En résidence au Centre Sagamie : Marie-Suzanne Désilets

À travers mes projets, je cherche à confondre l’imaginaire et le réel, les phantasmes et le quotidien. Depuis plus d’un an, je travaille sur un projet qui aborde les manques affectifs et les succédanées. Celui-ci est né d’une rupture amoureuse et pour combler le vide, je me suis acheté un lapin et un godemiché. Je les ai prénommés Charbon et Turbo et le projet raconte mes aventures avec eux. C’est le prétexte à l’invention d’un récit, une mise en intrigue qui se glisse entre le phantasme et la réalité. Tout au long de ce projet, j’expérimente des rencontres, je tiens un journal et j’accumule quotidiennement des photographies, objets et dessins. Je manipule le cours des jours et la mémoire de celui-ci. J’ai plusieurs fois expérimenté la retransmission d’une intervention a posteriori, c’est-à-dire que j’ai revisité certaines performances, actions ou événements qui se sont déroulés dans un premier temps pour les présenter dans un autre contexte tel un livre, une installation ou un montage sonore. Ici, je travaille les documents écrits et visuels au moment même où l’histoire se développe. En sélectionnant et même transformant les documents sonores, visuels ou écrits qui témoignent d’un projet, je souligne la subjectivité de l’acte de documenter et de sa relecture. J’explore aussi le pouvoir que nous avons de réinterpréter nos expériences et cette capacité à donner du sens, à construire et reconstruire chacun des moments de notre vie.

Intéressée par les relations humaines et par les multiples codes qu’elles comportent, Marie-Suzanne Désilets construit des situations qui bousculent le déroulement de tous les jours. Depuis 1996, elle a réalisé et présenté de nombreux projets au Québec, au Canada et à l’étranger. Parmi ses réalisations, mentionnons les interventions urbaines Affranchir suffisamment (Manif d’art 3, Québec, 2005) et Transformation extrême (3e Impérial, Granby, 2004), une résidence à l’atelier Lebras (Nantes, 2003) et une performance à la galerie New Langton Arts (San Fransisco, 2002) dans le cadre d’un projet d’échange avec la galerie La Centrale (Montréal). Elle prépare actuellement un projet de journal fictif qui sera présenté à la galerie B-312 en octobre 2007. L’artiste a complété un baccalauréat en histoire de l’art ainsi qu’en design de l’environnement et détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Elle enseigne à l’École de design industriel de l’Université de Montréal et est impliquée activement au centre d’artistes DARE-DARE à Montréal depuis 1999.

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