Loading Events
  • This event has passed.

répétitions d’Alegría Gobeil

Vernissage le vendredi 10 mai à 17h à L’Œil de Poisson

répétitions s’appuie sur les recherches d’Alegría Gobeil (A) autour des processus de mémorisation et met en scène ses réflexions autour de la violence. L’artiste offre une vision nuancée de l’(auto)-défense et de la brutalité. La mémorisation corporelle-textuelle se superpose, permettant à l’artiste de relayer les idées et les gestes d’autres à travers sa propre corporéité.

Afin de s’attarder au continuum de la violence et de réfléchir aux idées qui en découlent, l’artiste retranscrit à répétition un extrait d’une entrevue avec une écrivaine féministe qu’A a lue pendant son adolescence. La captation est écoutée et retapée simultanément, et ce le nombre de fois permettant à l’artiste de périmétrer la galerie avec une ligne de texte. En transcrivant ce procédé au crayon de plomb à même le mur de la galerie, A déstabilise le discours initial, usant de la fragmentation et de la mémorisation qui altèrent le texte. De là naissent différentes images de ce qu’A en retient : de l’épuisement de devoir se défendre à une méfiance des envies mortifères qui résultent du fait de survivre aux violences.

En parallèle, l’artiste témoigne de sa tentative de participer à un entraînement, créé pour les victimes d’actes criminels. Cette action l’amène à réfléchir sur les mécanismes de défense personnelle et sur la proximité entre l’agression, la vengeance et la résistance. Cependant, confronté-e à ses propres limites éthiques et physiques, A remet en question ces approches face à la violence. Une photographie ainsi que des pensées manuscrites témoignent de ce processus physique, ayant échoué.

Enfin, Alegría Gobeil explore une nouvelle fois les thématiques abordées à travers l’introduction d’une chanson dans l’espace d’exposition. En la mémorisant par la répétition, l’artiste évoque un détournement, un jeu, une reconfiguration à travers l’emmêlement des textes et de leurs sens. La performance, exécutée en solitaire dans la Petite Galerie, est filmée puis projetée dans l’angle de la caméra de sécurité, insérant ainsi une dimension intrusive.

Avec répétitions, Alegría Gobeil invite le public à découvrir les mécanismes de mémorisation comme acte d’encorporation (embodiement), mettant en scène de manière polyphonique l’expérience de la violence et la négociation de celle-ci.

À PROPOS DE L’ARTISTE

Alegría Gobeil travaille avec des pratiques considérées comme auto/destructives, improductives, invivables, insurvivables. Sa pratique indisciplinaire prend ses assises en performance, ayant notamment pris la forme d’objets altérés, de protocoles, d’écrits, de documents et d’actions spécifiques à l’espace dans lequel elles se déploient. Ces formes résultent souvent de procédés citationnels et de détournements narratifs. Son travail se déploie toujours à même les contraintes matérielles, corporelles et contextuelles de sa production.

Ses performances ont notamment été présentées par le Centre CLARK et la GNO (Montréal/Sudbury, 2023), Le Lieu (Québec, 2021-2023), Gruentaler9 (Berlin, 2022), Folie/Culture (Québec, 2020-2022), SKOL (Montréal, 2019), OFFTA (Montréal, 2019). Plus récemment, A élabore des expositions solo présentées par Le Lieu (Québec, 2023), Espace Maurice (Montréal, 2022) et travaille sur une exposition collective à venir présentée par Sara’s Worldwide/Dunkunksthalle (New York, 2024) en collaboration avec Espace Maurice (Montréal). Son projet de livre d’artiste inspiré des mouvements antipsychiatriques sera diffusé avec Verticale à l’automne 2024. répétitions est sa deuxième exposition solo en centre d’artiste.

A détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2022), soutenue par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH). Son travail de recherche a récemment été partagé lors des colloques Douleurs rebelles et Queeriser l’université (UQAM). Plus largement, A a été publié-e chez Moebius et Cigale et partage ses textes lors de lectures, notamment Calliope, Le Port de tête la nuit et le Festival de poésie de Montréal. A est résident-e 2023-2024 à LA SERRE – arts vivants, travaillant pour la première fois à mettre en scène l’un de ses textes. A vit à Montréal.