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mage : Alexia Laferté Coutu, Pattee and Paterno Library (PennState University, Pennsylvania, USA) : lueur de lampadaire. Verre coulé, sable | Cast glass, sand. 2018
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Alexia Laferté-Coutu et Michel Boulanger

Exposition du 14 janvier au 19 février à Occurrence

Alexia Laferté-Coutu
Les objets de verre et de plâtre qu’Alexia réalise pour l’exposition Sanatoriums portent les marques de palpations répétées, d’empreintes et de reliefs granulaires. Parmi les fragments assemblés, on peut identifier des formes et leur envers. Il y a des bribes architecturales répétées, des ornements, transfigurés dans une coque de plâtre opaque et salie par endroits. On distingue la forme des doigts qui étendent et repoussent une motte d’argile encore malléable à la surface d’un mur pour en prélever la texture. On imagine un travail d’atelier où les mêmes mains pansent cette argile de filasse imbibée de plâtre mouillé. Une fois sec, le plâtre permettra de donner forme au sable où viendra couler du verre brûlant et épais. Celui-ci se glissera dans les moindres sillons et crevasses du sable avant de se figer, incrusté de résidus minéraux qui ruineront un peu de sa transparence.

Incluant la répétition des gestes de collecte et l’accompagnement soigné des matières et des formes, ce processus fait éprouver un espace liminal, entre la ruine et quelque chose comme une « somatisation de l’improbable ». Pressés sous les doigts, l’argile minérale, le bâti patrimonial et sa mémoire se refaçonnent au contact l’un de l’autre, et passent d’un état vers un autre. Les bribes réunies, il me semble, font vaciller cet héritage ruiné jusqu’à la molécule, et avec lui les rêves et les aspirations débités d’une architecture muette. Nos gestes en font et en savent plus que nous.
Extrait du texte de François Lemieux

 

alexialafertecoutu.com

Michel Boulanger
Au petit jour, l’opérateur d’un tracteur de ferme industrielle a pour mission de fertiliser une série de champs de maïs avec des engrais liquides. Loin des représentations bucoliques de la campagne, nous nous trouvons au cœur d’un univers tout en grisaille, sous une blafarde lumière lunaire.  Nous suivons l’homme dans sa routine et le trajet programmé par GPS de son tracteur.

Avec sa plus récente vidéo d’animation intitulée Dans ces rangs de lignes pressées, Michel Boulanger met en scène le tourment d’un ouvrier agricole l’entrainant à effectuer une série d’actions performées dans ses champs de maïs en culture. Alternant entre soliloque et dialogue avec sa superviseure, le discours de notre personnage traduit un malaise où s’installe progressivement une forme de délire qui le conduit à saboter son plan d’arrosage et à abandonner son tracteur pour mieux entrer dans une relation sensuelle avec la terre et la végétation, tandis que sa machine poursuit inexorablement le trajet pour lequel elle a été programmée. L’opérateur de tracteur questionne la rupture du lien entre lui et son environnement, le rapport désincarné au temps et à l’espace imposé par la logique productiviste.

Par défi de rompre avec l’inéluctable, notre fermier effectue d’abord une sorte de ballet sur sa puissante machine avant de courir dans les champs, s’arrêter, ou se rouler par terre pour mieux s’intéresser aux détails du lieu, évoquant au passage la ligne sinueuse d’une couleuvre sur un sol marqué par la rectitude des lignes. Sur un ton poétique, sa voix est une ode à la réappropriation du temps et de l’espace, un retour à une forme d’existence où le déplacement du corps est en lui-même un moment fort.

michelboulanger.uqam.ca