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© Geneviève Rocher - Tenir la pose - Emmanuelle
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Tenir la pose de Geneviève Rocher

Vernissage le vendredi 8 mars à la Galerie B-312

Figure marquante de la peinture abstraite féministe québécoise, Geneviève Rocher consacre sa pratique à une revalorisation des conditions matérielles,picturales et structurelles dépréciées par les systèmes de valeur dominants dans les arts visuels. Son travail met en lumière les connotations discriminantes, non seulement dans le choix des motifs, mais aussi plus sournoisement dans celui du médium, du matériau et des structures formelles. Au cours des dernières années, son travail a notamment été présenté à la galleria La Nube di OOrt à Rome (2015), chez Occurence (2012) et à La Centrale Galerie Powerhouse (2010).

La Galerie B-312 a le plaisir de présenter Tenir la pose, la plus récente exposition de Geneviève Rocher. L’artiste s’est d’abord fait connaître par ses tableaux abstraits, ses assemblages et ses interventions sur papier (peinture, pliage, découpage, collage). Elle nous présente cette fois-ci deux séries de photos Femmes et Rome. Si ses recherches photographiques sont relativement nouvelles, le pictural y est toujours convoqué. Une posture, une double action soulignant l’ambivalence des espaces et des plans. Posant ainsi une tension entre le travail de la main et celui du regard. Entre le faire et le voir. Entre l’espace de l’atelier, de la sphère intime et du monde extérieur. Il y a toujours eu chez Geneviève Rocher cette attention portée au rythme, au parcours créé au gré des pliures et découpes, des traces et des marques de la couleur, aux zones liminaires, aux interstices, aux jeux entre les espaces négatifs et les espaces positifs. Servant dans un premier temps de matrices avec lesquelles elle créait motifs et rythmes dans ses tableaux, ses papiers découpés sont ensuite devenus œuvres. Ils ont été présentés dans des vitrines et des fenêtres de galeries agissant à la fois comme un écran et comme une grille où les trouées créent un système de recadrage par lequel le regard se promène, entre les pleins et les vides, de part et d’autre. Comme souvent dans le processus de travail de l’artiste, c’est un hasard qui lui donne l’idée à l’origine de ces corpus. Elle devait documenter une très grande œuvre et avait besoin de lumière naturelle, elle l’a donc photographiée à l’extérieur. Après coup, devant la prise de vue, elle réalise tout le potentiel de cette juxtaposition des espaces photographiques, picturaux et conceptuels dans la façon dont ils se relient et se délient. À partir de ce moment, elle commence à photographier ses papiers découpés et peints en divers lieux, notamment lors d’un voyage à Rome, toujours avec le même complice dont elle décide de laisser les mains apparentes sur les photos pour rendre visible l’aspect performatif de la manœuvre. La photo ne sert plus ici de souvenir de voyage, mais laisse plutôt le voyage agir comme le souvenir d’une expérience humaine et artistique partagée. Le projet Femmes procède un peu de la même façon, mais cette fois, elle fait entrer le corps des femmes dans les photos. Débutée en 2013, elle a voulu photographier des proches, des amies, des acolytes. Elle leur a demandé, à elles aussi, de tenir la pose, un papier découpé à la main, pour les photographier de dos, le regard des modèles se portant sur un point d’eau, dans un lieu où elles ont l’habitude de se rendre avec l’artiste. Cette complicité transparait dans les seize photos formant l’ensemble Femmes et c’est d’ailleurs dans cette solidarité que résident les revendications plus féministes de Geneviève Rocher qui considère que la place des femmes, particulièrement dans le milieu de l’art, sera toujours à faire, et ce, à tous les âges. Hasard de programmation ? L’ouverture de l’exposition a lieu le 8 mars, créant ainsi une belle occasion de souligner la Journée internationale des droits des femmes.

—ISABELLE GUIMOND

L’artiste remercie Arnaud Bréart, Suzanne Lamoureux, Jean-Émile Verdier et l’équipe de Photosynthèse, particulièrement Jean-Marc Bédard