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Fossilation. Installation, 2021
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Pour une esthétique opérationnelle

Classe de maître avec Samuel Bianchini les 16 et 17 septembre à La Chambre Blanche

Mettre en œuvre et maintenir des dispositifs artistiques contextualisés conjuguant, par leur activité, des dimensions esthétiques, symboliques et techniques 

Nous souhaitons inviter les artistes de la relève de la ville de Québec et de Wendake à la classe de maître de Samuel Bianchini qui aura lieu le 16 septembre 2022 de 18h à 20h et 17 septembre 2022 de 10h à 18h. Pour l’occasion, Samuel Bianchini présentera le concept d’esthétique opérationnelle. Cette classe de maître offrira alors un temps privilégié pour étudier et mettre à l’épreuve la façon d’élaborer et de penser des dispositifs artistiques opérant dans et avec des contextes spécifiques.

Nos sociétés vivent depuis la fin des années cinquante une mutation fondamentale : la distinction entre représentation et opération s’estompe ou, plutôt, ces deux dimensions sont de plus en plus conjuguées. Si les artistes se sont beaucoup occupés de représentations, ils doivent aujourd’hui envisager celles-ci sous un nouveau mode. Comment poser des conditions conceptuelles autant que matérielles pour produire des œuvres, qui, loin de se contenter de se donner à voir, cherchent à opérer avec leur environnement présent, que celui-ci soit humain ou « autre que humain », sur place ou éloigné ? Dès lors, l’œuvre se réalise pleinement lorsqu’elle œuvre, conjuguant des processus esthétiques, symboliques et techniques nous incitant à contempler, à réfléchir autant qu’à agir et, peut-être même, à nous mobiliser. L’esthétique opérationnelle ainsi mise en œuvre nécessite d’être expérimentée autant que pensée. C’est ce à quoi s’emploie Samuel Bianchini avec ses recherches, ses productions artistiques et ses réflexions qui ont donné lieu à plusieurs livres ces dernières années. En prenant appui sur ses œuvres et ses ouvrages, il présentera cette approche d’une esthétique opérationnelle pour laquelle le passage de la notion d’installation à celui de dispositif est sans doute l’un des indicateurs les plus marquants et pour laquelle un travail de recherche instrumentale s’impose. Mais, si de telles œuvres se distinguent par leur activité permanente en prise avec leur contexte, elles nécessitent une maintenance. Souvent perçue comme un problème à surmonter, cette maintenance peut aussi être révélatrice de liens d’interdépendance dont il s’agit alors de prendre soin. Désormais, c’est aussi une esthétique coopérationnelle qu’il faut envisager, intégrant des facteurs écologiques, économiques et même politiques.

Inscription

La classe de maître sera organisée en quatre temps :

Le 16 septembre 2022 de 18h à 20h
1. Une soirée de présentation et d’échanges autour d’une question : comment envisager la maintenance des œuvres comme une composante (artistique, écologique, économique, politique, …) de celles-ci ? Cette question pourra être abordée à partir d’une situation problématique bien connue des habitants de Québec : la destruction, en 2015, de l’œuvre Dialogue avec l’histoire, de Jean-Pierre Raynaud, installée au cœur de la ville de Québec en 1987.

Le 17 septembre 2022 de 10h à 18h
2. L’artiste et chercheur présentera une série de ses travaux artistiques de différentes natures mais qui incarnent tous, à leur manière, cette recherche d’une esthétique opérationnelle. Afin de qualifier l’importance de l’activité des spectateurs avec de telles œuvres, une réflexion en images et par l’image, sur la pratique même du public, sera présentée via l’ouvrage Audience Works[1].
3. À partir de ces cas, une perspective plus large, théorique et historique, sera exposée avec l’ouvrage Practicable[2] concernant les œuvres impliquant une relation active avec leur public, puis avec l’aide de quelques réflexions sur les « objets à comportements » (Behavioral Objects[3]) pour celles œuvrant à leur autonomie. L’approche de recherche et création sur de tels dispositifs sera exemplifiée via le livre À Distances[4] et contextualisée avec un plus ancien : Recherche et Création[5] ainsi que deux autres textes publiés plus récemment[6].
4. Pour finir, il s’agira d’entrer dans les modes mêmes de conception de tels dispositifs opératoires : comment concevoir collectivement un projet artistique de cette nature ? À partir d’une situation locale réelle (qui pourrait revenir sur la destruction de l’œuvre de Jean-Pierre Raynaud), un travail de conception sera effectué pour un projet autant fictif que spéculatif, avec l’ensemble des participants et sur la base du problème débattu la veille : l’introduction de la maintenance[7] comme composante artistique de l’œuvre et facteur de coopération multidimensionnelle.

Biographie
Samuel Bianchini est artiste et enseignant-chercheur. Il vit et travaille à Paris. Ses œuvres sont régulièrement exposées en Europe et à travers le monde : Red Brick Museum (Pékin), MOMus – Musée d’art contemporain de Thessalonique, Jeu de Paume (Paris), Zürcher Gallery (New York), Wood Street Galleries (Pittsburgh), Institut français de Tokyo, Stuk Art Center (Leuven), Centre Georges Pompidou (Paris), Deutsches Hygiene-Museum (Dresde), Musée national d’art contemporain d’Athènes, Laboratoria (Moscou), Rencontres Chorégraphiques de Carthage, Centre pour l’image contemporaine de Genève, Biennale de Rennes, La Ménagerie de verre (Paris), space_imA et Duck-Won Gallery à Séoul, Nuit Blanche à Paris, Musée d’art contemporain Ateneo de Yucatán à Mexico, Cité des sciences et de l’industrie à Paris, Zentrum für Kunst und Medientechnologie (ZKM) à Karlsruhe, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, La Villa Arson (Nice), etc.

Soutenant le principe d’une « esthétique opérationnelle », Samuel Bianchini interroge les rapports entre notre contexte environnemental et technologique, nos modes de représentation, nos nouvelles formes d’expériences esthétiques et nos organisations socio-politiques. Pour cela, il collabore avec des scientifiques de toutes disciplines et des laboratoires de recherche en ingénierie. En relation étroite avec sa pratique artistique, Samuel Bianchini a entrepris un travail théorique qui donne lieu à de fréquentes publications : Éditions du Centre Pompidou, Éditions Jean-Michel Place, MIT Press, Analogues, Burozoïque, Hermes, Les presses du réel, Springer, Sternberg, etc.

Après avoir soutenu sa thèse de doctorat au Palais de Tokyo avec une exposition personnelle et plus récemment son habilitation à diriger des recherches, il est aujourd’hui enseignant-chercheur à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD), PSL Research University Paris où il dirige le groupe de recherche Reflective Interaction d’EnsadLab (laboratoire de l’EnsAD) sur les dispositifs interactifs et performatifs et où il est également co-responsable de la Chaire arts et sciences mise en place en 2017 avec l’École polytechnique et la Fondation Daniel et Nina Carasso.