Invitation – rencontres états généraux des arts médiatiques

Membres, amis et collègues

Vous avez des idées, vous êtes dynamique, votre passion pour la production de film, de vidéos, de l’art numérique et des nouveaux médias vous incite à poursuivre dans la pratique artistique que vous avez choisie. Cette démarche des Indépendants nous réunit d’abord et avant tout sur cette conception distincte: le plein contrôle sur les différentes étapes de la création d’une oeuvre.

En 1996, se sont regroupés des artistes pour organiser des États généraux des créateurs et des créatrices du cinéma et de la vidéo. En 1999, Cartographies a réuni, pendant trois jours, des créateurs en nouveaux médias et en art audio. Depuis, différentes rencontres et tables de concertation ont eu lieu : du Forum métropolitain de l’industrie cinématographique, en 2004, à ce travail sur Les arts numériques à Montréal, en 2007. Des recherches du CQAM, des conseils des arts aux tables de concertation de la culture en région, des études, des manières de faire, des savoirs, des travaux sur les pratiques émergentes, questionnant l’impact économique et culturel face à ces pratiques, toutes ces discussions, par secteur ou par discipline, interrogent notre avenir.

Près de dix ans après sa fondation, le CQAM fêtera cet anniversaire avec une seule préoccupation: défendre les intérêts de ceux et de celles qui sont Indépendants, confrontés à des choix toujours plus larges, multiples et ouverts à de propositions artistiques et culturelles innovatrices. L’enjeu essentiel n’est-il pas de défendre et de valoriser la création indépendante en demeurant conscients des objectifs à atteindre ?

L’art ne cesse jamais de remettre en cause le principe de la création artistique.

Dans ce sens, les Indépendants expriment leur volonté d’inscrire les oeuvres d’art dans une réalité qui permet d’encourager le chaos d’une manière productive, sans remise en ordre, sans explication. Les parcours des flux existants et des services doivent maintenir une activité de détournement pour aller vers une culture de l’avancement et non pas vers une gamme de produits à négocier.

Par ailleurs, les multiples ramifications que le métissage des pratiques vous impose, ou que vous choisissez, prescrivent des savoirs ou des modèles que vous intégrez ou que vous refusez. Les changements anticipés, qu’ils soient technologiques, politiques ou culturels confrontent les milieux dont nous sommes issus alors qu’il devrait favoriser une meilleure compréhension qui semble difficile à orienter dans cette mouvance aussi rapide qu’incontrôlable.

À partir de vos réflexions, certaines idées des plus créatrices permettront de tracer la voie à une concertation plus approfondie où la définition et la reconnaissance de notre impact culturel sur cette société seront reconnues et valorisées. C’est bien vers quoi tendent les États généraux.

Votre voix, vos idées, toutes les approches artistiques en audiovisuel orienteront les politiques du public et du privé. Les problématiques sont multiples et semblent aller dans tous les sens. Est-il possible d’inter-relier les expériences des uns et des autres pratiques dans ce mouvement éclaté des images et des sons? Les Indépendants exercent-ils réellement un contrôle complet sur leurs oeuvres? Les Indépendants sont-ils des artistes professionnels qui s‘investissent dans l’exploration technologique et l’expression artistique ? Les différentes expertises peuvent-elles se partager? La planification stratégique a-t-elle ses limites confrontée à la détérioration des conditions de travail? L’accroissement des compétences, les compromis inacceptables, les échanges entre les centres, l’avenir de ces centres, l’évolution des pratiques, la circulation des oeuvres, la diffusion indépendante, les transferts technologiques, entre autres la HD, et l’imputabilité des organismes subventionnaires, sont autant de sujets que nous sommes tenu d’aborder avec circonspection.

À la source de ce travail, s’inscrivent des rencontres, des discussions qui représentent autant de contraintes et de désirs, entre les volontés politiques et les initiatives des artistes ; elles dessinent une nouvelle façon de penser la place et le rôle de la culture dans le développement régional, urbain, social et économique de nos sociétés. En fonction des problématiques spécifiques de vos territoires, vous êtes sollicités afin d’élaborer des propositions et des outils qui seront autant de pistes d’action et de reconnaissance de vos pratiques.

En tant que coordonnatrice des États généraux des arts médiatiques, il m’apparaît particulièrement utile d’échanger, de penser ensemble et de faire tout notre possible pour qu’émergent une vision et des projets de qualité qui contribuent véritablement à faire de la culture des arts médiatiques un nouveau facteur de lien social, afin d’encourager, de soutenir et d’aider le développement de nos instances et de nos expressions.

Je suis parfaitement consciente que cela représente un grand défi. Les nouveaux territoires de l’art se construisent souvent en réaction contre les pouvoirs publics ou du moins contre une certaine institutionnalisation de l’art. Le dialogue que chaque collectivité établit alors avec ces lieux émergents est un dialogue souvent fragile, qui oblige à inventer des solutions inédites et concrètes.

Malgré les contraintes que nous impose la convergence des médias, les défis que posent ces limites de la concurrence ne peuvent être circonscrit que par notre solidarité. La reconnaissance est issue de notre fierté d’être et de faire, en tant qu’artiste voué aux arts médiatiques, afin d’élaborer un dialogue, des partenariats, autour d’objectifs clairs, que l’Etat pourra saisir et qui lui permettra de jouer le rôle qui lui est imparti dans cette reconnaissance et dans la définition de nos objectifs.

À mon avis, il ne s’agit pas d’opposer certaines pratiques à d’autres, par exemple le champ des Indépendants et celui de l’industrie ; il s’agit plutôt d’imaginer des liens nouveaux à tisser entre toutes les composantes de la vie artistique et culturelle.

Les États généraux des arts médiatiques ont une mission essentiellement fédératrice, médiatrice et stratégique face aux artistes et à notre société. La communication apparaît comme la voie de notre futur reflétant nos réalités et c’est ce qui nous engage dans ces réflexions.

Je suis convaincue que ces rencontres préliminaires nous permettront de développer de nouvelles pistes, pour agir ensemble en faveur de l’épanouissement des artistes et des arts médiatiques. J’espère que vous serez nombreux à participer à ces rencontres afin de partager vos questionnements, votre vision et votre passion.

Louise Surprenant
Coordonnatrice des États généraux des arts médiatiques

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