Féeries de Dominique Goupil à la Maison de la culture Frontenac

À partir du 30 avril prochain, la maison de la culture Frontenac présente Féeries, une exposition regroupant une série d’œuvres récentes de grandes dimensions de l’artiste Dominique Goupil.

Depuis plusieurs années, l’artiste développe une démarche engagée en peinture, entre l’évocation du paysage et l’abstraction. Par une palette de couleurs résolument réduite (camaïeux bleus-gris, blancs, bruns-noirs), Goupil peint sur de grandes surfaces de bois en utilisant une technique très personnelle, des lavis d’huile superposés en minces couches successives. En abordant la thématique de la féerie, les tons de la forêt et du sous-bois laissent poindre des interstices lumineux et guillerets, mais toujours mystérieux (roses, jaunes, mauves).
 
Le bois est embué de couleurs plutôt qu’il n’est recouvert de matière peinte; il laisse entrevoir sa texture poreuse. Par cette technique, l’artiste affirme la matérialité du support dont elle exploite les propriétés intrinsèques et, du même coup, dévoile qu’il s’agit bien sûr de constructions suggestives, de productions de l’imaginaire. Par ailleurs, une multitude de coulisses définit le panorama.
 
Les œuvres de Goupil évoquent traditionnellement les espaces automnaux, entre le lever du jour sous la brume et l’orage, après la fin d’une catastrophe incendiaire et la reprise naturelle. On accepte d’emblée un certain état de somnolence, d’engourdissement, entre le rêve et la veille. Et on reçoit comme un baume les lueurs d’espoir qui percent.
 
C’est dans la multitude que les œuvres de Dominique Goupil exercent leur effectivité maximale. Juxtaposées les uns aux autres, les tableaux sont les éléments d’un ensemble dont le tout n’est pas égal à la somme de ses parties, mais la surpasse. Certes, on retrouve une référence à la nature – une surface sombre rappelant le sol en bas; une surface claire comme le ciel au-dessus – mais on gagne à prendre le temps de les regarder, de les écouter, de s’en imprégner pour les entendre murmurer en silence un conte minimaliste, aux variations infinies. Il s’agit d’un art à la signification ouverte sur l’imaginaire du regardeur attentif.
 
Toute proposition artistique semble valable si elle est personnelle et authentique, si elle émerge d’intenses réflexions intellectuelles, de réminiscences infantiles vaporeuses, d’un désir incessant de fuir hors du temps, hors du monde, des colères indomptables, peu importe lequel des aspects de la vie ou de l’art est convoqué. Ce qui compte, c’est la nécessité. Pour Goupil, épuiser sa construction de la couleur (sombre en bas/claire en haut) représente une nécessité. De plus en plus, s’impose aussi la nécessité d’y faire percer des idées colorées, optimistes.
 
Opposant un obsessionnel désir de l’horizontalité, l’artiste force son instinct en appliquant les couleurs sur le support placé à la verticale. Plus précisément, en les laissant glisser. Il s’agit ainsi de contraindre l’obsession et d’agir dans l’autre sens. De mettre au défi l’inévitable besoin de la référence au paysage. Ainsi, à travers son œuvre, l’artiste construit au fur et à mesure un monde où cohabitent horizontalité, verticalité, ombre, lumière, monochromie, couleur…
 
À propos de cette nouvelle série de Dominique Goupil, et sur l’art, et sur la méditation, et sur l’imaginaire… Le mieux importe de vivre l’expérience, de voir les œuvres de visu. D’être dans les œuvres. Œuvres qui s’incrustent dans le corps grâce à leur format englobant, qui s’infiltrent dans les profondeurs de la mémoire de par leur apparente simplicité. Comme les mots d’une phrase peuvent tenir dans cette phrase pour faire sens. Certes, chaque pièce de l’exposition proposée possède une autonomie paysagère et mélodique propre. Présentée dans l’espace de galerie, la série in extenso se conjugue en une vision d’ensemble, en une symphonie féerique envoutante, d’autant plus cohérente.
 
 
La maison de la culture Frontenac est située au 2550, rue Ontario Est, derrière le métro Frontenac. Heures d’ouverture : du mardi au jeudi de 12 h à 19 h et du vendredi au dimanche de 12 h à 17 h. Fermé les dimanches à partir du 26 mai. Entrée libre.
Info : 514 872-7882 ou www.accesculture.com
 
 
 

 

 

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