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Fragments de Paul Cox
Faire le plus avec le moins. Paul Cox utilise un petit nombre d’écrans sérigraphiques portant des trames orthogonales qu’il superpose en variant mises en couleur, espacements des trames, masquages, etc. Il amorce ainsi une combinatoire fertile et potentiellement infinie. Il en résulte des « images » qui ne permettent pas toujours très bien de distinguer ce qui est au premier et à l’arrière-plan, un jeu figure-fond, un tissage visuel. La première couche suscite la seconde, et ainsi de suite, un peu comme un jeu d’échecs, jusqu’à ce que les superpositions et leurs éventuelles disjonctions fassent apparaître des formes.
L’utilisation des trames suit la logique de l’impression par couches successives, comme dans ses livres, ses affiches, ses estampes ou ses scénographies. Les écarts variables entre les lignes qui composent les trames créent ici ou là des effets de dégradés, de transparence et de modelés, des mélanges optiques. Cette vibration est un rythme, une musicalité chromatique bien connue dans l’histoire des avant-gardes historiques.
Enfin, cette forme de peinture où les aplats sont des exceptions évoque une réalité physique précise, la structure dite « lacunaire » de l’atome. L’espace entre le noyau et les électrons est vide et vaste à l’échelle de l’atome (le diamètre de l’atome étant 100 000 fois plus grand que son noyau). Aucune matière n’est continue, mais ajourée, et le monde est donc davantage superposition de trames que d’aplats.
Après des études en histoire de l’art et en littérature anglaise, Paul Cox a développé une pratique picturale qui joue parfois avec différentes techniques d’impression, de la lithographie au numérique. Ses productions de livres d’artistes et son activité graphique dialoguent avec des installations de techniques et de formats très divers. Son travail a notamment été présenté au Centre Pompidou de Paris, au Château d’Oiron et au Itabashi Art Museum de Tokyo.