It Once Was a Garden de Laurence Pilon, vernissage le jeudi 3 mai à 18h à la galerie McClure

Les tableaux de Laurence Pilon nous offrent le plaisir d’être surpris par ce que nous voyons. Dans un monde dominé par le visuel, où l’on confond souvent ce que l’on voit avec ce que l’on connait, la générosité des œuvres de Pilon ne peut être tenue pour acquise. Pilon nous refuse ce faux sentiment de maîtrise. Ses peintures – incrustées, abîmées, veloutées, patinées – relèvent davantage de l’ordre de l’inconnaissable. Les traces du temps et du labeur sont assombries par le processus d’accumulation. Les couches de pigments se fossilisent, révélant une surface aux tons atténués de bleus, de mauves, de roses et de bruns qui s’apparente à une coquille d’huître avant d’être polie, une opale brumeuse, ou une argenterie terne: des objets marqués par le temps.

Les tableaux de Pilon existent dans un état d’ambiguïté. Cette résistance à la catégorisation fait que les œuvres de Pilon sont particulièrement difficiles à décrire; elles semblent se poser aux limites de la signification. Mais ce sont des objets compatissants, favorables à notre envie de découvrir et d’enfouir des souvenirs parmi les inflexions subtiles de coloris et de touches. Des ombres de paysages et de figures se terrent au travers des couches d’abstraction, donnant forme à la manière dont le souvenir évoque des images à la fois nettes et troubles, tout en éveillant notre propre mémoire.

It Once Was A Garden suggère une utopie perdue. Pilon crée une atmosphère inspirée des façades urbaines, des débuts de la peinture moderniste et des fresques. Cette attention à l’historicité (la spécificité de son temps et de son lieu) de la couleur confère aux œuvres un effet de longue durée, une matérialité accumulée et modelée par l’expérience collective. Les peintures de Pilon saisissent la densité du temps. Alors que nous les observons, leur sens s’alourdit.

Extrait du texte de Sara Nicole England.

LAURENCE PILON vit et travaille à Montréal. Elle détient un Baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia, qu’elle a obtenu en 2015 avec mention grande distinction. Ses peintures ont été présenté à Montréal et aux États-Unis.
 

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