Perte de liberté ou incompréhension?

Le centre d’artistes Espace Virtuel a bénéficié d’une visibilité inattendue au cours des derniers jours dans les médias suite au retrait de deux tableaux de l’exposition Perte de naïveté ou infantilisation? de l’artiste montréalais, Bruno Gareau. Suite à de nombreuses plaintes, le lundi 12 mars 2007, Ville de Saguenay et le Cégep de Chicoutimi nous ont demandé de déplacer le tableau Naïveté prenant place dans la salle 2, un couloir reliant deux ailes du Cégep, et un second tableau, intitulé Cowboy, à l’entrée de la Salle 1. Ville de Saguenay et le Cégep de Chicoutimi considéraient la diffusion de ces deux ¦uvres inadéquate dans un établissement d’enseignement, vu leur propos. Espace Virtuel est situé dans les locaux du Cégep de Chicoutimi, lieu loué par Ville de Saguenay pour la tenue des activités artistiques du centre.

Espace Virtuel a pris la décision de retirer les tableaux, plutôt que de les déplacer comme il nous était suggéré, considérant que l’installation des oeuvres fait intégralement partie du travail de l’artiste. Nous avons également prévenu les visiteurs que l’exposition s’adressait à un public averti par des affiches disposées aux entrées des salles. Aussi, nous avons considéré le fait que la salle 2 est un espace commun, partagé avec les utilisateurs de l’établissement d’enseignement. Espace Virtuel a donc accepté de prendre ces mesures de compromis, mais soutiens que cette intervention est une limitation à la liberté d’expression. Nous croyons qu’il y a eu un glissement dans l’interprétation des ¦uvres de Bruno Gareau. Espace Virtuel a le mandat de favoriser le développement, la recherche et la diffusion de l’art visuel actuel, et ce, depuis bientôt 50 ans. La situation actuelle remet en cause le large spectre de nos choix et de nos interventions artistiques.

Abordée comme un moyen de réflexion critique, la pratique de Bruno Gareau traite de l’effet de la propagation d’images subjectives de la sexualité qui a entre autres comme influence d’infantiliser l’adulte et paradoxalement de voler l’innocence des jeunes. «Plutôt que de seulement chercher à dénoncer un phénomène, je tente de développer des mécanismes permettant au regardeur d’entrer dans un questionnement éthique face à l’image séductrice et stimulatrice de désir.» Citation de Bruno Gareau

L’exposition se poursuit jusqu’au 13 avril 2007.

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