La Biennale de Montréal repoussée d’une année

La Biennale de Montréal possède-t-elle plus d’une vie? Alors que l’événement en art contemporain a été forcé, faute de budget, de couper dans sa programmation 2004, voilà que son directeur, Claude Gosselin, a annoncé une restructuration en conférence de presse, hier. Il en a profité pour présenter à la presse montréalaise Wayne Baerwaldt, le commissaire de la prochaine biennale, qui se tiendra en 2007 plutôt qu’en 2006.

La Biennale de Montréal se paye un battement d’une année. Selon Claude Gosselin, cette période permettra au commissaire de l’événement d’établir ses recherches sur une base plus solide. Surtout, l’année de sursis assurera à l’événement, pense Gosselin, d’aller chercher des partenariats et du financement, notamment dans le secteur privé.

Le CIAC, qui organise la Biennale, a reçu des confirmations de financement de la part du Conseil des arts de Montréal, du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et de Patrimoine Canada. Cet argent l’assure de pouvoir embaucher des employés et un commissaire et il permettra à Gosselin, qui agissait à titre de commissaire en 2004, de libérer son emploi du temps afin de s’occuper plus à fond de la direction générale de l’événement. Pour assainir les finances du CIAC, la programmation a été réduite, des employés mis à pied et une campagne de financement a également été organisée l’an dernier. Le tout, selon Gosselin, a permis d’effacer le déficit accumulé de l’entreprise.

Wayne Baerwaldt a déclaré être enthousiaste à l’idée de contribuer à l’événement. Il se dit en tout début de recherche et entend s’acclimater à la réalité montréalaise et québécoise. Se contentant de généralités, il a déclaré vouloir «mettre sur pied une biennale canadienne consciente de la réalité québécoise, en tentant de la positionner à l’échelle nationale et internationale.» Il assure tout de même que cette biennale sera exploratoire, à l’image de la touche expérimentale pour laquelle sont reconnus les artistes au sein du pays.

Question de dates

En sautant ainsi une année, la Biennale de Montréal s’aligne sur les années impaires. En déplaçant ses dates de septembre à mai et juin (du 10 mai au 4 juillet 2007), elle se retrouve sur le chemin de la 52e Biennale de Venise et de la 12e Documenta de Kassel. Cette dernière ouvrira le 6 juin 2007. Ces deux monstres de l’art contemporain, pense Gosselin, ne constitueront pas un obstacle pour le double objectif consistant à présenter des oeuvres de calibre à Montréal et à attirer la presse et le gratin artistique dans la métropole.

De plus, la Manifestation internationale d’art de Québec, dont le budget est largement moindre, doit en principe présenter sa quatrième édition au printemps 2007. Questionné à ce sujet, Claude Gosselin déclare que le changement de date pour son événement ne devrait pas lui nuire. Il a déjà tendu la main à l’événement de la capitale pour créer des alliances et une synergie entre les deux événements, notamment pour attirer la presse étrangère. «Il y aura assez de potentiel culturel dans ces deux villes pour attirer des gens, répond Gosselin à ce sujet. Jusqu’ici, je n’ai pas eu de commentaires comme quoi on tirait dans le pied des autres. L’ouverture va faire que les deux événements pourront se partager l’espace médiatique.»

Présente lors de la conférence de presse, Françoise Jean, chargée de projet au CALQ, a rappelé que le CALQ avait déjà offert de déplacer d’une année l’événement de Québec. À la suite de sa toute première édition, en 2000, la Manif d’art avait manqué de sous. «Il n’est pas impossible que cette biennale puisse collaborer avec celle de Montréal en 2007, mais en 2008, il y a un grand événement qui se prépare à Québec pour les 400 ans de la ville. Souvent, les gens nous expliquent qu’il y a des complémentarités qui peuvent se faire en bloc plutôt que de s’isoler chacun de son côté. En arts visuels, il faut arrêter de s’isoler pour voir si on a des vraies clientèles.» Or, une porte-parole du CALQ avait déjà déclaré en juillet que l’organisme voulait que la Biennale de Montréal devienne «le plus important du genre au Canada.»

Joint à Québec, Claude Bélanger, le directeur de la Manifestation, s’est dit ouvert à l’idée de rencontrer la direction de la Biennale de Montréal. Il considère que cette éventuelle ouverture saura peut-être faire en sorte que le secteur des arts visuels connaisse enfin un financement à la hauteur des autres secteurs culturels. Les cartes pourraient de toutes manières changer, parce que la Manif d’art doit présenter des éditions en 2007 et 2009, en plus de l’année 2008.

http://www.ledevoir.com/2005/09/08/89876.html

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel