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Conversations avec ma famille de Rachel Echenberg
Rachel Echenberg est une artiste montréalaise travaillant en performance, en photographie et en vidéo depuis 1992. Elle détient un baccalauréat en arts visuels du NSCAD University d’Halifax et une maîtrise du Darlington College of Arts de Grande-Bretagne. Son travail a été présenté à travers le Canada de même qu’à l’international, notamment en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, au Chili, aux États-Unis, en France, en Finlande, au Liban et au Maroc. Ses œuvres vidéographiques sont distribuées chez Vidéographe, à Montréal et au Vtape à Toronto. De 2011 à 2020, elle a siégé sur le conseil d’administration de VIVA! Art Action. Elle est aujourd’hui professeure et directrice du département des arts visuels du Collège Dawson.
La Galerie B-312 a le plaisir de présenter Conversations avec ma famille de l’artiste Rachel Echenberg. Par une exploration photographique et vidéographique convoquant à la fois le performatif et le symbolique, ce projet nous permet d’appréhender les relations de proximité qu’entretiennent les membres d’une même famille. De quelle façon, par quelles voies et par quels gestes s’inscrivent les filiations et les rapports de promiscuité au sein d’une famille ? Quel est le poids, la teneur de ces liens ? Comment en prendre la mesure? Par quelles images, actions, manœuvres peut-on en rendre compte ?—Si ces réflexions étaient déjà au cœur du projet lorsqu’amorcé en 2018, il est cependant difficile de passer outre le contexte pandémique actuel dans notre lecture de Conversations avec ma famille. Une nouvelle conscience du besoin d’être physiquement près de ceux qui nous sont chers est apparue. Jamais auparavant n’avons-nous éprouvé la gestion des écarts avec l’autre de cette façon. Il semble dorénavant évident que le corps social ne sera plus jamais le même. Syncopé entre les théories du complot et la phobocratie, il est devenu difficile de ne pas concevoir la rencontre avec l’autre comme un possible danger nous exposant à notre disparition. Les relations de voisinage se teintent déjà de ces peurs, et le risque de l’isolement est une nouvelle réalité à prendre en compte. Jamais les écrans n’auront été autant porteurs des voix de ceux qui nous sont chers sans parvenir toutefois à remplacer leur présence. À cet effet, l’œuvre Conversation avec ma mère (et sa mère, et sa mère, et sa mère, et sa mère, et sa mère, et sa mère…), la seule réalisée durant le confinement, est fort parlante. Les séquences ont été tournées dans un même lieu, mais en deux temps. C’est la mise en espace des écrans qui rapproche la mère et la fille. C’est le montage qui vient synchroniser les actions, les cadençant, dans une répétion de gestes à poursuivre, de génération en génération. Les considérations spatiales, dans ce contexte, se trouvent enrichies d’une nouvelle polysémie.—Lors des performances, l’artiste et le spectateur éprouvent l’un comme l’autre leur présence, dans une relation précaire. Ici, Rachel Echenberg le vit et le fait vivre à sa famille en huis clos. Si le temps de la performance induit son lot de contingences et demande une présence à l’autre en temps réel, la vidéo permet de jouer avec ces paramètres. La poétique de l’accidentel cède sa place à celle de l’image travaillée, peaufinée où chaque détail est pensé et construit. Le performatif reste le moteur fort des œuvres de Rachel Echenberg où la mise à l’épreuve n’invoque pas seulement la vulnérabilité de l’artiste, mais traverse l’entièreté du corps familial. Le dispositif des projections, leur échelle, leur présence, avec leur ambiance sonore, permettent au spectateur, bien qu’il ne soit pas dans la situation, de réellement vivre une expérience sensorielle et physique en galerie, ce qui serait impossible via une simple diffusion à distance ou sur le web. Nous vous invitons à entrer à votre tour en conversation avec Rachel Echenberg, et ce jusqu’au 3 octobre 2020.
—ISABELLE GUIMOND
Rachel Echenberg exprime ses plus sincères remerciements à Sebastien Worsnip, Clara Worsnip, Zoe Worsnip et Michelle Green Echenberg pour toute une vie durant de conversations avec elle. Elle remercie également Catherine Bodmer, Monique Moumblow, l’équipe de la Galerie B-312, de même que Sami Zenderoudi, Tom Demers et Caroline Savaria pour l’assistance technique.