Jean-Michel Othoniel, Black Tornado, 2017

Jean-Michel Othoniel, Motion – Émotion

Dès le 20 juin, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) sera balayé de tempêtes d’émotions inspirées de la violence des éléments dans l’exposition Motion – Émotion. Toute première exposition individuelle au Canada de Jean-Michel Othoniel, celle-ci fera découvrir les œuvres récentes de l’artiste français de renommée mondiale.

Nos visiteurs peuvent apprécier, depuis 2016, Le Nœud Pivoine, une œuvre installée en permanence dans l’escalier-évènement du pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein du MBAM. Cette sculpture monumentale se compose de 212 perles de verre miroir et d’acier inoxydable. Les perles de couleur orange, ambre, rouge, rose et prune évoquent les teintes de la pivoine. L’œuvre suspendue se présente comme une ligne graphique dynamique, une envolée de perles semblant se déplacer dans l’espace. Cette œuvre est la première du prolifique artiste à entrer dans la collection d’un musée canadien.

Motion – Émotion
Les éléments et les formes de la nature sont depuis toujours une source d’inspiration pour Othoniel. Or, les sculptures et peintures ici sélectionnées s’éloignent du merveilleux et témoignent du souci écologique qui préoccupe actuellement l’artiste, teintant les œuvres d’un sentiment plus sombre.

Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, explique : « J’ai souhaité inviter à nouveau Jean-Michel au Musée en voyant sa dernière production lors d’une récente visite de son atelier à Paris, impressionnée par la force graphique de ses tornades et de ses vagues… comme un hommage respectueux à la puissante Nature et à la violence des éléments avec ces sculptures en équilibre précaire. »

C’est en 2011 au Japon qu’Othoniel fait l’expérience du séisme de Fukushima et du tsunami qui s’en suivit. Intense, émouvant, ce moment a inconsciemment marqué le travail subséquent de l’artiste. Il use alors de matériaux, telles l’obsidienne, une forme de verre volcanique, la fonte d’aluminium anodisé noire et la peinture à l’encre sur feuille d’or blanc, pour traduire sa sensibilité aux réalités du monde naturel. « Je m’éloigne d’œuvres à l’apparence ludique, colorée et baroque pour me diriger vers des sujets plus sombres, une approche encore plus radicale, minimale, tellurique. Si mes œuvres peuvent parfois évoquer le conte, elles en dévoilent aujourd’hui la face sombre », précise l’artiste Jean-Michel Othoniel.

Ses Tornades monumentales en aluminium chromé ou en acier inoxydable poli miroir, dont quatre seront accrochées comme des mobiles suspendus dans Carré d’art contemporain, entourent le corps de ceux qui s’en approchent. Elles évoquent, par leurs mouvements torsadés et leurs tailles imposantes, la violence des éléments. Les surfaces réfléchissantes qui caractérisent la plupart de ces œuvres engagent l’architecture, l’environnement et le spectateur. En l’approchant, notre reflet s’y diffracte à l’infini. Ces miroirs gigantesques reflètent ainsi les peurs et désirs du public, engageant un dialogue intime avec le regardeur.

L’artiste pousse le principe encore plus loin pour l’exposition à Montréal : afin qu’elles ne cessent jamais leur course, les Tornades ont été mécanisées avec la collaboration d’ingénieurs. Othoniel intègre ainsi une quatrième dimension à ses sculptures : le mouvement. Ses Tornades suspendues tournent dans l’air et au passage du public. Ce ne sont plus les tornades qui soufflent l’humain, mais bien les personnes qui l’entourent qui lui donnent du mouvement au passage.

Né en 1964 à Saint-Étienne, en France, l’artiste a plus de 30 ans d’expérience de création dans une grande diversité de techniques : « Créateur d’une œuvre protéiforme – chorégraphie, dessin, écriture, installation, performance, photographie, sculpture –, Jean-Michel Othoniel se distingue par un imaginaire hautement poétique. La beauté et le merveilleux qui marquent son œuvre ne sont pas, selon lui, des données esthétiques, mais bien une nécessité, une condition d’existence. Il use de la beauté comme d’une arme pour traiter de thèmes graves et sociétaux, embrassant pleinement ce genre », ajoute Diane Charbonneau, commissaire de l’exposition et conservatrice des arts décoratifs modernes et contemporains du MBAM.

L’artiste ne cache pas que le dynamisme des mobiles de l’Américain Alexander Calder est une grande source d’inspiration pour lui. Le MBAM présentera d’ailleurs, du 22 septembre 2018 au 24 février 2019, Alexander Calder : un inventeur radical. « Je suis très heureux et honoré qu’une exposition sur Calder soit présentée au même moment que la mienne. Ce sera ma première “discussion”  avec l’artiste, nos sculptures mobiles dialoguant pendant un même temps au sein du Musée », témoigne Jean-Michel Othoniel.

L’exposition Motion – Émotion comprend également sept peintures issues des séries « The Knot of Shame » et « Black Tornadoes », empreintes des mêmes préoccupations formelles que les sculptures, soit l’épure, le gestuel, les motifs, la luminosité et la matérialité. Elles témoignent du cheminement de l’artiste dans la création du Nœud Pivoine et d’œuvres de la série des « Black Tornadoes ». Sous une apparente simplicité rhétorique, ces peintures représentent « la pureté de la fleur noircie par l’encre, le monde noirci par l’homme », souligne l’artiste.

Crédits et Commissariat
L’exposition est organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal en collaboration avec Jean-Michel Othoniel et la Galerie Perrotin. Elle est présentée grâce au soutien du Cercle des Jeunes Philanthropes du MBAM et d’Air Canada.

Le commissariat de l’exposition est une réalisation de Diane Charbonneau, conservatrice des arts décoratifs modernes et contemporains du MBAM.

Image : Jean-Michel Othoniel (né en 1964), Black Tornado, 2017, aluminium, acier. Avec l’autorisation de la Galerie Perrotin © Jean-Michel Othoniel / SODRAC (2018). Photo Claire Dorn

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