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© Marie-Eve Beaulieu
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Marie-Eve Beaulieu et Martin Désilet

Vernissage le vendredi 9 septembre à 17h à la Galerie B-312

Et si on recommençait ?
Marie-Eve Beaulieu

Dans sa nouvelle exposition,  revisite 15 ans de carrière en récupérant de vieux tableaux et des tests, dont elle découpe la toile en petits carrés qu’elle tisse par la suite. Le questionnement de départ de Et si on recommençait ? est éthique et interroge les gestes de l’artiste qui amasse des matériaux et produit des œuvres qui s’accumulent au fil des ans. Désirant récupérer le plus possible, jusqu’au médium et au vernis, la structure jaillit de la matière elle-même : le carré est une figure stable qui aide à la composition et rappelle la grille; le tissage permet de tirer sur les fils pour donner une forme. Ainsi, la pièce principale, qui s’insère à même l’architecture de la salle d’exposition et tire parti de la lumière naturelle, est le produit de la juxtaposition de quelques dizaines de milliers de petits carrés et constitue une œuvre à la fois artisanale et monumentale. Rappelant le travail de la courte-pointe, esthétiquement et conceptuellement, le geste manuel est mis en valeur et est privilégié à la machine. Il en ressort un labeur et une rigueur qui frôlent l’entêtement et qui donnent un effet de vertige ou de stupeur par l’accumulation des fragments. Bien que l’aspect installatif innove et paraisse différent dans sa démarche, plusieurs intérêts de la peintre demeurent bien visibles, comme l’importance donnée à l’abstraction, la matérialité, le geste, la répétition et l’illisibilité. D’une manière similaire au fait de recouvrir ses tableaux avant de les gratter pour laisser voir, en partie, ce qui est caché, Marie-Eve Beaulieu montre une quarantaine d’œuvres avec ce projet, mais le spectateur n’y accède que partiellement à cause de la méthode radicale et de la structure choisies. Partant d’une réflexion sur l’environnement et en utilisant le passé pour se projeter vers l’avenir, l’artiste interroge le processus et la matière, mais surtout porte un regard personnel sur les possibilités de se reconstruire ainsi que sur le temps et son investissement. À expérimenter dans la grande salle de la Galerie B-312 jusqu’au 22 octobre 2022.
—JOANNIE BOULAIS

L’index
Martin Désilet

Dans la petite salle de la Galerie B-312, Martin Désilets présente un premier grand déploiement de L’index, constitué d’une sélection de près de 200 extraits parmi plusieurs centaines réalisés depuis 2016. Le défi de ce projet photographique, ou sa quête, est la réalisation d’un index de toutes les couleurs du visible, qui sont isolées au moment de la prise de vue. Procédant par essais et erreurs, l’artiste emploie différents procédés : long temps d’exposition, mise hors foyer, utilisation d’un boîtier sans lentille, etc. L’aspect expérimental du projet est d’autant plus perceptible à l’étape suivante, lorsque l’imprimante est arrêtée en cours d’impression par l’artiste. Il en résulte un dégradé menant à une fine marge de papier vierge. Ce fondu de couleurs est fondamental. Des données numériques demeurent inexploitées alors que le processus et l’accumulation des couleurs utilisées pour l’impression du monochrome sont révélés. Tous du même petit format, les fragments sont installés serrés les uns à côté des autres. Leur déploiement s’adapte à la grandeur de la salle d’exposition et crée un rythme, d’un à l’autre, grâce au passage du dégradé à une couleur franche. Non sans rappeler le balayage de l’imprimante, la ligne formée, évoquant aussi celle du temps ou de l’horizon, nous ramène à la genèse de L’index. En effet, la mise en espace qui incite le déplacement du spectateur n’est pas étrangère au fait que l’idée du projet est née au Parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve lors de promenades dans le paysage, pendant lesquelles de multiples expériences esthétiques émergeaient pour le photographe. Jusqu’à tout récemment, ce corpus était perçu par Martin Désilets comme un des trois projets de longue durée s’échelonnant sur plusieurs années, avec Matière noire et Lieux-monuments, et qui, théoriquement, ne connaitrait pas de fin. La technologie semble cependant en avoir décidé autrement, puisque la vieille imprimante qui tolérait ces interruptions répétées ne fonctionne plus. D’ici le 22 octobre 2022, la Galerie B-312 vous invite à venir contempler chacune des couleurs choisies et la polychromie de l’ensemble.
—JOANNIE BOULAIS