Ouverture en Chine pour les artistes d’ici

Ambassade du Canada, Beijing

L’internationalisation de la culture en Chine : Implications pour le Canada

Ottawa, 7 mars 2003

Résumé

Le secteur chinois des arts et de la culture gagne en taille, en sophistication et en diversité grâce à la forte croissance économique du pays et à l’émergence d’une classe moyenne dans les régions urbaines. Cette tendance ouvre non seulement des débouchés intéressants pour les entreprises, les institutions et les artistes étrangers, mais nous permet aussi d’accroître l’efficacité de notre diplomatie publique en Chine.

  • Le gouvernement chinois n’exerce plus un contrôle exclusif sur le secteur culturel et médiatique, et a considérablement réduit la surveillance et la censure dans ces secteurs. Tout comme les activités des secteurs non gouvernemental et privé, les échanges culturels à l’échelle internationale se développent rapidement, en partie à la faveur des changements apportés par le gouvernement aux lois et règlements chinois.
  • Dans toutes les disciplines, de la danse moderne à l’architecture, de nouveaux mouvements fleurissent où artistes et impresarios expérimentent de nouvelles idées, assimilent les tendances artistiques mondiales et sont en contact avec de nouveaux (et souvent jeunes) publics.
  • Les créations modernes chinoises et son riche répertoire d’arts traditionnels commencent à être reconnus à l’échelle internationale et à faire sentir leur présence dans divers milieux. Le gouvernement chinois fait des investissements stratégiques considérables dans certaines installations et certains événements culturels choisis, afin de doter la Chine d’infrastructures culturelles de calibre international et d’attirer l’attention sur la scène mondiale.
  • Les étrangers désirant collaborer avec des institutions culturelles et artistes chinois font face à plusieurs défis, y compris le manque d’expérience en gestion artistique, les installations rudimentaires, la censure, et les sensibilités politiques. Toutefois, étant donné la poussée de créativité des artistes, la hausse de la demande pour les produits culturels, ainsi que la restructuration du secteur, on peut s’attendre à ce qu’il y ait bientôt de meilleures conditions pour les échanges culturels en Chine.

Les protagonistes et les partenaires potentiels pour les institutions et artistes étrangers en Chine sont de plus en plus nombreux, à mesure que le gouvernement restructure les établissements culturels et les médias. Cela force ainsi certains organismes à faire concurrence avec le secteur privé, à ouvrir davantage la porte aux échanges culturels avec l’étranger, et à laisser plus de latitude aux activités de groupes du secteur privé dans le domaine des arts et de la culture.

  • Le rôle dominant que jouait le ministère de la Culture et l’Administration d’État de la radio, du cinéma et de la télévision dans le secteur culturel se transforme graduellement en un rôle de réglementation. Leurs organes opérationnels, qui monopolisaient jadis le marché culturel chinois, sont en voie d’être restructurés en sociétés d’État qui sont appelées de plus en plus à concurrencer un secteur privé en expansion.
  • Avec le soutien du gouvernement, plusieurs grandes installations culturelles et manifestations internationales dans les domaines des arts de l’interprétation, des arts visuels, du cinéma et de la télévision acquièrent un retentissement international.
  • En Chine, les initiatives du secteur privé et des organismes non axés sur le profit sont de plus en plus nombreuses. Cela produit de nombreux débouchés aux niveaux de l’exploitation de galeries d’art, de la gestion d’événements spéciaux, et de la production culturelle proprement dite. Un nombre grandissant d’écoles et de centres de recherche en arts et médias apparaît sur la scène chinoise, devenant des courroies de transmission pour l’épanouissement des arts.

Vu la demande croissante dont font l’objet les arts et la culture étrangers en Chine, il est opportun :

  • d’organiser prochainement une réunion sur les développements en Chine en lesquels la communauté artistique et culturelle a un intérêt particulier, et d’offrir aux participants intéressés l’occasion d’exposer leurs points de vue sur : les relations culturelles sino-canadiennes, les besoins et les attentes de leurs clients, et leurs activités et projets d’avenir;
  • d’échanger des idées sur ce que peuvent faire les représentants du Canada en Chine pour promouvoir les relations artistiques et culturelles sino-canadiennes;
  • d’envisager l’établissement d’un réseau informel d’institutions et d’organismes qui faciliterait l’échange d’informations entre ses membres sur leurs projets relatifs à la Chine. Ce réseau chercherait aussi à identifier les difficultés opérationnelles communes et les pratiques exemplaires pour leur faire face, y compris dans les domaines des procédures de financement, du développement de projets et de la gestion des relations avec les partenaires chinois. […]

2.2 Les arts visuels et médiatiques

En Chine, les communautés liées aux arts visuels et médiatiques et au design peuvent davantage avoir accès à des galeries de calibre professionnel et tenir des expositions dans des petits espaces indépendants. Dans la même mesure où le gouvernement a réduit son influence sur l’art d’avant-garde et la pression qu’il lui imposait quelquefois, il a commencé à inclure les arts contemporains dans les festivals, les musées, les expositions, etc. Il y a une nouvelle capacité et un nouvel engagement à promouvoir l’art visuel contemporain dans les institutions officielles de la culture :

  • Le Musée d’art de Shanghai, qui a accueilli récemment l’exposition canadienne d’art contemporain » 15 Peintres «, est la seule galerie importante de Chine, sous administration gouvernementale, à se consacrer à l’art contemporain. La Galerie nationale des arts de Chine (actuellement en rénovation), la Galerie d’art du monument du Siècle de Chine, et le Musée d’art de Guangzhou (qui a été inauguré en 2000 et a accueilli la Triennale de Guangzhou) offrent des espaces de calibre international pour des expositions sur l’art contemporain.
  • La Biennale de Shanghai est l’événement proéminent de Chine en arts visuels; elle est officiellement commanditée par le gouvernement municipal de Shanghai et relève théoriquement du Festival international des arts de Shanghai. En 2000, la Biennale de Shanghai a démontré son potentiel d’événement culturel majeur, digne de l’attention internationale, et elle présente une vaste gamme d’arts contemporains, dont la vidéo et l’art d’installation; pour la première fois elle avait invité des artistes internationaux à y participer. Tenue au Musée d’art de Shanghai, cette exposition a rassemblé bon nombre d’artistes chinois contemporains, des chefs de file comme des nouveaux, dont un certain nombre qui demeure actuellement à l’extérieur de la Chine. La Biennale de Shanghai 2002 a poursuivi sa tendance de développement. L’évolution de la Biennale de Shanghai a encouragé le lancement de la Biennale de Chengdu et de la Triennale de Guangzhou, lesquelles se consacrent à l’art contemporain innovateur, même si leur portée n’atteint par encore le niveau international.
  • Plus récemment, le ministère de la Culture et l’Association chinoise des artistes ont annoncé leurs plans de tenir la première Biennale internationale d’art de Beijing, au Musée du monument du Siècle, du 20 septembre au 20 octobre 2003, sur le thème » Innovation : contemporaine et régionale «.
  • La Foire des arts de Shanghai est un événement annuel depuis 1997. Tenue au Shanghai Mart, le lieu le plus important de Shanghai en matière d’expositions commerciales et de foires, la Foire des arts de Shanghai est importante lors des années où la Biennale ne se tient pas, et elle fait partie du Festival international des arts de Shanghai. Elle a permis de présenter des œuvres internationales majeures au grand public (par ex. en 2000, Le Penseur de Rodin), et des œuvres de Picasso, Matisse, et Chagall, de même que des œuvres d’artistes chinois importants. Dans son édition la plus récente, plus de 600 galeries et compagnies artistiques de 30 pays et territoires y ont présenté 50000 œuvres d’art. Elle est organisée par la Fondation pour le développement culturel de Shanghai et le Bureau d’administration de la culture, de la télé et du film.
  • L’exposition d’art de Chine est organisée par la Compagnie nationale de culture et d’art de Chine (CNACC) depuis 1993, à la fois comme exposition et comme foire commerciale d’art.
  • L’Agence internationale d’expositions de Chine (AIEC), agence jumelle de l’Agence des arts de la scène de Chine (AASC) est la seule agence nationale d’expositions sur l’art en Chine à procéder à des projets d’échanges intergouvernementaux. L’exposition Groupe des Sept de la Galerie nationale du Canada, qui a effectué une tournée en Chine en 2001, avait été co-organisée par l’AIEC. Fondée en 1950, l’Agence internationale d’expositions de Chine est une agence du ministère de la Culture. Elle a fait venir en Chine des expositions de beaucoup d’artistes de renommée mondiale comme Michel-Ange, Delacroix, Manet, Monet, Rodin et Matisse, et ses récentes expositions, très en vue, ont démontré son habileté à organiser des expositions professionnelles qui attirent le grand public. Par exemple, l’exposition » Salvator Dali : Voyage dans la fantaisie «, qui comprenait 370 œuvres, s’est tenue à la galerie d’art du monument du Siècle de Chine à Beijing, et elle a accueilli des milliers de visiteurs, avant de partir en tournée dans d’autres villes de Chine.

Des espaces artistiques alternatifs, des galeries commerciales indépendantes et des académies d’art offrent des débouchés prometteurs pour de nouveaux partenariats et pour forger des liens avec les artistes et les milieux artistiques chinois.
Les galeries d’art contemporain, ouvertes par des étrangers, comprennent la Red Gate Gallery, la China Art Archives Warehouse, et la Courtyard Gallery de Beijing, de même que Shanghart et Bizart à Shanghai. Traitant surtout avec des acheteurs internationaux, ces galeries ont posé les assises pour la vente commerciale de l’art chinois d’avant-garde sur le continent. Bien que ces galeries se consacrent aux artistes chinois, certaines ont coopéré à des expositions interculturelles. Par exemple, Bizart, une galerie importante en art contemporain de Shanghai, a accueilli récemment une exposition conjointe Canada-Chine, et le musicien de jazz canadien Stych Winston s’y est produit en 2001. L’espace artistique des nouveaux médias Loft de Beijing, une ressource dans l’art de la vidéo, présente aussi ce type d’art, d’un peu partout dans le monde, et il organise des ateliers à l’intention des artistes des nouveaux médias.

  • L’Académie centrale des Beaux-Arts et l’Académie d’art et de conception de l’université Qinghua sont deux institutions d’éducation artistique clés en Chine. Les professeurs de ces deux académies sont très actifs sur le plan des échanges et de la collaboration avec les milieux artistiques de l’étranger. Mme Zhou Qing, professeure de l’Académie centrale des Beaux-Arts, est allée au Canada en 2001, en vertu du programme d’échanges de chercheurs Canada-Chine, et elle prépare actuellement, en collaboration avec de nombreux artistes canadiens, une exposition sur l’art canadien contemporain en Chine, portant le thème de Pulse/Scapes. L’Académie des arts et du design de l’université de Qinghua possède une longue histoire de coopération avec l’Institut d’art et de design Emily Carr. Cet institut a donné des ateliers à maintes reprises à l’académie, dont un atelier portant le thème Design canadien : passé et présent, au printemps 2002.

[…]

3. Renforcer les partenariats culturels Canada-Chine

Tel que mentionné au début, les trois questions clés pour les institutions et agences culturelles canadiennes sont :

  • Dans le contexte des changements en Chine, quels sont les nouveaux types d’approches, de stratégies et de contacts qui sont nécessaires pour soutenir efficacement les artistes et les interprètes canadiens intéressés à mener des projets en Chine?
  • Comment promouvoir au mieux le partage d’informations sur le contexte en changement des politiques culturelles et du marché de la Chine et sur les partenaires chinois possibles, afin de garantir le succès de nos projets avec la Chine?
  • À la lumière de nos mandats et priorités respectifs, quels sont les rôles appropriés et les responsabilités des institutions et agences canadiennes dans la promotion des arts et de la culture du Canada en Chine?

En raison de la demande grandissante en Chine pour les arts et la culture de partout dans monde, et de la nécessité d’une meilleure collaboration, le temps est probablement opportun d’initier un réseau informel d’institutions et d’agences canadiennes intéressées et engagées, ayant le mandat de soutenir et de promouvoir les arts et la culture du Canada en Chine.

Ce réseau d’institutions et d’agences peut répondre à différents objectifs :

  • Promotion d’un partage efficace d’informations, parmi les membres du réseau, sur leurs projets liés à la Chine.
  • Identification des défis clés communs sur le plan opérationnel et des meilleures pratiques dans des domaines comme les procédure de financement et le développement de projets.
  • Gestion efficace et soutenue des relations avec des partenaire institutionnels clés chinois.


Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel