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des Dieux, et des Monstres de Mara Eagle

Exposition du 11 avril au 15 septembre au MAC à Place Ville Marie

des Dieux, et des Monstres est un collage 3D conçu par l’artiste montréalaise Mara Eagle. Cette vaste fresque représente un paysage marin mettant en scène une galerie de semi-divinités humanoïdes et de monstres flottant paisiblement dans une atmosphère océanique. Eagle puise son inspiration dans les peintures de la Renaissance et du romantisme, la mythologie grecque, la culture populaire et son propre répertoire de personnages issus d’œuvres antérieures. Elle utilise le langage du jeu vidéo et de l’animation pour créer une fantaisie animée explorant le potentiel libérateur du cyberespace, ainsi que son intérêt pour l’histoire de l’art, la science et la technologie. Avec ses ciels aux teintes pastel rappelant les peintures de J. M. W. Turner, ses putti ailés, ses dauphins jubilants, ses excès baroques et ses protagonistes dramatiques, cette scène déborde d’exubérance.

Au-delà de son caractère festif, la fresque fait référence au célèbre Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, suggérant un récit allégorique post-naufrage qui résonne avec nos anxiétés environnementales contemporaines. Il est intéressant de noter que Géricault a peint son tableau monumental en 1818, après le refroidissement global de plus d’un an causé par l’éruption du mont Tambora en Indonésie, en 1815, la plus puissante l’éruption jamais enregistrée, qui a eu des répercussions dans le monde entier. La menace existentielle dans la représentation d’Eagle se ressent dans les ruines et les palmiers émergeant à l’horizon, ainsi que dans les memento mori disséminés à travers le tableau, comme le sablier, les papillons, les bulles, l’escargot et la figure shakespearienne d’Ophélie.

En outre, l’œuvre d’Eagle répond à l’environnement commercial actuel du musée dans la ville souterraine de Montréal, avec ses jeunes entreprises technologiques, ses vitrines attrayantes et son architecture imposante. L’artiste exagère les stratégies de marketing telles que la psychologie des couleurs et le langage corporel dramatique dans sa composition pour attirer l’attention et dérouter l’expérience visuelle des passants, offrant ainsi une alternative au consumérisme facile. La fresque intègre également des symboles bibliques qui reflètent l’influence de l’Église dans l’histoire de Montréal, notamment évoqué par la présence de l’imposante cathédrale Marie-Reine-du-Monde à proximité du MAC. La piété religieuse qui a imprégné la vie jusqu’à la modernité se fait toujours sentir dans le paysage urbain du centre-ville de Montréal.

La fantaisie numérique d’Eagle met en évidence les excès du capitalisme tardif, tout en proposant une réalité alternative captivante dans laquelle se perdre.