© Emanuel Licha, How Do We Know What We Know ?, extrait vidéo, 2011.

How Do We Know What We Know? d’Emanuel Licha, vernissage le samedi 10 septembre à 16h à Sporobole

« How do we know what we know? Le journaliste en studio s’adresse à l’envoyé spécial qui n’a pas pu avoir accès à la zone de conflit évoquée dans le reportage qu’il a fabriqué à partir d’images amateures. Il y a quelques années à peine, on pouvait encore entendre dire que c’étaient les médias qui décidaient du début d’un conflit, à partir du moment où les journalistes se rendaient sur place. La multiplication des images tournées par les protagonistes eux-mêmes, couplées à leur diffusion quasi-instantanée, modifie cette équation. Avons-nous encore besoin des journalistes ? »

Les images sont des outils et des armes pour la conduite des guerres. Ce n’est pas nouveau en soi, mais ce qui l’est sans doute davantage est la multiplication de leurs sources. C’est par conséquent un moment propice pour questionner le travail journalistique « classique », celui qui s’appuie notamment sur le témoignage rarement contesté des correspondants de guerre. Tout l’appareillage entourant cette couverture médiatique paraît déjà un peu dépassé et sera peut-être bientôt caduc : les envoyés spéciaux, les équipes de tournage, les camions satellite, les hôtels de guerre, les « flash info » et autres « breaking news », le jingle dramatique du téléjournal…

Qu’est-ce qu’une « bonne » image de conflit ? Où se fabriquent-elles et comment seront-elles construites demain ? Comment en faire une critique par d’autres images ? La production et la diffusion médiatiques créent des dispositifs dans lesquels nous sommes pris, et auxquels nous contribuons plus ou moins volontairement. Ce sont les détails — parfois bénins en apparence — de ces dispositifs qu’on peut essayer de décrire, pour pouvoir les penser et peut-être s’en dégager.
E.L.

Le travail vidéographique et photographique d’Emanuel Licha s’insère dans des problématiques urbaines et architecturales en traitant les objets du paysage comme autant d’indices sociaux, historiques et politiques. Ses projets récents questionnent les moyens utilisés pour observer et rapporter des événements violents et traumatiques.

 

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