont des jeux vidéo trafiqués, une nouvelle sculpture, un site Web et une performance, ainsi que des tirages réalisés précisément pour cette exposition, la présentation à DHC/ART comprend l’installation vidéo Colors (2009). Grâce à un logiciel spécialement conçu, le film policier Colors, de 1987, est diffusé une ligne horizontale de pixels à la fois, alors que la bande sonore demeure intacte. Il en résulte la transformation d’un long métrage sur les relations raciales en une abstraction sobre composée de bandes de couleur verticales vibrant et bougeant constamment. Pour l’émouvante œuvre Data Diaries (2003), Arcangel a instruit QuickTime de lire les données de la mémoire vive de son propre ordinateur comme s’il s’agissait d’un fichier de film, faisant ainsi ressortir la vie intérieure informatique de l’appareil dans une suite de superbes motifs de couleurs et de pixels. Pendant un mois, il a réalisé une vidéo par jour pour donner une forme visuelle à 30 entrées de journal documentant toutes les activités solitaires de son ordinateur : courriels, téléchargements, navigation, etc.
Enfin, nous sommes heureux de présenter une sélection tirée de la série Photoshop Gradient Demonstrations. Composées de grandes photographies à développement chromogène impeccablement réalisées, ces images découlent d’un simple clic sur l’outil de retouche gradient de Photoshop qui a transformé, de manière inouïe, des documents de départ en objets de luxe qui rappellent la peinture abstraite. Obligeamment, les titres de ces œuvres uniques sont en fait des indications précises sur la manière dont on peut potentiellement les recréer chez soi : Photoshop CS: 84 by 66 inches, 300 DPI, RGB, square pixels, default gradient “Blue, Red, Yellow” (turn reverse on), mousedown y=25150 x=0, mouseup y=0 x=19750 (2011).
On peut trouver des liens à tous les projets de Cory Arcangel sur son site exhaustif « Official Portfolio Website and Portal », à www.coryarcangel.com
Causerie avec Cory Arcangel le 21 juin, 2013 à 12h
Cory Arcangel et D’Eon exécuteront des compositions originales pour clavier le 26 Septembre, 2013