Crédit photo : Jean-Philippe Roy

Jean-Philippe Roy et Mathieu Cardin, vernissage le samedi 25 mars à 15h au CIRCA art actuel

Jean-Philippe Roy
Quelque part en Amérique

Depuis plusieurs années, la pratique sculpturale de Jean-Philippe Roy est traversée par la notion de paysage, qu’il soit naturel, architectural, fantasmé, ou qu’il propose un mélange des trois. Par une méthodologie qui privilégie l’hybridation, l’assemblage et la rencontre d’éléments en apparence disparates, l’artiste recourt au vocabulaire de la sculpture, tout en questionnant un genre qui a longtemps appartenu à l’art pictural.

Le paysage est ici envisagé plus largement que la simple représentation d’un lieu donné. Il convoque la notion de territoire qui renvoie autant à une délimitation mentale subjective qu’à un contexte social, géographique ou culturel particulier, à partir duquel se développent et se définissent les identités. Ainsi, l’artiste investigue la préconception selon laquelle l’identité nationale ou ethnique est intimement liée au territoire naturel, un postulat qui parcourt notamment l’histoire de la peinture paysagiste au Canada. C’est donc sans surprise qu’est perceptible, ça et là, une part de vernaculaire associé à l’imagerie des régions éloignées et des terres forestières, sans toutefois évoquer un quelconque provincialisme folklorique. Ancrée dans la contemporanéité, la ruralité dont nous parle Roy participe de cet ordinaire qui échappe normalement à la représentation : les pagaies sur lesquelles repose cette grande sculpture, laquées comme seuls peuvent l’être les objets industriels, constituent simplement des symptômes d’un mode de vie spécifique à son contexte géographique. Il en va de même pour les pièges de trappage ou les châssis de machinerie, signes du quotidien qui, lorsqu’ils en sont extraits, deviennent les reliquats d’une culture souvent occultée au profit d’une vision pittoresque.

-Extrait de l’essai par Marie-Pier Bocquet

Marie-Pier Bocquet est candidate à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM et actuellement coordonnatrice à la programmation d’Arprim, centre d’essai en art imprimé. Finaliste au concours Jeune critique de esse en 2016, elle développe une pratique d’auteure, de commissaire et de travailleuse culturelle. Depuis 2014, elle fait partie du comité éditorial de la revue de dessin HB. Elle a été co-commissaire de l’exposition HB no. 6 / HORS PAGE, présenté au Centre d’art et de diffusion Clark (2017) et commissaire de l’exposition de la relève en art d’impression Faire monde : regard sur les microcosmes de Catherine Magnan et d’Andréanne Gagnon, au centre d’artistes Caravansérail (2014).

Mathieu Cardin
THIS AND THAT: Le mélange tropical ou la théorie du contour presque transparent.

Maître de la combine, Mathieu Cardin multiplie habilement les détournements, entre étonnement, embuscade et désenchantement. Il conçoit des écosystèmes aux allures tantôt tropicales, tantôt polaires, qu’il s’amuse, moqueur, à construire et à déconstruire. Ses installations s’inscrivent dans la tradition artistique du paysage, dont il saisit pleinement, avec ruse et dérision, les préceptes et les fondements. S’il s’agit d’une invention révélée par le regard, entre dévoilement et dissimulation, Mathieu Cardin restitue, par le biais du revirement, tout le caractère factice, artificiel et construit, à l’œuvre dans la production du paysage. Témoin complice, le spectateur investigue ses machinations dont les mécanismes, de prime abord, se dérobent à la vue. Pour ce faire, les compositions qu’il échafaude s’avèrent complexes, précaires et trompeuses. Le travail de Mathieu Cardin rappelle vaguement celui du géomorphologue qui, dans son laboratoire, a pour quête la compréhension et l’appréhension de la formation des reliefs terrestres.

Extrait de l’essai par Raphaëlle Cormier

Originaire de Algoe aux États-Unis, Mathieu CARDIN (Matthew) démontre dès son jeune âge des aptitudes exceptionnelles en sports de combat, en gymnastique et en théâtre. De ces premières disciplines, il gardera une grande flexibilité et un merveilleux uppercut.

Préalablement intéressé par le cinéma et la photographie, c’est suite à une discussion bien arrosée avec un pilote d’avion et un garde forestier qu’il se consacra à la sculpture d’installation. Il entreprend aussitôt un Master of Fine Arts en sculpture à NSCAD, après s’être fait accepter, en présentant un portfolio d’images volées en ligne. Son œuvre oscille entre le vrai et le faux, l’illusion et la réalité tout en manipulant une imagerie qui mélange la propreté de produits Johnson et Johnson™ avec la fragmentation des meubles IKEA©.

 

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