Le M.A.L., dans une lettre ouverte, se porte à la défense de Télé-Québec qu’il considère un allié indispensable à la diffusion de la culture québécoise

Télé-Québec : alliée indispensable des arts et de la culture

Alors que s’amorçaient cette semaine les travaux de la commission parlementaire qui étudiera le projet de loi encadrant les projets de partenariats public-privé (PPP), si chers au gouvernement Charest, les consultations publiques sur l’avenir de Télé-Québec vont bon train et suscitent moult débats. Souhaitons ne voir ici qu’une pure coïncidence.

Certes, le document de consultation sur l’avenir de Télé-Québec se fait rassurant à l’effet que l’existence de la télévision publique québécoise n’est aucunement remise en cause. Toutefois, nous savons fort bien qu’entre les déclarations publiques actuelles des représentants du gouvernement et ce que le temps nous révélera du sort de Télé-Québec, la marge est grande. Malgré toutes ces déclarations rassurantes, le milieu culturel demeure inquiet. Les rumeurs sur la privatisation partielle ou la vente de Télé-Québec à des intérêts privés sont nombreuses. C’est pourquoi le Mouvement pour les arts et les lettres (M.A.L.) souhaite contribuer au débat public sur l’avenir de Télé-Québec. Le M.A.L. souhaite non seulement la survie de l’autre télévision mais plus encore : sa consolidation.

D’emblée, mentionnons que le Mouvement pour les arts et les lettres représente 15 000 artistes professionnels, écrivains et travailleurs culturels qui tentent de gagner leur vie par la création, l’exécution et la diffusion d’œuvres dans les domaines de la musique, de la danse, du théâtre, des arts visuels, des arts médiatiques, de la littérature, des arts du cirque et des métiers d’art. Le M.A.L. représente les artistes et les organismes œuvrant dans toutes ces disciplines, lesquels ont en partage la création et la diffusion d’une culture québécoise originale, forte et distinctive.

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Le M.A.L. croit fermement que Télé-Québec doit poursuivre et intensifier son rôle éducatif et culturel. L’apport des multiples émissions jeunesse de grande qualité, qui ont pris l’affiche depuis la naissance de la station, est là pour en témoigner. Ses émissions jeunesse ont captivé l’imagination de millions d’enfants de plusieurs générations, stimulé leur curiosité, aiguisé leur sens critique et développé leur intérêt pour la culture, les sciences et la connaissance. Les 100 tours de Centour, Les Oraliens, Cornemuse, Dora l’exploratrice et Zoboomafoo ont ouvert et ouvrent encore l’esprit et l’imaginaire des enfants québécois. Ces émissions et beaucoup d’autres véhiculent des valeurs d’entraide, d’ouverture sur l’autre, de tolérance et de résolution pacifique des conflits qui font des enfants québécois de meilleurs êtres humains.

Dans la réalisation de sa mission éducative et culturelle, Télé-Québec a toujours visé l’excellence avec peu de moyens. À l’ouverture des travaux, le président Claude Bédard a demandé aux membres du Groupe de travail, et par la même occasion à la télévision publique, de faire très bien avec moins. Les 57 millions $ du budget actuel ne représentent que 1% du budget du Ministère de la Culture et des Communications et 0,1% du budget global de l’État québécois. Est-ce un si gros investissement pour l’avenir de notre société, pour le développement de nos enfants, pour la promotion et la diffusion de la seule culture francophone en Amérique du Nord? Nous sommes convaincu que non.

Doit-on rappeler que ces 57 millions $ ne servent pas seulement la mission éducative de Télé-Québec, ils servent également à remplir sa mission culturelle. Télé-Québec doit demeurer cette fenêtre ouverte sur nos créateurs, sur leurs créations et sur le bouillonnement de notre culture. Cette culture unique que les gouvernements du Québec et du Canada tentent de protéger par une convention internationale sur la diversité culturelle. Est-il utile de souligner que nous sommes bien petits dans l’océan des autres cultures du monde et de l’Amérique du Nord? À ce titre, Télé Québec demeure un outil indispensable pour mettre en valeur les artistes de toutes les régions du Québec et assurer la survie de notre culture. Alors que nous vivons pleinement l’époque où la convergence des médias n’est plus une hypothèse futuriste, nous pouvons assurément nous inquiéter de la disparition de Télé-Québec ou de la dissolution de sa mission. Télé-Québec demeure un partenaire essentiel du milieu des arts et de la culture au Québec, dans toute sa diversité, son originalité, mais, aussi, dans toute sa fragilité.

Télé-Québec, avant les récentes compressions qui l’on forcé à revoir sa programmation, était un des rares diffuseurs à s’intéresser aux arts et aux lettres, aux artistes, écrivains et artisans auxquels l’industrie de la culture et des spectacles ne s’intéressait pas encore. Télé-Québec, grâce à ses émissions culturelles variées, nous faisait découvrir des créateurs originaux de tous les coins du Québec, des œuvres uniques et une culture hors des sentiers de la consommation de masse. Les Choix de Sophie, Diabolo menthe, Cent titres, Le plaisir croît avec l’usage ou Le Septième ne sont que quelques-unes des émission culturelles qui nous ont fait découvrir les artistes d’ici, leurs créations et qui nous ont si brillamment fait découvrir la richesse des voix de notre culture.

Comme le disait la ministre Line Beauchamp au colloque Les Arts et la Ville :

» […] une vie culturelle active et riche est porteuse d’idées, d’émotions et de saines remises en question elle permet aux municipalités : de développer le potentiel d’innovation des citoyens et des entreprises, de rayonner et d’être plus attrayantes pour les entreprises, d’offrir une meilleure qualité de vie aux citoyens tout en maintenant un fort sentiment d’appartenance, de contribuer au développement de l’économie et particulièrement de l’industrie touristique, et de favoriser à la fois la cohésion sociale et la démocratie. «

Or, pour atteindre ce noble objectif, les créateurs ont absolument besoin de ce vecteur de diffusion qui leur permet de jouer le rôle essentiel qu’on leur confie : nous éblouir, nous éclairer, nous interroger, nous faire rêver et réfléchir. Notre télévision publique doit avoir des moyens financiers à la hauteur de sa mission qui est de garder la culture vivante, en en diffusant les multiples expressions partout au Québec. La mission éducative et culturelle qu’exerce seule Télé-Québec est d’une valeur inestimable. Le M.A.L. souhaite que le gouvernement québécois le reconnaisse pleinement.

Le M.A.L. :

Le Conseil québécois du théâtre
Le Conseil québécois de la musique
Le Conseil des métiers d’art du Québec
Le Conseil québécois des arts médiatiques
Le Regroupement québécois de la danse
Regroupement des artistes en arts visuels du Québec
L’Union des écrivaines et écrivains québécois
Le Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec
En Piste, Regroupement national des arts du cirque
Le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue
Le Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent
Le Conseil régional de la culture et des communications de la Côte-Nord
Le Conseil de la culture de l’Estrie
Le Conseil de la culture de la Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine
Le Conseil de la culture de Lanaudière
Le Conseil de la culture et des communications des Laurentides
Le Conseil de la culture et des communications de la Mauricie
Le Conseil montérégien de la culture et des communications
Le Conseil régional de la culture de l’Outaouais
Le Conseil régional de la culture du Saguenay-Lac-Saint-Jean

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