Les mémoires épisodiques constituent le fondement de l’évolution des identités humaines. Aspect essentiel de la mémoire à long terme, elles constituent un ensemble d’expériences personnelles survenues à un moment et dans un cadre précis et contiennent les connaissances émotionnelles et contextuelles de chaque événement.
Leur rôle vital dans l’identité personnelle amène Alison James à se demander pourquoi certaines expériences sont encodées, consolidées et rappelées avec succès alors que d’autres ne le sont pas? Quelles sont les caractéristiques distinctes qu’elles partagent? Qu’est-ce qui en découle ?
The In-Betweens aborde ces questions à travers une série d’animations stop-motion en boucle des souvenirs épisodiques de James. Construites à partir de figures et de décors en papier découpé sérigraphiés, les animations mettent en évidence les émotions de chaque souvenir dépeint. Les mouvements troublants des sérigraphies vives entraînent le spectateur dans des scènes calmes et chargées d’émotion. Les techniques utilisées reflètent la nature reconstructive du souvenir. Le processus de sérigraphie est reconstructif ; il implique la construction d’une image, sa déconstruction pour créer des positifs et la reconstruction ultérieure des couches lors de l’impression. L’assemblage des papiers découpés réaffirme cette notion. Le passage en boucle des animations évoque les souvenirs répétés dans le temps.

«Nous sommes ce dont nous nous souvenons. Cette notion me trouble. Au cours des dernières années, j’ai réalisé que la majorité de mes souvenirs épisodiques, et donc le récit de ma vie, sont liés à la documentation – photographies, vidéos familiales et récits verbaux. Qu’est-ce que cela signifie, lorsque ces documents sont créés et présentés d’une manière qui donne l’impression que la vie consiste essentiellement en une série d’expériences joyeuses – des visages souriants participant à des célébrations, des vacances, des fêtes ? Mon travail récent converge vers les entre-deux – des souvenirs épisodiques personnels qui ne se conforment pas aux scénarios de vie documentés dans les archives de ma famille. Par le biais de la sérigraphie et de l’animation image par image, je m’efforce de reconstruire des souvenirs épisodiques forts qui partagent trois points communs : ils n’existent pas sous la forme de documents matériels, ils ne m’ont pas été transmis sous forme d’histoire, je les ai rarement partagés, voire pas du tout, et surtout, ils possèdent une charge émotionnelle importante.»