Pascal Dufaux en résidence à Sagamie

Le crépuscule commence à l’instant où le Soleil semble toucher l’horizon terrestre : c’est le moment où l’épaisseur atmosphérique de la terre renvoie dans l’espace la presque totalité du spectre de la lumière solaire pour ne laisser traverser que les ondes lumineuses de basses fréquences de la gamme des rouges. J’y vois une analogie avec le rouge qui baigne notre regard interne lorsque nos paupières se ferment et que nous faisons la nuit en nous.

C’est le rouge du sang, la couleur de nos rêves, le rouge du minerai de fer, cet élément qui abonde en nous comme dans le cœur des planètes et des étoiles. Si le crépuscule terrestre est rouge, c’est que la nuit baigne dans les lueurs invisibles de l’infra rouge.

C’est aussi l’infra rouge d’une machine de vision nocturne que j’avais installée dans le paysage marin de Saint-Jean-Port-Joli, pendant l’été 2012, lors d’une résidence de création à Est-Nord-Est. Machine-sculpture que je déplaçais la nuit et que je laissais tourner afin d’enregistrer l’enveloppement du noir sur le territoire, dans l’espoir peut-être de me révéler certaines apparitions réelles ou imaginaires et de conjurer la peur de l’inconnu.

Ce que j’y ai découvert, c’est les présences lumineuses et concrètes des êtres de chair et de sang que j’y ai rencontrés, que j’ai aimés et qui habiteront longtemps ma mémoire. Au final, cette série photographique est un croisement entre une collection d’images mentales ayant imprégné mon psychisme et le songe électrique d’une caméra de surveillance s’étant égaré dans le paysage.

Pascal Dufaux crée des sculptures vidéo cinétiques avec lesquelles il produit photographies et installations médiatiques. Depuis 2008, son travail a été vu à travers le Canada, au Mexique, en France, en Suisse, en Autriche et en Allemagne. Pascal Dufaux est représenté par la Galerie Christian Lambert à Montréal.

http://pascaldufaux.com/

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