Hommage à Claude Forget le samedi 13 septembre à 15 h à la Cinémathèque québécoise

http://www.cinematheque.qc.ca/cinematheque/communiques_presse/CQ_Claude_Forget.pdf

Le milieu du cinéma indépendant canadien vient de perdre l’une de ses figures les plus importantes des trois dernières décennies.

Claude Forget s’est éteint le 17 août dernier.

Indéfectible défenseur d’un cinéma différent et indépendant, pugnace pourfendeur de la normose qui gruge, par bureaucratie interposée, la vitalité même de l’art cinématographique, Claude Forget s’était investi corps et âme, avec une générosité et un dévouement hors du commun dans la résistance contre l’industrialisation de la culture.

Revendiquant avec opiniâtreté un espace de liberté, de dissidence, de poésie, qui se voit attaqué de toutes parts, il s’était donné pour mission de faire vivre des oeuvres condamnées plus souvent qu’autrement à la disparition dès leur naissance, à cause de l’incurie des gouvernements qui sous‐financent la diffusion de la multitude diverse et ondoyante des films indépendants, préférant tout miser sur quelques gros canons commerciaux.

Successivement co‐responsable de la diffusion au Conseil québécois pour la diffusion du cinéma (CQDC), coordonnateur et producteur de Vidéographe, coordonnateur de Main Film, directeur général de Cinéma Libre, puis responsable de la diffusion de Paraloeil, mais également administrateur de l’Alliance de la vidéo et du cinéma indépendants (aujourd’hui Alliance des arts médiatiques indépendants) et du Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants (tout récemment aboli par le gouvernement Harper), Claude Forget aura réellement marqué le paysage cinématographique par son action dévouée, au Québec comme au Canada.

Aussi, nous aimerions ici rendre hommage à ce travailleur de l’ombre qui n’a jamais cherché la reconnaissance personnelle.

Gestionnaire hors pairs, il avait fait la preuve que le cinéma indépendant était rentable et que toutes les oeuvres, de tous genres et de toutes durées, savaient trouver leur public pour peu qu’on se donnât la peine d’être imaginatif dans les méthodes de mise en marché, en les adaptant pour chaque film plutôt qu’en leur appliquant une recette pré‐formatée. Il s’était d’ailleurs fait un devoir de retourner des droits d’auteurs aux réalisateurs et producteurs indépendants. Car, guidé par un rare sens de la justice et de l’intégrité et faisant preuve d’abnégation, il préférait voir s’enrichir les auteurs de tous horizons plutôt que de travailler pour son propre profit, ce qui l’amenait à accepter des conditions salariales bien en deçà de ses compétences, tout en travaillant littéralement jour et nuit au succès des causes qu’il épousait.

Il aimait s’engager dans la défense des premières oeuvres, car il avait à coeur de soutenir les cinéastes émergents qui faisaient preuve d’audace mais se trouvaient démunis face à l’adversité du système de financement et de diffusion. Il s’impliquait activement aussi dans la revalorisation des oeuvres de pionniers du cinéma indépendants qui se trouvaient orphelines au niveau de la distribution. Grand érudit, passionné de littérature et de cinéma, il savait partager ses connaissances avec le public. Chez Paraloeil, à Rimouski, où il mettait sur pied des programmes emballants, qui stimulaient et éveillaient les spectateurs de la région, il était toujours fidèlement sur place pour présenter les oeuvres et susciter des discussions après les projections.

Favorisant un système qui répartît les fonds équitablement entre productions indépendantes et industrielles, et qui ne met pas tous ses oeufs dans le même panier, il dénonçait sans relâche le pseudo système communiste qui nous gouverne. Système qui, depuis une bonne trentaine d’années, sous la prétention de développer une industrie cinématographique privée de type hollywoodien (toujours pas assez développée aujourd’hui pour prendre elle‐même de réels risques commerciaux), a en fait institué une chasse‐gardée pour quelques entreprises apparatchiks, devenues les clientes exclusives de l’État qui dicte la règle du jeu. Le système des « enveloppes à la performance » de Téléfilm Canada représente le couronnement de ce système qui a achevé de démolir complètement le paysage de la distribution au Canada.

Claude Forget nous manquera énormément. Sa compréhension et sa connaissance historique de l’économie du cinéma indépendant, tout comme sa profonde connaissance des oeuvres, nous feront cruellement défaut. Il constituait à cet égard une référence incontournable.

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