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L’œil attentif de Marie Fraser
L’œil attentif reconstitue un fragment de l’exposition The Responsive Eye présentée en 1965 au Museum of Modern Art (MoMA) de New York. Elle réunit des œuvres de Johanna Barron, Tammi Campbell, Ellsworth Kelly, Guido Molinari, Barnett Newman et Claude Tousignant, des vues d’exposition du photographe George Cserna ainsi qu’une soixantaine de documents témoignant des coulisses de The Responsive Eye et de la circulation sans précédent des œuvres d’art durant une des périodes les plus critiques de la guerre froide.
The Responsive Eye [1965] MoMA
Considérée comme l’exposition de référence de l’« op art » ou art optique, The Responsive Eye regroupait 99 artistes et 123 œuvres en provenance d’une quinzaine de pays d’Europe, d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Israël ainsi que du Canada et des États-Unis. Pour l’annoncer, le MoMA diffuse une série de communiqués de presse dans plusieurs pays. Celui destiné aux médias canadiens présente les trois artistes originaires du Canada, qui sont devenu.e.s aujourd’hui des figures historiques : Agnes Martin (née à Macklin, en Saskatchewan), Guido Molinari et Claude Tousignant (tous deux nés à Montréal). Réunir à nouveau les œuvres de ces artistes, mais à Montréal cette fois, pourrait-il recréer l’ambiance spéciale qui devait régner dans l’exposition en 1965 ? En expérimentant des procédés visuels, la grille, les bandes verticales et la cible, leurs peintures donnent une idée de la « réponse de l’œil » qui caractérise l’op art : un art où la couleur, le rythme et l’impression de mouvement et de vibration génèrent des sensations optiques.
Muséologie d’enquête
Les expositions muséales de l’ampleur internationale de The Responsive Eye sont peu communes à l’époque. L’œil attentif interroge cette nouvelle mobilité de l’art pour la mettre en parallèle avec la circulation des expositions au plus fort de la guerre froide et le rôle qu’entendait se donner le MoMA sur la scène internationale sur le plan tant artistique que géopolitique. L’enquête que présente l’exposition donne un aperçu de l’ambiance artistique des années 1950 et 1960, marquée par de nombreux échanges entre Montréal et New York. Elle conduit aussi à des pistes insoupçonnées, jusque dans les bureaux de la CIA – la Central Intelligence Agency – à Langley, en Virginie.
L’œil attentif s’inscrit dans le cadre du projet de recherche Muséologie d’enquête financé par le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada. L’exposition bénéficie également du soutien de la Chaire de recherche en études et pratiques curatoriales de l’UQAM et de l’équipe Art et musée, financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et associée au groupe de recherche et de réflexion CIÉCO.
Une exposition de Marie Fraser mise en espace par Louis-Charles Lasnier