Perfect Skin de Grégory Chatonsky et Dominique Sirois, vernissage le jeudi 18 janvier à 18h à Diagonale

Partant de la figure de Kim Kardashian et du livre de Boris Groys « En public », Grégory Chatonsky et Dominique Sirois explorent l’évolution de la subjectivité et du corps dans le contexte d’Internet. Si la star de téléréalité explique qu’elle n’a d’autre talent que celui de vivre, c’est que la publication de ses selfies « likés » par des millions d’internautes sur Instagram alimente une célébrité autoréférentielle qui boucle sur elle-même. Sa peau orangée semble épouser les reliefs du réseau et constituer le paysage contemporain d’une célébrité pour tous qu’Andy Warhol avait anticipé. Cette peau humaine, trop humaine, se dégrade à mesure qu’on s’en rapproche. Elle laisse voir ses imperfections et ses fissures à la manière de la façade des bâtiments abîmés par le passage des saisons. Cette peau étendue sous notre regard réactualise l’art du portrait et la statuaire antique, c’est-à-dire le désir de représenter, de répéter le paradoxe du sens intime : « je est un autre » dit-il. L’altérité se répand à présent sans limites sur les réseaux sociaux.
 
Avec « Perfect Skin », le duo d’artistes franco-canadien propose le troisième volet de leur recherche sur le futur antérieur de notre époque. Avec « Télofossiles » (2013), ils s’étaient demandés ce qu’il resterait dans quelques milliers d’années après la disparition de notre civilisation. « Des mémoires éteintes » (2015) s’étaient penchées sur la découverte des serveurs de Google par une intelligence extra-terrestre. Cet épisode poursuit l’histoire de notre temps et se tourne par une multiplicité de médiums (photographie, vidéo, tissu, céramique, réalité virtuelle, etc.) vers les visages, les corps et les peaux dont les représentations ont explosé avec le réseau. Tout se passe comme si toutes ces images pouvaient être assemblées en une seule telle la cartographie d’un corps collectif et désirant.

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