Chargement Évènements
© Mathieu Grenier
  • Cet évènement est passé.

Bleu somnolence : 33 % de Mathieu Grenier

Vernissage le jeudi 19 janvier à 17h à la Galerie B-312

La Galerie B-312 a le plaisir d’ouvrir sa saison avec Bleu somnolence : 33 %, la nouvelle exposition de Mathieu Grenier. L’artiste présente deux corpus d’œuvres s’inscrivant dans la suite des explorations entreprises pour son exposition Screen Fade1. Il poursuit son travail de revalorisation de déchets électroniques en récupérant, démontant et exposant les composantes de téléviseurs LCD arrivés à leur fin de vie utile.—La série Crystal Gazers se compose de collages numériques imprimés directement sur les écrans LCD. Par un auto-référencement à la culture numérique et à la fabrication de ses images, elle informe sur ses transformations et ses pertes. Captures d’écran, fenêtres de travail de traitement de l’image, glitchs colorés, site d’enfouissement, guichet automatique, les photos révèlent à la fois notre surconsommation des images et de leurs dispositifs technologiques, qui sont toujours à renouveler. Elles témoignent également d’une certaine déshumanisation dans notre rapport aux écrans.—La série The Monitors résulte d’une technique chère à l’artiste, le cyanotype. Un des grands avantages de ce procédé photographique rudimentaire est que la surface de l’image n’est limitée que par celle du support préparé. Elle permet d’effectuer des photogrammes de grand format où la représentation de l’objet s’effectue par contact, dans leur taille réelle, tout en attestant de leur processus de fabrication. Les cyanotypes renvoient aux objets qui les ont produits alors que le référent est absent, qu’il a disparu. Le photogramme pose la question de l’image puisqu’il ne se substitue pas à la chose, il ne représente plus sa réalité première. Ici, les téléviseurs sont dissociés du monde dans lequel ils évoluent. Ils ne donnent plus accès à aucune autre information visuelle que la brutalité de leurs composantes désassemblées, étalées et exposées.—The Monitors, bien que toujours constituée de tirages en cyanotype, se démarque cette fois-ci par l’absence de la couleur bleu de Prusse. Une des particularités de cette méthode est que le pigment, qui n’est pas présent lors du couchage de la solution photosensible, se synthétise au moment de l’insolation. Le bleu est donc à la fois substance et couleur; il définit sa matérialité. Pour arriver à changer cet aspect intrinsèque au procédé, Mathieu Grenier a dû soumettre ses épreuves uniques à des transformations chimiques sans retour en arrière possible. Réalisés sur tissu, les cyanotypes ont été baignés dans diverses solutions pour les décolorer, les teinter puis les stabiliser afin d’obtenir cette bichromie en noir et blanc.—Avec Bleu somnolence : 33 %, Mathieu Grenier pose un regard critique sur notre rapport aux technologies, à leur obsolescence, et joue avec une certaine temporalité anachronique des images. À voir, jusqu’au 4 mars, dans les deux salles de la Galerie B-312.

—ISABELLE GUIMOND

Artiste pluridisciplinaire, Mathieu Grenier a complété un baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal et une maîtrise en arts visuels à l’Université du Texas à Austin pendant laquelle il a participé à un programme d’échanges avec le Royal College of Art à Londres. Menant des recherches sur des formes hybrides de l’installation et de la photographie, il met en exergue la notion d’architecture introduite dans ses images ainsi que celle propre à l’espace d’exposition. En 2014, il a reçu le Prix Charles Pachter pour les artistes canadiens de la relève de la Fondation Hnatyshyn. Représenté par la galerie Blouin | Division, son travail a fait l’objet d’expositions individuelles et collectives au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.