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ÉLÉGANTE CHAIR de Soraïda Caron
ÉLÉGANTE CHAIR explore trois tableaux chorégraphiques inspirés par quatre sculptures de l’artiste de verre rimouskoise Ito Laïla Lefrançois : Can’t stop thinking about love and my body, Caller le caribou, Cheptel & Linceuls et Racines défoliantes. Ces œuvres mi-humaines, mi-paysages interpellent l’artiste par leur cohérence avec son univers. Elles chérissent une obsession pour le corps qui ouvre les chemins de notre vulnérabilité : Soraïda Caron dans la mobilité et Ito Laïla Lefrançois dans l’immobilité. Dans ÉLÉGANTE CHAIR, Caron tente, par différents procédés chorégraphiques, d’unifier les corps aux sculptures afin d’offrir de nouvelles avenues interprétatives. Et si les œuvres immobiles d’Ito Laïla Lefrançois semblaient mobiles ? Et si la danse devenait sculpture ?
Les corps semblent immobiles, ancrés dans la terre telle des monuments abstraits. ÉLÉGANTE CHAIR puise sa gestuelle à même les formes sculpturales. Dans cette pièce, la chair et le verre se rencontrent et s’unissent à la découverte de ce langage hybride. Leurs physicalités résonnent l’une dans l’autre comme des entités jumelles. Le corps devient ce territoire improbable mi-humain, mi-paysage où il développe cette autre mouvance, devenant élégante chair.
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Danseuse fougueuse, Soraïda Caron danse parce que cela lui procure immédiatement un sentiment de liberté. Cependant, elle aime restreindre cette fougue par la contrainte : comme si la liberté avait un prix.
Comme chorégraphe, elle puise son imaginaire de ses rêves. Le lendemain, certaines images sont si claires dans sa tête, qu’il est facile pour elle de les recréer. Elle attend toujours un peu. Si elle voit que cette image perdure dans sa mémoire, elle la construit. Elle essaie le plus possible de respecter l’image de son rêve : les couleurs, la morphologie du corps du personnage, par exemple. Elle choisit donc l’interprète en fonction de cette image afin d’avoir la version la plus juste de celle rêvée.
Physiquement, Soraïda Caron cherche à déconstruire l’image par la contrainte et ces effets sur le corps. Grâce à elle, elle découvre chez le danseur, la danseuse une gestuelle intuitive, dépourvue de code et qui semble provenir d’une certaine origine.
Socialement, elle questionne le surréalisme de sa propre contemporanéité, aux réactions humaines face aux secousses de la vie et à la part de vérité dans le geste. Elle est intéressée par la dualité entre le « paraitre » et « l’être » et comment on peut chevaucher physiquement et visuellement de l’un à l’autre.
Dans sa pratique, elle cherche à re-naturer le corps humain soit par l’entremise de costume, d’accessoire, de vidéo, de sculpture ou par le mouvement en lui-même. Ces procédés donnent naissance à des formes souvent dépourvues de caractère humain. Elle aime parler ici de corps territoires. Car elle retrouve dans ces explorations des paysages nouveaux ou encore des êtres hybrides.